Et c'était fantastique...
Depuis de nombreuses années, je vous parle et vous m'ignorez.
Un jour où la réalité devient pesante et la solitude lourde, je ne sais quel élément perturbateur déclenche le processus imaginaire : l'irréel entre dans ma vie. Un dessin bouge. Alors comme un fait surnaturel, vous vous transformez. Votre image dessinée sur le mur du couloir devient une femme en chair et en os. Et vous me parlez. Nous échangeons ainsi quelques semaines.
Rien ne m'a surpris, même pas que vous n'ayez aucun besoin fondamental : ni faim, ni soif, ni sommeil. C'est moi qui suis tombé d'épuisement à tirer sur le temps et à me consumer de passion pour vos mots.
Mais la situation finale a fini par se déclencher. Hébété de fatigue, étouffant, je suis sorti de l'appartement pour respirer un autre air. C'est alors que je me mets à douter. Existe-t-elle vraiement cette femme ?
Je rentre au bout de quelques heures et de quelques bières dans la brasserie du quartier où se tiennent mes compagnons de déroute. Ils m'ont fait comprendre avec leur finesse bourue que je déconne grave ! Je conclus après délibération avec moi-même, qu'il faut y retourner pour vérifier un détail.
Je remonte alors les escaliers de bois craquants, tourne la clef dans la vielle serrure usée, et mes yeux tombent sur le mur où le dessin de votre si belle silhouette a disparu, effacée, évanoui.
Folie ? Rêve ? Réalités parallèles ? Que s'est-il passé pendant ces jours étranges ? Je m'approche de ma table, et vos mégots de cigarettes aux traces de rouge à lèvre sont toujours là, remplissant le cendrier.
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