Happy end ?

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Sandra

Lovée dans mes draps blanc cassé, je me réveille dans ma chambre en me demandant si je n’ai pas rêvé la nuit dernière. Moi, d’habitude si méfiante, ai-je vraiment suivi un inconnu ? Non, ce n’était pas moi, ou alors mon double dans un rêve éveillé.

Pourtant, le sourire illuminant cette fin de matinée au souvenir du bien être ressenti à ses côtés semble confirmer ce comportement inattendu pour moi. Il m’aurait proposé de le suivre au bout du monde, je l’aurais sans doute fait.

Le son d’une notification me sort de ma rêverie. Un message de ma marraine, sans doute pressée d’attendre des nouvelles d’hier soir, affiche.

  • Eh bien toi, quand tu sors, cela fait des étincelles. Vous faites le buzz.

A quoi fait-elle allusion ?

En réponse à mon interrogation, Samantha m’envoie un lien conduisant vers une photographie de Gabriel et moi sous-titrée d’une question.

« Le cœur du prince Gabriel de Boldavie aurait-il été volé par une jeune fille de chez nous ? ».

Je parcours l’article sans comprendre, les hypothèses les plus folles à propos de l’identité de l’inconnue ayant séduit ce prince habituellement si discret s’enchaînent. Ce n’est pas possible, Gabriel ne m’aurait pas mentit…

Je navigue dans l’incompréhension lorsque j‘entends l’appelle de Sam et lui répond. Elle me bombarde de questions auxquelles je ne peux répondre.

  • Et le coup des chaussures ! Tout le monde se demande si tu n’as pas fait exprès de les oublier, comme Cendrillon.
  • Oh, je les avais enlevées pour marcher dans le sable. J’irai les récupérer pour te les rendre, Sam.

Cet oubli me ramène dans la réalité. Mon beau photographe n’était pas celui qu’il prétendait être. Et ce bruit, je comprends maintenant pourquoi nous nous sommes enfuis. Je me sens trahie.

  • A ta place, j’éviterais pour le moment. Il y a probablement plusieurs journalistes qui t’attendent.

Peu importe, j’ai besoin de revoir les lieux pour mettre de l’ordre dans mes pensées contradictoires. J’écourte la conversation et je me précipite dans la salle de bain. Avec mon sarouel kaki et mes cheveux en bataille, personne ne devrait me reconnaître, même cet inconnu à qui j’en veux… Un peu.

Cette complicité, ces rires, ce mensonge … Heureusement, il s’est comporté en gentleman en me raccompagnant chez moi. Au moins, il n’aura pas abusé de ma crédulité.

Je retourne dans ma chambre à la recherche de lunettes de soleil pour parfaire le camouflage lorsque je reconnais les pas de mon père dans l’escalier. Il frappe à la porte.

  • Il y a quelqu’un pour toi en bas. Il dit que vous avez passé la soirée d’hier ensemble.

Non, je ne suis pas prête à lui pardonner cette omission...

Ou je lui laisse une chance ?

Gabriel

Camouflé derrière mes lunettes, avec le parfait look du livreur de pizza en chemise Hawaï et short bermuda, ce brave homme ne m’a pas reconnu. Sa femme non plus d’ailleurs et ils m’ont laissé attendre dans le hall d’entrée. Une voix aiguë me parvient de la cuisine, elle critique son mari comme si je n’étais pas présent. Les petits livreurs sont invisibles. Bien que je ne la connaisse pas, je comprends pourquoi Sandra ne peut pas la supporter.

J’espère être arrivé avant qu’elle ne découvre la photo. Je sais, j’aurais dû lui en parler hier. Mais je ne voulais pas gâcher la magie de l’instant. Maintenant, les minutes s’étirent et un début de stress s’empare de moi. Ma belle voudrait-elle se venger en me laissant poireauter ? Je voulais être traité comme un garçon ordinaire, aujourd’hui je suis servi.

Des pieds reconnaissables entre mille dévalent les escaliers. Leur propriétaire semble prête à exploser mais s’interrompt en m’apercevant.

  • On se connait ? questionne-t-elle en s’apaisant.

Ma cendrillon a revêtu ses haillons ce matin et, face à un visiteur inconnu, elle essaie de mettre un peu d’ordre dans sa crinière. Si elle voulait me faire fuir dans cette tenue, elle obtenu l’effet inverse. Son embarras la rend encore plus touchante et je ne peux m’empêcher d’émettre un petit rire.

  • C’est toi ?

Je retire les glaces masquant mon regard, un peu étonné de nous découvrir aussi bien assortis d’un point de vue vestimentaire en cette fin de matinée. Elle essaie de retenir un gloussement et peine à garder son sérieux.

  • Pourquoi m’as-tu menti ? attaque-t-elle sans aucun préambule.

  • Techniquement, je me suis contenté de ne pas corriger ton erreur.

La fureur dans ses yeux me confronte à mon erreur. Si mon père me voyait, il me reprocherait mon manque de diplomatie.

  • Je suis désolé. Je voulais juste être Gabriel pour un soir. Ne peux-tu comprendre se besoin d’échapper de temps à temps à mon milieu ?

Elle hésite. Nos éclats de voix n’ont pas attiré ses parents et je profite de l’intimité de ce couloir aveugle pour m’approcher d’elle.

  • Tu ne me demandes pas pourquoi je me suis déguisé ainsi ?

  • Comme toutes les stars, sans doute. Tu veux profiter de l’anonymat. Et cela ne te dérange pas de tromper les gens autour de toi.

  • J’ai la chance de ne pas être l’ainé mais je suis aussi régulièrement épié. Depuis mon enfance. Tu te plains des exigences de ta belle-mère, je suis confronté aux mondanités en permanence. En ne me reconnaissant pas, tu m’as permis d’y échapper pendant quelques heures.

D’une main, j’attrape la sienne et elle ne la retire pas. Rassuré, je l’attire vers moi et lui entoure la taille, comme hier soir. Elle commence à se détendre.

  • Je ne t’offre pas un conte de fée mais des contraintes encore plus étouffantes que les tiennes. Ce sait à quel point cela sera difficile pour toi mais, si tu passes du temps avec moi pendant ces vacances, tu feras de moi le plus heureux des hommes.

Ses mains se croisent derrière mon coup, me serre d’un peu plus près et approche son visage. Ses lèvres agrippent les miennes dans pour un baiser impulsif. Je suis envouté, encore une fois. Puis, un léger bruit rompt le charme.

  • Eh bien, les amoureux, je vois que la dernière soirée a été câline. Mais un peu de discrétion quand même. Tu ne voudrais pas avoir de remarques de Charlotte.

Probablement attiré par le silence, son père s’excuse presque de nous avoir dérangés. Il ne m’a toujours pas reconnu et un éclair traverse les yeux de ma belle. Cette fois c’est elle qui m'entraîne à fuir par la porte du jardin.

Combien de temps nous reste-t-il avant d’être démasqués ? Peu importe puisque ma douce est prête à affronter la presse à mes côtés. Profitons de ces derniers instants d’anonymat. Et ensuite, j’en connais deux qui vont être surpris.

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