Jour 21 : Ecologiste

“Même pas cap d’y passer la nuit”, qu’il disait. “Tu vas chialer comme une madeleine”, qu’il disait. Thomas progressait dans une forêt sinistre aux abords des frontières du Pays de Galles. La nuit était tombée depuis quelques heures à présent, et l’ombre des arbres commençait à devenir plus effrayantes, plus crochues, comme des mains de sorcières prêtes à le saisir au moindre faux pas.

Son sac à dos plus grand que lui sur son dos, l’enfant continuait malgré tout d’avancer. Il avait huit ans maintenant. Il était grand. C’est ce que Maman disait. Alors il prouverait à son grand frère qu’il n’était pas si stupide et qu’il pouvait parfaitement survivre seul dans les terres sauvages.

Une heure s’écoula avant qu’il ne décide de s’arrêter pour dormir. Il venait alors de trouver un gros rocher assez gros et creux pour qu’il puisse s’y glisser. En quelques minutes, il s’y endormit, attendant patiemment que l’aube se lève.

Au petit matin, il dévora une barre chocolatée, et, ne trouvant pas de poubelle, il fit tomber le papier à terre. Immédiatement, tous les arbres aux alentours craquèrent pour se retourner vers lui. Le gamin, effrayé, jeta un coup d’oeil aux troncs tordus. Deux yeux venaient d’apparaître sur chacun d’entre eux et un grognement menaçant s’échappait de leur branche.

Paniqué, il voulut partir en courant, mais des racines lui attrapèrent les jambes, puis montèrent le long de son corps. Une fois qu’elles atteignirent sa tête, elles serrèrent. Tellement, tellement fort qu’en quelques secondes, le corps frêle du garçon avait été broyé par les branches.

Délicatement, une branche ramassa le papier. Une petite lumière l’éclaira brièvement avant qu’il ne se transforme en feuille. L’écologie venait encore de gagner.