Chapitre 2 :
Mon beau-père ramène la nourriture à table. De la soupe...verte....nooooooooon !
Pourquoi il me fait ça ?! Il sait que je déteste !
Ce n'est même pas à manger, c'est à boire...je n'ai pas soif, j'ai faim !
Je détourne les yeux en voyant les autres amener la bouillie jusqu'à leurs bouches. Rien que cette vision m'écoeure...
Je mets ma tête dans mes mains pour me cacher de cette vision d'horreur, déjà que j'ai beaucoup de mal à supporter de les voir manger des yaourts alors là...
J'ai beaucoup de problème avec la nourriture.
" Arrête de faire la difficile ! "
C'est une exclamation que j'entends sans arrêt.
La famille de Layna est pauvre. Le gaspillage n'y est pas le bienvenu et les caprices non plus.
Et pourtant, c'est physique. Je suis incapable d'avaler des choses pareilles. Je dois savoir d'avance ce que je vais manger. Il ne faut pas faire de mélange parce que je déteste ne pas reconnaître les aliments dans mon assiette. J'ai beaucoup de manies vis-à-vis de la cuisine.
La plupart du temps, je ne mange pas.
Et si par malheur mes parents me forcent, je finis par tout revomir.
Le pire de tout je crois, ce sont les textures. Il en existe énormément ! Et si peu qui me plaisent...
C'est simple, si j'aime le goût mais que la texture me répugne, je ne mange pas non plus.
Un exemple tout simple : les courgettes.
Ma mère est obligées de les cuire plus que d'ordinaire et de retirer l'entièreté de la peau pour ne pas qu'elles grincent entre mes dents et me donnent envie de boucher mes oreilles.
Dès qu'on m'y autorise, je rejoins ma chambre.
J'y retrouve mon autre monde. Et Martin avec, mon meilleur ami.
Martin : Tu aurais dû manger ! Tu ne vas pas tenir avec rien dans l'estomac.
Martin il sourit tout le temps et son bonheur est contagieux. C'est le seul qui me fait cet effet là.
Moi : C'est dégueulasse...
Martin : Ne dis pas ça, ce n'est pas dégueulasse, c'est toi qui n'aimes pas.
Moi : Oui...sûrement...
Dans mon autre monde, il n'y a que des plats succulents que tous apprécient. Le seul liquide autorisé est l'eau.
Lorsque mon ventre est vide mais ne cesse de gargouiller, j'attrape un stylo, dont je ne me sers pas pour écrire, et le croque encore et encore en imaginant que c'est un hamburger.
Cette univers me retient captive d'une vie qui n'est pas la mienne...parfois je n'arrive pas à accéder à MON monde et mes pensées sont floues...les phrases tournent en boucles dans ma tête et sont vide de sens et je ne peux plus réfléchir.
Dans ces moments, je ne sais plus où je suis, ce que je voulais faire, ce que je voulais dire, je suis bloqué dans une boucle temporelle. Quand j'essaye de faire venir Martin, il apparait et disparait et apparait et disparait encore...il dit une phrase qui se répète encore et encore...tout est mouvement. Des mouvements si rapides que je n'arrive pas à en capter le sens.
On peut dire que le téléphone bugue à ce moment. La seule chose à faire, c'est le redémarrer.
Mais pour ça, il faut l'aide d'une personne extérieur. Parfois j'attends des heures que quelqu'un vienne m'apporter son aide. Des heures à me frapper la tête contre le barreau de mon lit pour essayer de m'éclaircir les idées.
Des heures d'angoisse, ne sachant plus qui je suis.
Jusqu'à qu'une personne m'appelle plusieurs fois, me tirant de mes pensées, m'obligeant à lui répondre.
Et puis, au final, je ne sais même pas si revenir à moi-même était la chose que j'espérais...
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