8 Ashton

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Dix putains de minutes que je regarde Savannah se déhancher contre Sam et que j’ai les nerfs de les voir si proches. Six cent foutues secondes que je serre les poings à m’en faire blanchir les phalanges en restant assis sur cette table, une bière à la main, mon regard rivé vers eux. Si elle continue à l’allumer sous mes yeux, je jure que je vais avoir du mal à me retenir. Rien à foutre de ma conditionnelle, ce mec ne peut pas être celui qu’elle va se taper ce soir. À choisir, je préfère me retrouver en taule plutôt que de la laisser partir avec lui. J’imagine déjà la tronche de ce gars s’il me croisait demain matin au chalet. Un air victorieux sur sa putain de gueule, je suis certain qu’il me narguerait. Comme les autres, je l’ai mis au courant qu’il ne devait pas s’approcher d’elle, que c’était la copine de mon frangin. Même si tous l’ont trouvée super canon, ils ont accepté sans broncher. Tous sauf cet enfoiré. Dès que Harper m’a accaparé pour aller danser avec elle, ce p’tit con en a profité pour aller la voir et depuis il ne l'a plus lâchée.

— Elle est où ta meuf, mec ?

Surpris par la voix de Chayton, je tourne la tête vers lui tel un automate. Pas très certain d’avoir bien saisi sa question, j’avale une gorgée de bière pour me remettre les idées en place. Si j’ai bien capté, il vient de me demander où était Harper. Je n’ai pas le temps d’ouvrir ma gueule qu’il reprend la parole.

— T’es en train de planer ou quoi, vieux ? 

— Ouais, non, je suis là. Je ne sais pas où est Harper.

Et en vérité, je me fous royalement de l’endroit où elle peut se trouver. Elle pourrait être en train de se faire tirer dans les chiottes pas n’importe quel mec que ça ne me toucherait même pas. Pas comme ce qui se passe sur ma gauche. 

— Elle est vraiment canon, la copine de ton frangin, tu ne trouves pas ? enchaîne-t-il sans me laisser le temps de souffler

Qu’est-ce qui lui prend de me sortir un truc du genre ? Mon flair me souffle de me méfier, que ça sent la question piège. Avant de lui répondre, je reprends une goulée de liquide ambré et ramène mes yeux vers la piste de danse. Ce que je vois me saisit à la gorge. Les bras enroulés autour de sa nuque, ma rouquine descend avec sensualité le long du corps de ce connard. Ma main se serre avec rage sur ma bouteille. Je ferais mieux de faire gaffe si je ne veux pas la briser. 

— Ce n’est qu’une gamine. 

Je tourne la tête vers Chayton, afin de savoir si ma réponse le satisfait. Son regard se fait scrutateur comme s’il tentait de percer ce qui me traverse le crâne.

— Une gamine super bandante, tu veux dire, intervient Kyle, un autre de mes potes. Dommage que tu nous aies interdit de nous en approcher, sinon j’aurais bien tenter ma chance.

Ahuri que lui aussi ait pu penser à la foutre dans son pieu, je me tourne aussitôt vers lui et le fusille du regard. J’ai de la chance qu’il ne voit pas mon sale regard. En même temps, rien d’anormal puisqu’il est en train de baver sur la rouquine. 

— Vu comme elle danse contre Sam, ça doit être une putain de chaudasse. Au plumard, ajoute-t-il. Dis-moi, ça ne t’as jamais traversé l’esprit de te la faire.

Il tourne la tête dans ma direction. 

— Ça te traverserait l’esprit, toi, de te faire la nana de ton frère ? répliqué-je avec l’arrogance qui me colle à la peau depuis ce matin.

Son regard affronte le mien, comme si lui aussi tentait de connaître le fond de mes pensées.

— La meuf de mon frangin n’a rien à voir avec cette bombe. Mais si elle était aussi bonasse, y a de fortes chances que l’idée me traverse le crâne. Je ne dis pas que je le ferais, parce que c’est mon frère et que je ne serais pas foutu de le blesser, mais ouais, j’y aurais sûrement pensé... au moins une fois.

Heureusement pour moi, Harper se pointe à cet instant et me sauve, sans même s’en rendre compte, de cette sale discussion. Très bien. Comme ça, je n’aurais pas à me dévoiler devant mes potes. Au fond de moi, j’admets que la rouquine me fout dans tous mes états. Et bordel, je n’ai jamais ressenti autant de désir pour une nana. C’est comme si son corps aux courbes super délicieuses était doté d’un aimant à forte résonance pour m’attirer vers elle. Les lèvres de Harper sur les miennes me ramènent à la réalité. Putain, qu’est-ce que je décroche ce soir ? Son baiser est bien trop chaste pour moi. Je ne suis plus un ado prépubère, j’ai besoin de beaucoup plus que ça. Et là , tout de suite, j’ai besoin de baiser pour oublier que je craque pour une putain de rousse que je vais devoir me coltiner H24. 

— T’as toujours envie de passer ta nuit avec moi ? 

Un sourire timide ourle ses lèvres. Il ne m’en faut pas plus pour descendre le restant de ma bière cul-sec. Je jette un dernier coup d’œil vers la rouquine, avant de me casser. Grossière erreur ! Je n’aurais jamais dû tourner la tête maintenant, au moins j’aurais éviter de voir ce salopard enfoncer sa langue dans sa bouche jusqu’à ses amygdales. L’estomac en vrac, je pose mes lèvres sur la tempe de Harper.

— Ça te dérange de m’attendre dehors, j’ai un truc à dire à Sam avant.

Docile comme elle l’est, Harper accède à ma demande. Elle me réclame juste un baiser que je lui donne sans rechigner. J’attends qu’elle franchisse les portes de la baraque pour mettre mon plan à exécution. 

Au moment où je me dirige vers Savannah, Chayton se matérialise devant moi. D’une main sur mon avant-bras, il m’empêche d’avancer.

— Quoi ? grogné-je avec l’envie qu’il dégage au plus vite.

— Tu joues à quoi avec Harper ? 

Sidéré, je secoue la tête.

— Ce matin, tu t’es barré juste après qu’on t'ait présenté cette fille, que visiblement tu connais puisque c’est la copine de ton frangin. Et ce soir, tu ne l’as pas lâchée du regard. Pire, quand je t’ai demandé où était ta copine, j’ai eu l’impression que t’en avais rien à foutre. 

Putain, il porte bien son nom, ce con. Son regard est aussi vif que celui d’un faucon.

— Voilà, ce que j’en pense : ou t’as déjà eu une histoire avec elle, avant qu’elle te largue pour se mettre avec ton frangin, ou Kyle a raison, t’as envie de te la taper. 

— T’oublies juste l’option que c’est la nana de mon p’tit frère et que la voir s’amuser avec un autre que lui me fout la haine !

— Peut-être, mais ça n’explique pas ta réaction de ce matin.

— Ce matin, j’avais juste besoin de me changer les idées et de me descendre une bière. Rien à voir avec elle !

Il hoche la tête, mais je vois bien qu’il n’est pas dupe. La conversation va sûrement en rester là pour ce soir, cependant je suis certain qu’il finira par revenir à la charge.

— Harper est une fille bien, fais pas le con.

Il a raison, Harper est une fille super. Elle est dotée de pleins de qualité, elle est douce, gentille et plutôt mignonne, mais elle n’a pas ce truc en plus qui me ferait perdre la boule. Ce truc que j’ai toujours fui en prenant mes jambes à mon cou dès que je le ressentais. Et là, au lieu de me diriger vers la rouquine, je ferais mieux de me casser. Pourtant, mes pas me mènent jusqu’à elle sans que je ne puisse lutter. D’un coup d’épaule dans le bras de l’autre enfoiré, je mets fin à leur petit jeu qui me file la gerbe. Il se retourne aussitôt et braque un regard assassin dans ma direction. La tête haute, je le toise sans me départir de mon sourire de connard sur le point de foutre une sacrée merde entre eux. 

— Qu’est-ce que tu veux, Ashton ? crache Savannah.

Attiré par sa voix, je détache mes yeux de ce mec qui me débecte et les ramène vers ma jolie rouquine.

Putain, j’en ai marre de l’appeler ainsi ! Foutu cerveau !

— T’as vraiment envie d’écarter les cuisses pour ce gars cette nuit ? 

Devant ma nouvelle allusion au sexe, ses joues rougissent comme chaque fois. Et bordel, qu’est-ce que j’adore ça ! Une fois remise de ses émotions, elle lève les yeux et pousse un long soupir, avant de croiser les bras, exaspérée, sur sa poitrine. La voir fulminer me fait bander comme un malade, néanmoins je n’oublie pas qu’il y a à peine dix secondes, l’autre con avait sa putain de langue enfoncée dans sa bouche. 

— En quoi ça te regarde ? 

Elle a raison, ça ne me regarde en rien. Pourtant, ça me gonfle tellement que je ne peux pas m’empêcher de l’attraper par le bras et de l’entraîner à l’écart de ce mec. Elle rouspète alors que je l’entraîne à l’étage, essaye de se dégager de mon emprise en me griffant. Une véritable tigresse qui me fout une putain de trique alors que je m’imagine enfoui en elle, enfoncé jusqu’à la garde, ses ongles plantés dans mon dos. Ma respiration devient erratique au moment où je pousse la porte d’une des chambres.

— Tu te sens mal ? Non, parce que là, je trouve que tu respires un peu vite, me lance-t-elle en feintant une foutue innocence qui me donne envie de la dévergonder.

D’un coup de pied, je referme la porte derrière elle et la force à reculer jusqu’au mur. Bloquée entre la cloison et mon torse, elle prend un malin plaisir à m’allumer en coinçant son piercing entre ses dents. Pour bien lui faire comprendre qu’elle joue avec le feu, je presse mon corps contre le sien.

— T’as l’air en manque, Ash.

Pour le coup, elle n’a pas tort. Dix-huit mois que je n’ai pas baisé et ça commence à être une vraie torture. 

— Tu ne peux pas savoir à quel point.

Elle laisse échapper un éclat de rire, avant de planter un regard défiant dans le mien. Saleté, elle se fout de ma tronche ! 

— Je crois que tu devrais garder ton petit jeu pour Harper. En attendant, dégage que je puisse aller retrouver Sam !

À l’évocation de ce nom, mon sang ne fait qu’un tour dans mes veines. Furax, je donne un léger coup de bassin pour qu’elle entende raison. Elle peut baiser qui elle veut, mais certainement pas lui.

— Si tu le ramènes au chalet, j’te jure que j’ne répond plus de rien ! Kyle est intéressé, baise avec lui si ça te chante, mais je t’interdis d’écarter les cuisses pour l’autre connard.

Estomaquée, elle laisse passer plusieurs secondes de silence, sa bouche légèrement entrouverte. Cette putain de bouche qui ne demande qu’à être dévorée. 

— Je n’ai pas d’ordre à recevoir de ta part ! Si tu ne veux pas que je te foute un coup dans tes bijoux de famille, tu ferais mieux de me laisser passer.

Plutôt que de la satisfaire, je me colle un peu plus à elle. Je me penche en avant et laisse mon souffle remonter le long de son cou jusqu’à son oreille. Ses frissons ne m’échappent pas, je mettrai ma main à couper qu’elle mouille sa culotte. 

— Tu n’oserais pas, glisse-je à son oreille.

— C’est si mal me connaître.

Et avant même qu’elle achève sa phrase, je me retrouve plié en deux. Putain, la salope, elle a osé ! Je grogne de douleur, la main plaquée sur mon entrejambe. 

— Si je croise Harper, je lui dirai que t’as eu un léger contretemps, lâche-t-elle en ouvrant la porte.

Je la regarde sortir sans réagir. Bordel, j’ai joué avec le feu et je me suis méchamment cramé les ailes. Cette fille va me rendre barge. J’ai intérêt à l’éviter un maximum si je ne veux pas me retrouver castré avant la fin de son séjour

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