14 Ashton

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Un pas en avant, trois en arrière, c’est exactement ce que je vis avec ma jolie rouquine depuis que je lui ai avoué ne plus être avec Harper. Parfois elle me parle et j’apprends à en découvrir un peu plus sur elle. Avant que son ex et sa meilleure amie lui brisent le cœur, elle rêvait d’intégrer l’UCSF, l’université de San Francisco, spécialisée dans les études médicales. Aujourd’hui, elle ne sait plus trop où elle en est. D’après ce que j’ai compris, elle a clairement abandonné ce projet et pense plutôt rejoindre l’UCLA afin de rester auprès de sa mère. J’ai également appris qu’elle adorait surfer. À la lueur qui illuminait ses yeux le soir où elle m’en a parlé, j’ai clairement vu que c’était une véritable passion pour elle. L’instant suivant, son regard s’est assombri et je n’ai pas eu besoin de plus pour comprendre qu’elle a tout abandonné après ce qui lui est arrivé. Dommage que je ne puisse pas me rendre jusqu’à la côte, sinon, il en va sans dire que je l’aurais clairement forcé à remonter sur une planche. J’aurais adoré voir comment elle se démène face à une vague. Je connais quelques bons spots que mes potes de l’UCLA m’ont fait découvrir, je suis certain que ça lui aurait plu. On aurait pu s’éclater tous les deux.

La main sur mon poignet, je grogne de frustration. Foutu bracelet ! Encore un peu plus de cinq mois à le porter. Vivement que tout ça s’arrête, je crève d’envie de reprendre une vie normale. Ce manque de liberté m’insupporte de plus en plus, surtout depuis que Savannah est entrée dans ma vie. J’aurais aimé lui faire découvrir plein de choses, mais la plupart se trouve bien trop loin d’ici. 

Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je m’imagine en train de lui apprendre à boxer dans ma salle. Je suis certain qu’elle serait terriblement sexy avec des gants aux mains. Et vu son caractère, elle aurait sûrement adoré tenter de prendre le dessus sur moi comme lors de nos joutes verbales. Je raffole de ces moments où je la vois grincer des dents tout en réfléchissant pour avoir le dernier mot. J’en suis même à les provoquer tellement ça me fait rire. Voir ses joues se colorer de rouge sous le coup de la gêne ou de la colère la rend terriblement bandante. J’admets, je n’ai toujours pas besoin de ça pour me retrouver avec une trique de malade. Il suffit que je pose mes yeux sur elle pour avoir l’impression d’être un ado en train de mater un porno. 

Mais tout ça sont des moments rares, la majorité du temps, elle m’ignore. Il lui arrive de ne pas me parler de la journée, même pas un bonjour comme si j’étais devenu totalement invisible à ses yeux. C’est d’ailleurs ce qu’elle fait depuis deux jours. Son silence me tue, je préfère largement l’entendre me grogner dessus que me sentir mis à l’écart. Le seul contact que j’ai avec elle, c’est le matin et le soir lorsqu’elle s’accroche à moi sur ma bécane pour faire le trajet entre le chalet et le ranch et vis-versa. J’ai imposé à Stacey de ne plus venir la chercher, peu importe ce que sa cousine pourrait lui dire. 

Si j’ai bien compris une chose avec Savannah, c’est qu’elle ressemble à un petit animal blessé qui a besoin d’être apprivoisée, très loin de l’image de princesse que je m’en étais faite. Je lui laisse donc tout l’espace dont elle a besoin. Même si ça m'en rend malade, même si j’ai du mal à me retenir de lui sauter dessus, je veux que ce soit elle qui vienne vers moi. Pas l’inverse. Mais là, ça fait dix putains de jours et ça commence à faire super long. Va falloir que je trouve un moyen de faire accélérer le processus. Je veux bien patienter, mais pas crever la bouche ouverte et les couilles bleues. 

Bon, faudrait peut-être que je continue à bosser au lieu de me paumer dans mes pensées. Après un coup de pied mental, je pars chercher de la flotte pour remplir le bac de Riper.Je vérifie que tous les autres ont quantité de nourritures et d’eau nécessaires et comme c’est le cas je décide d’aller m’en griller une. Quand je sors, le soleil est presque à son zénith. La chaleur est réellement étouffante aujourd’hui. Une goutte de sueur coule le long de mon dos, que j’essuie avec mon t-shirt, précédemment posé sur mon épaule. Je le jette dans la paille à ma droite, avant de sortir mon paquet de la poche arrière de mon jeans. Mon regard part à la recherche de ma rouquine. Lorsque je la trouve, je ne suis plus foutu de m’en détacher. Habillée d’un crop top noir et d’un jeans qui moule son beau petit cul à la perfection, elle est terriblement sexy. Kyle lui parle. Je crève d’envie d’être à sa place pour entendre le timbre de sa voix et la voir sourire à mes réparties. Depuis l’incident avec Harper, c’est lui qui l’aide à surmonter sa peur. Nills a fini par apprendre ce qu’il s'est passé et a envoyé sa fille chez son oncle. On ne devrait pas la revoir avant le début du mois d’août. Ça a augmenté notre charge de travail, mais je suis bien content qu’elle ne traîne plus dans mes pattes et ne tente plus rien pour me récupérer. La dernière fois que je l’ai vue, la veille de son départ, elle s’est foutue à poil devant moi et m’a demandé de la baiser. Je l’ai vite renvoyé dans les cordes. Y a plutôt intérêt qu’elle finisse par capter, avant son retour, que nous deux, c’est mort.

Je tire une latte sur ma clope, laisse la fumée envahir mes poumons, avant de la recracher sans quitter le duo des yeux. Mes poings se serrent alors que mon pote pose sa main sur le cul de ma future nana. Rageur, j’écrase mon mégot d’un coup de talon, avant de le jeter dans un pot spécialement dédié à cet usage, et d’aller les rejoindre d’un pas déterminé. Entre nous, il y a un deal, il l’aide, mais hors de question de poser ses mains sur elle, même si c’est pour qu’elle puisse monter sur Star comme maintenant. Les montoirs, ça existe, bordel !

— Depuis quand tu poses tes mains sur Savannah ? 

Les deux se tournent vers moi dans un même mouvement. Si lui se marre, ce n’est absolument pas le cas de ma rouquine qui me foudroie du regard du haut de sa monture comme si mon intervention était très mal venue. Ça veut dire quoi ça ? Il se la tape ? C’est pour ça qu’elle me fuit autant depuis deux jours ?

— C’est quoi ton problème, Ash ? 

Premiers mots de la journée à mon intention de la part de Savannah et c’est pour me faire des reproches. Super !

— À mon avis, il n’a pas supporté de voir ma main sur ta jolie croupe.

Ce con continue de se bidonner devant mon air renfrogné. D’un coup, hors de moi, j’empoigne l’encolure de son t-shirt et le force à reculer jusqu’à la barrière qui délimite la carrière.

— C’est bon, mec, calme. Je deconnais, tente-t-il de m’apaiser. Je t’ai vu nous regarder et j’ai voulu te faire chier. Ça ne va pas plus loin que ça.

— Au cas où tu l’aurais oublié, on avait un deal ! tonné-je..

À l’éclat de ma voix, Star hennit, ma rouquine se met à hurler. Quand je me retourne, le cheval se tient sur ses deux pattes arrière alors qu’elle tente de se maintenir sur la selle de toutes ses forces. Je me précipite vers eux pour éviter qu’un drame se produise. Putain, je suis trop con. Qu’est-ce qui m’a pris de m’emporter comme ça ? Je savais qu’une telle réaction pourrait avoir lieu, mais je ne l’ai pas prise en compte. Au visage livide de Savannah, je sais qu’elle est totalement paniquée. Je me morigène sans relâche alors que j’attrape le licol. Star redescend sur ses quatre fers. Je pense que c’est bon, mais j’ai tout faux, car il se cabre à nouveau et ma rouquine fait un vol plané. Elle va me haïr, putain ! Entre l’animal et la fille à terre, mon choix est vite fait, cependant si je ne parviens pas à détendre Star, il pourrait se barrer. Hors de questions de me créer des emmerdes avec Nills.

— Ça va ? entends-je mon pote lui demander.

— Ma cheville me fait mal, lui avoue-t-elle.

Star maîtrisé et calmé, je me retourne aussi sec vers eux.

— Tu veux que je t’emmène à l’hosto ? demandé-je.

Son regard noir me donne aussitôt sa réponse, avant même qu’elle ne propose à Kyle de l’y conduire.

— Putain, tu sais que je peux le faire ! grogné-je.

— Je ne voudrais pas gâcher ton précieux temps, Ash-Ton !

Non, mais elle se fout de ma gueule là ? 

— Joue pas à ça avec moi, princesse ! Tu sais que je déteste ça !

— T’avais qu’à y réfléchir avant de te jeter sur Kyle !

— Tu baises avec lui, c’est ça ?

C’est quoi cette putain de question ?

Son regard accroche le mien et me renvoie toute la colère qui la ronge à cet instant. Nous nous affrontons plusieurs secondes en silence. Si elle savait combien il m’est difficile de me retenir de me jeter sur elle. Si je m’écoutais, je la baiserais sur place. 

— Et si c’est le cas, en quoi ça te regarde ? T’es pas mon mec à ce que je sache !

La faute à qui si on est pas ensemble, hein ? 

— Je recommence : tu baises avec lui ou pas ?

Je suis sur le point de tout fracasser tant je suis à cran. Alors, il vaudrait mieux pour elle qu’elle réponde à ma putain de question !

— Bon, les tourtereaux, on se calme un peu, nous interrompt Kyle. Je ne couche pas avec elle, on est juste potes, ok ? 

— Tu veux vraiment me faire gober ta merde ? le questionné-je en lui jetant un sale regard.

Et le revoilà à se marrer, l’enfoiré. Il veut vraiment que je le cogne, je crois.

— Sérieusement mec, si je me la tapais, tu serais un des premiers informés et je te dirais d’arrêter de rêver quand tu la voies. T’as pigé ou faut que j’te le traduise en espagnol ?

Je pousse un long soupir de résignation.

— C’est bon, j’ai saisi.

— Maintenant, vous deux, vous feriez mieux de baiser, ça éviterait à ce grand con de se faire des nœuds dans la cervelle, ajoute-t-il en s’adressant à ma rouquine cette fois.

— Contente-toi de m’amener à l’hôpital, Kyle, au lieu de t’occuper de ce qui se passe dans mon lit. Même si pour le moment, je n’ai rien à me foutre sous la dent, j’ai tout ce qu’il me faut à L.A..

Nouvelle évocation de ce Liam. Sympa pour ma gueule. Plutôt que de la laisser voir que ça me touche, je m’accroupis juste à côté d’elle et murmure pour elle seule : 

— En attendant, ce n’est pas lui qui t’a fait mouiller l’autre jour. Je suis certain que si je te fous dans mon lit, tu l’oublieras direct.

— J’te trouve bien prétentieux, réplique-t-elle mordante, malgré ses joues rougies.

Je plante mes yeux dans les siens et y décèle aussitôt la flamme de désir que je cherchais. Un sourire victorieux s’esquisse sur mes lèvres.

— Deal ? Si t’acceptes, je te promets que tu ne sauras plus capable de prononcer un autre nom que le mien.

— Va te faire voir, Ash ! 

— Je te prends quand tu veux, rouquine. 

Un lourd silence s’abat sur nous en même temps qu’on se dévore littéralement du regard. Alors que la tension sous mon froc ne cesse d’augmenter, j’ai l’impression que mes poumons ne sont plus foutus de s’activer. Mon cœur rebondit dans tous les sens. Un foutu volcan a décidé de rentrer en éruption tant mon sang bouillonne.

— Non, mais vraiment, baiser tous les deux ! La tension sexuelle qu’il y a entre vous est dingue.

Quelqu’un m’explique ce que fout encore mon pote ici ? Malgré la fureur à son encontre qui me brûle les veines, je ne lâche pas Savannah du regard. 

— Tu n’as pas vraiment répondu, princesse. Deal ?

— Jamais de la vie.

— J’adore les défis, Savannah, alors ne me tente pas. Sinon, je te promets qu’avant la fin de la semaine, tu me supplies de recommencer.

Elle lève les yeux au ciel, totalement désespérée par mon cas. Je me redresse, un large rictus sur le coin de la gueule. Jusqu’à elle, aucune fille ne m’a résisté. Son challenge me plaît bien plus que mon deal. Là, tout de suite, je vais retourner bosser et mettre en place ma stratégie pour qu’elle ne puisse plus jamais se passer de moi. Peu importe que son plan cul soit mon frère ou non. Lui et moi n’avons jamais, jusqu’à présent, ni échangé ni partagé nos meufs, mais, pour elle, je suis prêt à faire une exception. 

Tu l’as grave dans la peau, vieux.

C’est possible. De toute façon, cette fille déjoue chacun de mes principes. 

— Tu devrais l’emmener à l’hôpital voir s’il n’y a rien de grave, lancé-je à mon pote avant de tourner les talons et de repartir vers les écuries.

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