4 - Accomplissement

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Nda : les dialogues sont en Allemand. Nathalie, originaire de Strasbourg ne parle pas anglais mais l’allemand couramment.

J’étais en vacances depuis pratiquement une semaine et demie en Allemagne, dans une petite bourgade de la région de Stuttgart. Je faisais mon jogging quotidien de bon matin, autour d’un très joli lac. La joggeuse qui était devant moi avançait à bon train, je m’étais promise de la rattraper, mais impossible. Je tentais de déduire les cent mètres qui nous séparaient, mais je devais mettre les bouchées doubles.

Elle s’arrêta de courir pour s’étirer quand elle arriva enfin au bout de sa course. J’avais réduit la distance qui nous séparait, mais je n’avais pu la rattraper. J’arrivai toute essoufflée, jusqu’à elle.

— Bonjour ! me fit-elle ! Soufflez un peu, vous êtes arrivée.

— Merci… lui répondis-je, vous avez un bon rythme !

Je me postai à côté d’elle afin de m’étirer moi aussi.

— Votre accent est français, non ?

J’acquiesçai de la tête. Reprenant mon souffle.

— Vous me suiviez ? Il fallait m’appeler, je vous aurais attendue, j’aime bien avoir un peu de compagnie, continua-t-elle, on serait allé à votre rythme.

J’acquiesçai encore, incapable de répondre tellement j’avais forcé l’allure. Il faut dire qu’elle était belle !

— Vous êtes en vacances ?

— Oui, finis-je par dire, depuis une semaine et demie.

— Et vous êtes venue vous enterrer ici ! Étonnant, il n’y a pas souvent de touristes.

— J’étais à la recherche de tranquilité.

Finissant nos étirements nous sortîmes chacune notre bouteille d’eau.

— Venez chez moi, j’habite juste à côté, on prendra un jus d’orange, cela fera quelques vitamines !

Quelques minutes plus tard, nous arrivâmes à la porte d’une petite villa qu’elle ouvrit et l’on se dirigea vers la cuisine où elle prit des oranges pour les mettre à presser dans la machine.

Elle nous servit et nous nous assîmes sur les chaises de la cuisine.

— On peut se tutoyer si tu veux. Moi c’est Brenda.

— Nathalie, enchantée, c’est un prénom aux consonnances anglo-saxonnes, non ?

— Je suis Germano-Américaine. Alors comme ça tu visites le coin ? T’as besoin d’un guide ? Parce que moi, je suis assez seule ici. Les gens du village ne m’adressent que rarement la parole. Quand on n’est pas d’ici, ce n’est pas facile.

— Oui j’ai cru remarquer ! Tu serais d’accord pour me montrer ce qu’il y a à voir dans le coin ? C’est super gentil !

J’avais fait un choix judicieux en la suivant. En plus d’être jolie, elle était gentille. Ce matin-là on parla un peu de tout et de rien. De nos vies. Elle était dans les métiers du spectacle et sa forme physique comptait beaucoup dans sa profession. Elle habitait ici lorsqu’elle n’avait pas de contrats, cet endroit lui permettait d’être tranquille. Parfois trop.

Dans les jours qui suivirent elle me montra ce qu’il y avait à voir autour du village. Nous randonnions surtout, c’était sympa. Vraiment. Le dernier jour, je l’invitai au restaurant, et nous nous promîmes de nous contacter lorsque que je serais rentrée à Strasbourg.

Dans les deux mois qui suivirent, nous nous appelâmes presque quotidiennement. Elle me confiait le vide qui régnait dans sa vie, je lui confiai le désordre de la mienne, toujours à draguer des filles de passage. Elle me confia qu’elle aussi était homosexuelle, et qu’elle m’aimait bien. Elle aimerait que l’on se revoie, peut-être pour construire quelque chose. Je lui plaisais.

Je programmai alors avec elle une nouvelle entrevue dans sa villa. Nous prîmes rendez-vous et je me rendis chez elle.

Le soir venu, elle me proposa :

— Tu dors avec moi cette nuit, j’ai envie que tu sois avec moi.

Je n’allais pas dire non. Une fois dans sa chambre, elle se déshabilla sans cérémonie, alors je l’imitai, je me couchai sur le dos, et elle passa au-dessus de moi.

Plongeant mon regard dans le sien, gris-bleu, je caressai son flanc gauche, juste là où se trouvait son tatouage en forme d’oiseau à six ailes, et je passai un doigt, vers celui jouxtant son pubis, comportant une petite rose.

— Je t’aime Shyla !


Arrêt sur image, rembobinage du film.

J’étais chez moi à Stransbourg, et j’étais sur internet. Pour la énième fois je tapai « Shyla Jennings » dans mon navigateur. Je tombai sur sa page wikipédia, son nom, sa nationalité, son lieu de naissance étaient indiqués : Brenda Reshell Kibler, Stuttgart, nationalité Allemande, Américaine. Elle avait trente trois ans.

J’eus alors l’idée de me rendre à Stuttgart pour chercher sa trace, et si la chance me souriait, de la rencontrer, et dans le cas improbable où j’y parviendrais, de la séduire.

Je fis tous les bars lesbiens de la grande ville jusqu’à tomber sur une tenancière qui reconnut la photo.

— Eh c’est la petite Brenda, Elle venait par ici il y a un peu plus d’une dizaine d’années. C’est une star maintenant.

— J’aimerais la trouver, c’est possible ?

— J’ai entendu dire qu’elle avait acheté une villa dans la région. Un petit bled…

Elle me donna le nom. Je ne croyais qu’à moitié à cette possibilité, mais une fois arrivée dans le village, Je me rendis au cadastre pour trouver où habitait la belle. Quand j’eus trouvé l’adresse je planquai devant, pour voir qui sortait, qui rentrait… J’avais la conviction que quelqu’un se trouvait dans la maison, car il y avait un véhicule.

Lorsque je la vis sortir, je n’y croyais qu’à moitié. C’était bien elle ! En vrai !

Elle se rendit à pied jusqu’à la boulangerie. Je regardai ce qu’elle achetait. Elle n’avait pris qu’une seule viennoiserie. Bon signe !

Je la suivis à nouveau au retour. Elle se rendit directement chez elle. Je relâchai ma vigilance pour l’heure de manger et pour la nuit. Je ne pouvais pas ne pas dormir. Mais je revins le lendemain matin. Très tôt, elle partit pour son jogging. Enfilant rapidement mes vêtements de sport qui se trouvaient dans le coffre de ma voiture, je partis courir à sa suite.

Vous connaissez le reste de l’histoire.


Elle était donc au-dessus de moi, prête à faire l’amour avec moi, quand je gaffai

— Je t’aime Shyla !

— Quoi ? Tu savais qui j’étais ? Et moi qui croyais…

Elle était partie sur la colère mais ,le visage attristé, elle s’était mise à pleurer.

— Décidément, on ne m’aimera jamais pour celle que je suis.

Une larme tomba sur mon visage. Elle bascula en arrière pour se rasseoir.

— Tu m’as mentie Nathalie, je ne vais pas te mettre dehors, car tu viens de loin, mais il va falloir que tu quittes mon lit, j’ai une chambre d’amis.

— Attends Brenda, je suis désolée. Laisse-moi te dire ce que je ressens, après tu décideras.

— Parle alors, dit-elle d’un ton sec.

Je me redressai.

— Oui, je suis fan de toi, tu m’as donné mon premier orgasme, et bien d’autres plus tard. J’ai galéré pour te trouver, j’y suis parvenue tout de même. D’accord je t’ai menti, ou du moins je ne t’ai pas tout dit. Mais ces deux mois au téléphone, je ne t’ai dit que ce que je pensais. Je t’ai ouvert mon cœur comme il était. J’aimais Shyla Jennings, mais j’ai trouvé Brenda.

Son visage s’était adouci. Ne voulant lui laisser l’initiative je renchéris :

— Toi non plus tu ne m’as pas tout dit.

— Quand je dis qui je suis aux filles, elles s’enfuient, alors ...

— Et quelqu’un qui t’aime sachant qui tu es, tu la repousses ?

Ce dernier argumenteut raison d’elle.

— Es-tu prête à faire l’amour avec Brenda ? Pas avec Shyla ?

— Viens dans mes bras, Brenda.

Je me rallongeai, elle se glissa contre moi. Laissant sa tête reposer sur ma poitrine. Je caressai son visage.

— Tu supporteras quand je partirai pour un tournage ?

— Je serai ta groupie.

Elle me sourit.

— Je t’aime Nathalie.

Nous restâmes nues. Je la berçai dans mes bras où elle finit par s’endormir. Pour la première fois, je dormis avec une femme que je désirais sans avoir de rapport sexuel. Mais celle-ci, je l'aimais. Cet instant était beau et bon.

J’avais alors arrêté d’être égoïste. J’envoyai mon avocat pour qu’il rendît à David la maison et stoppat le versement de pension et enfin pour trouver un terrain d’entente en ce qui concerne la garde des enfants.

J’emménageai avec ma belle qui me couvrit d’amour et de douceur. En échange, je remplis le vide qui s’était fait en elle.

Attention, ceci est de la grosse bêtises. Soit j'ai pris l'état civil de Shyla Jennings en question sur wikipédia, mais c'est tout !

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