Prières.

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La salle de torture était spacieuse mais le plafond était bas, juste assez haut pour se tenir debout.

Une litanie provenant d'une voix féminine, éraillée mais sensuelle, montait dans l'air chaud.

Une femme nue, à genoux au centre de la pièce, chantait, non elle priait, mais sa supplique ne serait jamais entendu. Elle le savait, car dans ces cachots oubliés aucune déesse, ni dieu, ni divinité d'aucune sorte n'oserait jamais pénétrer.

Pourtant elle continuait sans faiblir.

Son corps était creusé de cicatrices comme une montagne érodée par les ans et les vents.

Son visage émacié reflétait une pâle copie de sa beauté d'antan.

Ses souvenirs, son nom s'étaient envolés avec la souffrance des tortures et le temps qui, en ces lieux, semblait dévorer les mémoires.

Depuis quelques temps, ses bourreaux ne venaient plus.

Au plafond, par intermittences, d'un trou sombre, chutait de la nourriture et des outres d'eau.

La femme sans nom était abandonnée sans surveillance pourtant elle n'osait pas sortir. La peur de l'inconnu. L'endroit dans lequel elle vivait était certes horrible mais rien ne lui disait que l'extérieur de sa prison n'était pas encore pire.

Alors elle était restée.

La prisonnière savait qu'elle n'était pas seule. L'autre, elle l'avait entendu hurler, rire, pleurer.

Sans se l'avouer vraiment, elle espérait qu'un jour il viendrait à sa rencontre, pas pour la sauver, juste pour parler.

Elle arrêta soudainement sa litanie. Derrière elle, un léger cliquetis s'était invité dans ses prières.

La peur monta le long de son échine, elle commençait à s'habituer de ne plus souffrir. Si ses bourreaux revenaient la tourmenter, elle ne survivrait pas. Elle le savait.

Elle se redressa avec une grâce surprenante. Elle était grande. Sa maigreur extrême et sa nudité n'empêchait nullement de voir les vestiges de sa dignité.

La femme sans nom était prête à accueillir la mort.

Le bruit se rapprochait lentement.

Une silhouette spectrale apparut alors dans l'encadrement de la porte.

Le récolteur d'âmes venait la chercher.

Elle soupira.

Sa peur se fana et disparut tel du sable qui glissait entre les doigts.

Peut-être que dans l'après-vie, ses souvenirs reviendraient et enfin elle saurait pourquoi. Quels actes indignes avait-elle commis pour se retrouver en enfer?

Ses paupières se fermèrent, la femme sans nom joignit ses mains graciles et pria, non pas pour sa survie mais pour sa mort.

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