JOUR 7 : RÉPUTATION
Jour 7 : Réputation
Depuis toujours, la ville “Joie” avait la réputation d’être une ville où la tristesse n’existait pas. Afin de conserver absolument cette reconnaissance internationale, le maire interdit en 2085 l’expression de la tristesse et de la colère. Les personnes ne se soumettant pas à cette nouvelle loi était condamné à la chirurgie esthétique qui figeait leur visage dans un sourire pour l’éternité.
Très vite, le gouvernement vit dans ce moyen une opportunité de garder la population sous contrôle et cette mesure solitaire fut imposée au pays tout entier, puis au monde. Pour garantir la sécurité de hommes et puisque la chirurgie coûtait trop cher à l’Etat, les rebus de l’humanité étaient maintenant purement et simplement supprimés par des robots patrouilleurs. Tous les hommes, femmes et enfants durent bientôt porter un patch sur le torse, qui affichait leur humeur au monde entier. Si le visage affiché devenait triste, la famille, les voisins avaient obligation de le signaler au robot patrouilleur le plus proche pour qu’il soit éliminé. Si la dénonciation était faite trop tardivement, toute la famille, des plus vieux aux plus jeunes étaient éliminées.
Dans ce monde de faux semblants et de monstres inexpressifs, un petit groupe d’adolescents, surnommés terroristes dans le monde entier, ont choisi de briser leur patch et de forcer, par tous les moyens, de faire reconnaître la beauté de la tristesse au monde. Ils récupèrent les vieux tableaux de la Renaissance, lurent des contes pour enfant à la sortie des écoles, diffusèrent Titanic illégalement dans les cinémas. Il paraissaient toujours avoir un coup d’avance sur le Gouvernement, et, pire encore, le nombre de rebelles augmentait quotidiennement, à tel point que tous les adolescents se liguèrent bientôt contre l’Oppression.
Il y eut des pertes. Il y eut des massacres. Mais lorsqu’un jour, une météorite apparut dans le ciel, ne laissant plus aux hommes que quelques jours à vivre, la situation évolua en leur faveur. L’humanité regagna son blason, unie dans la détresse et la peur de la mort. Les scientifiques réussirent pourtant à détruire l’objet avant sa chute, sauvant in extremis la petite planète.
Depuis ce jour, il n’est plus question de joie, mais d’union. Si l’Humanité tient à survivre, elle doit s’entraider.
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