Sans fin et à ma faim
Et si je chaloupais encore devant cette porte ?
Pourrais-je redevenir un jour l'être infirme et mélancolique que j’étais jadis ?
Et si je me retrouvais au milieu des mêmes effluences et croquais la même pomme,
pourrais-je renicher le misnil qui me servait d’étuve jadis.
Je m’éloigne de mon essence comme le marin qui déserte son bateau en pleine tempête.
Ces cigognes me guignent avec le regard larmoyant, vagissant mon désarroi,
et moi, avec la même robe blanche, je m’oscille sur le souvenir d’une conquête.
J’attouche mes larmes citrines et je braille pour un coït.
Un retour tant attendu, un amour si révolu.
Dissonance intérieure et mutisme collectif ne font que me nuire.
Je trinque à cette mascarade qui m’amuse mais ne me fait point jouir.
À ces rires envahissants qui sonnent moins mélodiques que les sanglots,
à ces journées qui s’évaporent et me délaissent dans cet enclos,
à ces tableaux que j’admire mais je ne désire plus,
à mes convives, à qui j’en ai tellement voulu
de m’avoir délaissé au cours du chemin,
de m’avoir dessiné une route sans fin.
Sans fin et à ma faim, avec cet amour feint.
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