JOUR 12 : ROTULE
Jour 12 : Rotule
L’expression “être sur les rotules” n’avait jamais eu autant de sens pour Fabrice. Allongé dans un ravin, les deux jambes dans une position perpendiculairement opposée, il regardait le ciel, épuisé. Cela faisait maintenant dix jours qu’il se trouvait ici. Il regrettait maintenant sérieusement de ne pas être parti visiter le Grand Canyon avec son petit ami, malgré sa lourde insistance. S’inquiétait-il maintenant ? Il devrait être rentré depuis deux jours. A la place, il se tenait toujours immobile, paralysé.
Sa colonne vertébrale, probablement brisée sous l’impact, lui permettait de ne pas souffrir et d’oublier que les os de son genoux apparaissaient clairement devant lui, sans qu’il ne puisse les bouger. Il ne se faisait plus d’illusions. La mort était proche, il pouvait le voir aux dizaines de vautours installés quelques mètres plus haut, attendant patiemment son dernier souffle. Il en venait presque à espérer se faire dévorer le foie pour mourir plus vite, comme Prométhée, mais sans retour possible.
Un oiseau se posa à côté de lui. Fabrice le dévisagea avec appréhension. L’animal mordit dans sa jambe et arracha un morceau de chair. Il ne sentit rien. Les vautours durent considérer qu’il était mort. Les oiseaux plongèrent sur lui et commencèrent à le dévorer.
Il eut beau crier et supplier, personne ne vint.
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