16 Savannah
Trois heures que je suis assise derrière la table à prendre les inscriptions en tout genre et je n’en peux plus. Quand Nills m’a dit que je serais reléguée à cette tâche, j’avais cru comprendre que je devrais juste inscrire les futurs cavaliers pour les cours de la rentrée. Pas une seule fois, je n’aurais pu imaginer que ce serait également pour distribuer des tickets pour les différentes animations organisées au cours de la journée. Entre les gamins qui forcent leurs parents pour faire un tour de poney, les mecs qui se prennent pour des beaux gosses – alors qu’entre nous, ils n’ont absolument rien de particulier – et veulent prouver aux autres qu’ils en ont une plus grosses paires qu’eux en montant sur le taureau mécanique et toutes ses greluches qui rêvent de devenir la nouvelle miss Wild Horizon ranch, j’en ai ma claque. D’ailleurs, en voilà encore une qui se pointe micro-short au ras des fesses, les nichons presque à l’air dans un haut de bikini. En relevant les yeux sur elle, son visage me frappe. Cette fille ne m’est pas inconnue et pour cause, c’est celle qui… Non, je ne préfère même pas songer à ce qu’elle a fait avec Ashton le soir de la dernière fête à laquelle nous nous sommes retrouvés tous les deux. Au moment où elle semble me remettre elle aussi, une expression de dégoût se peint sur son visage. Elle se penche vers moi, exhibant sa grosse poitrine un peu plus sous mon nez – pouah !
— Je sais qu’Ash bosse ici. Si jamais, tu le vois, tu peux lui dire que j’aimerais bien qu’on finisse ce qu’on a commencé tous les deux.
Mon ventre se noue alors que l’image d’elle s’essuyant le coin des lèvres réussit à franchir le barrage de mes pensées. Mes doigts se serrent un peu trop fort à mon goût autour du stylo. Pourquoi cette vision me rend-elle aussi agitée ? Plutôt que de chercher à creuser plus profondément cette question, dont la réponse risquerait de ne pas me plaire du tout, je lui adresse mon plus beau sourire.
— Ash est chargé de faire visiter le ranch. La prochaine visite a lieu dans une demi-heure, je te suggère de prendre un ticket.
Elle semble visiblement mouchée par ce que je viens de dire. Je n’ai pourtant pas été désagréable. Mon ton était limite platonique. C’est peut-être ce qu’elle n’a pas apprécié. Elle a peut-être cru que je lui parlais comme à une demeurée. Qu’est-ce que je m’en fiche ? L’important pour moi, c’est qu’elle ne s’approche plus de trop près d’Ashton.
Pardon ? Quoi ? Qu’est-ce que je viens de dire ? Je suis qui pour lui interdire de coucher avec qui il veut. Ce n’est pas parce qu’il m’a fait toucher les étoiles que je suis en droit de me montrer possessive envers lui.
— Ouais, je vais faire ça.
Un rictus amer s’affiche tout de même sur mes lèvres face à sa réponse. Quant au nœud dans mon ventre, il ne semble pas vouloir se délier. Bien au contraire, il se serre avec encore plus de force. Hors de question que je sois jalouse !
— Tiens, remplis ça, grogné-je en lui tendant les feuilles d’inscription plus pour détourner ma propre attention qu’autre chose.
Sans se départir de son sale sourire, elle les remplit, avant de me les rendre. Je lui donne les deux tickets qui lui servent de preuve pour participer aux activités et lui demande de bien vouloir laisser la place au suivant. Tout en me laissant un sale regard, elle chuchote quelques mots à son amie. La fille se retourne vers moi et semble lui répondre. J’ignore ce qu'elles disent, mais la manière dont elle me regarde comme si j’étais un rebut me met les nerfs en pelote. D’autant plus que l'instant suivant, elles affichent un sourire satisfait, comme si elles avaient trouvé une superbe stratégie pour m’évincer du plan de la brune. Exaspérée par son attitude, je pousse un long soupir et lève les yeux, avant de les reporter sur un ado boutonneux qui me demande un ticket pour le taureau mécanique. Puis, c’est au tour d’une petite fille qui désire s’inscrire au cours d’équitation.
À enchaîner les personnes, je finis par oublier la brune jusqu’au retour d’Ashton. Sa voix grave, alors qu’il s’adresse au groupe qu’il vient de ramener au point de départ, me fait lever les yeux dans sa direction. Au moment où il se rend compte que je l’observe, il se tourne vers moi, un sourire à croquer à mon intention. Une douce chaleur s’empare de mon organisme. Sous son regard envoûtant, je ne parviens plus à détourner la tête. Malgré le brouhaha environnant, j’ai l’impression qu’il n’y a plus que lui et moi, seul au monde. Mon cœur se met à battre sur un rythme totalement désordonné et mes joues s’échauffent beaucoup trop.
— Mademoiselle ? m’interpelle une voix masculine.
Contrainte et forcée, je me retourne vers l’homme qui me fait face. Un peu rêveuse, je lui lance un sourire qui ne lui est pas vraiment destiné. Quand je le réalise, je me reprends aussitôt en me traitant de tous les noms. Si je continue sur ma lancée, il va finir par croire que je suis en train de le draguer. Non, mais n’importe quoi !
Ashton sort de ma tête et évite d’entrer dans mon cœur.
— Vous souhaitez ? demandé-je pour atterrir totalement.
— Ça fait un moment que je vous observe et je vous trouve très jolie. J’aimerais savoir…
Ok, je le vois venir.
D’un signe de la main, je l’interromps aussitôt. Autant qu’il économise sa salive, je ne lui donnerai pas ce qu’il est venu chercher.
— Désolée, je ne suis pas intéressée, ajouté-je pour que le message soit bien clair.
Il hausse les épaules, comme si ça lui importait peu, et laisse sa place à la personne suivante. À nouveau submergée, je n’ai plus le temps de reporter mes yeux vers ce beau brun qui semble vouloir briser la glace que j’ai placée autour de mon cœur. Quand l’occasion se présente enfin, un nouveau groupe est en train de revenir. Cette fois Ashton ne prête plus attention à moi, bien trop accaparée par la brune qui joue de ses charmes devant lui de manière provocante. Et pourquoi elle ne le sucerait pas devant tout le monde tant qu’elle y est ? Furieuse qu’il ne daigne même pas regarder dans ma direction, je grince des dents et serre les poings. Si seulement Nills ne se trouvait pas dans les parages, je me lèverai bien pour aller en découdre. Néanmoins, je suis certaine qu’il observe ce que je fiche et il ne manquerait plus que je fasse un esclandre. Je lui ai promis de me montrer coopérative toute la journée. Sans autre alternative, je me contente de fusiller les deux bruns du regard. Au bout de quelques secondes qui ne font qu’accroître ce terrible sentiment de possessivité, Ashton finit par me remarquer. À la lueur espiègle qui illumine ses prunelles et son sourire goguenard, je fulmine encore plus. Ça l’amuse de se foutre de moi ?
Sans que je m’y attende, il laisse la brune continuer à parler dans le vide et se dirige vers moi. Arrivé à ma hauteur, il pose ses fesses sur la table, les jambes étendues devant lui et les bras croisés sur son torse dans une attitude nonchalante.
— Tu sais que t’es super belle quand t’es jalouse ?
Je ferme les yeux pour ne pas lui montrer que ses mots me touchent un peu trop. Quand je pense pouvoir faire face sans qu’il me grille, je me tourne vers lui.
— Ne prends pas tes rêves pour la réalité, Ash ! De quoi voudrais-tu que je sois jalouse ?
Il éclate de rire.
— D’une brune qui rêve d’envie de me prendre dans sa bouche, vient-il me glisser à l’oreille.
Son souffle chaud le long de mon cou me fait frissonner.
— Mais, si mon avis t’intéresse, je préférerais que ma queue se trouve entre les lèvres d’une jolie rousse, ajoute-t-il d’une voix rauque en plantant un regard plein de désir dans le mien.
Sa façon de me regarder me fait bouillonner.
— Et si tu veux mon avis, ce n’est pas prêt d’arriver. Je préfère réserver ma bouche à un autre.
Les mots franchissent mes lèvres sans même que je puisse les retenir. Est-ce vraiment le fond de mes pensées ?
Un éclair de colère zèbre son regard. D’un bond, il se redresse, enroule ses doigts avec fermeté autour de mon poignet et m’entraîne à l’écart à l'arrière de l’habitation. Avant même que j’ai le temps de protester et de lui rappeler que Nills compte sur moi, sa bouche percute la mienne. Son baiser est dur comme s’il cherchait à me réprimander de ma petite effronterie. Mon épiderme se recouvre de picotement alors que sa langue s’enchaîne à la mienne. Je m’agrippe à ses cheveux pour éviter de défaillir sous l’intensité de notre échange. Ses mains s’arriment à mes fesses pour me rapprocher de lui. Son érection appuie sur mon bas-ventre. Il est aussi dur qu’une barre de fer. Bien malgré moi, je pousse un gémissement contre ses lèvres.
À bout de souffle, il finit par s’éloigner, me laissant totalement pantelante et en manque de son corps.
— Un conseil, princesse, oublie de suite que ta sublime bouche puisse être autour de la queue d’un autre. Même pas de ton plan cul.
Dans son regard, je peux y lire combien cette idée que je puisse faire une fellation à un autre le met hors de lui. À croire que notre relation est exclusive. Pour qui se prend-il à la fin ? Il n’est pas mon mec. Je ne veux pas de mec. J’ai déjà bien assez donné. J’ai bien trop peur de ce qui pourrait en découler. Une peur viscérale qui me pousse à me blinder encore plus. Je dois être plus forte que ça, ne pas me laisser piéger une nouvelle fois par mon cœur qui tente de revenir à la vie chaque fois qu’Il me regarde, me sourit, me touche.
— Viens, on va s’amuser un peu, avant d’aller manger un morceau, enchaîne-t-il.
Je l’ignore. J’ai besoin de me tenir loin de lui pour me remettre des émotions qu’il a fait naître en moi et reforger ma carapace qui semble vouloir se fissurer. Cette carapace que je me suis créé auprès de Liam pour que plus personne ne puisse me détruire.
— Tu devrais aller faire cette proposition à l'autre brune.
À sa grimace, je sais qu’il n’apprécie pas du tout ce que je viens de lui dire. J’ai même l’impression qu’il est déçu.
— Tu veux que je te dise un truc ?
Pas vraiment, mais quelque chose me dit que même sans mon accord, il me le dira.
— Je t’écoute.
— T’es la seule qui me fait bander, princesse. Ce jour-là, je voulais me prouver que j’étais juste en manque, que j’avais juste besoin de baiser. Que n’importe quelle nana pouvait faire mon affaire. Que tu n’étais pas la seule. J'ai eu tort. J’ai pensé à toi du début à la fin, en imaginant que c’était ta sublime bouche autour de moi.
Il franchit les quelques pas qui nous séparent pour venir caresser mes lèvres de la pulpe de son pouce.
— Viens avec moi, j’te promets que tu ne regretteras pas ta pause.
Son regard me supplie d’accepter et, moi, comme une cruche, au lieu d’écouter l’avertissement que me lance ma raison, je craque. Devant mon accord, son sourire devient rayonnant. Bordel, qu’est-ce qu’il est sexy ! Comment vais-je faire pour ne pas succomber à son charme ?
— Dans ce cas, suis-moi.
Arrivés au milieu des festivités, Ashton me demande de l’attendre tandis qu’il se dirige vers la table des inscriptions. Stacey a pris ma place, certainement lorsqu’elle s’est rendu compte de mon absence prolongée. Je me demande bien ce qu’Ashton a prévu.
Quand il revient vers moi dans une démarche assurée, un sourire en coin sur ses lèvres, mon cœur palpite. Je déteste ressentir l’effet qu’il me provoque. Une fois à ma hauteur, il glisse son bras autour de mes épaules et m’entraîne vers le stand du taureau mécanique.
Sérieusement ? Ne me dites pas qu’il a l’intention de me faire monter dessus ?
— T’as envie de me prouver que c’est toi qui a la plus grosse ? le questionné-je.
Il s’arrête net pour me dévisager, créant un instant de flottement, avant qu’un sourire canaille s’esquisse sur ses lèvres.
— Je n’ai pas besoin de ça pour te le prouver. Tu t’en rendras compte par toi-même quand je serai au fond de toi.
Un courant électrique me transperce de toute part et une douce chaleur s’invite dans mon intimité. Rien qu’avec des mots, ce mec est capable de m’incendier.
— Et si t’arrêtais de vouloir me foutre dans ton lit !
— Si mon lit ne te convient pas, je peux te prendre où tu veux.
Non, mais il n’est pas croyable ! Comment peut-il être aussi sûr qu’on finira par coucher ensemble ? J’ai tout de même mon mot à dire, non ? Outrée, je le fusille du regard, mais visiblement, ça ne l’atteint pas. L’enfoiré se met à rire.
— Tu finiras par me dire oui, jolie Savannah, me chuchote-t-il, avant de laisser sa main glisser dans la poche arrière de mon jeans.
Choquée par son geste, je me raidis.
— Ma main te dérange ?
Si je veux être honnête avec moi-même, la réponse est clairement non. Bien au contraire. Jamais je n’ai ressenti cette délicieuse sensation qui me renverse, alors que ses doigts me caressent avec délicatesse, ni avec Aaron, encore moins avec Liam. Bon, avec ce dernier, ce n’est pas bien compliqué, puisque nous n’avons jamais eu de moment de tendresse hormis quand on s’envoyait en l’air.
— Et si tu te la bouclais deux minutes ? répliqué-je, acerbe en dardant un regard de biais sur lui.
— Le jour où…
Qu’est-ce qu’il m’énerve ! Ni une ni deux, je me place devant lui et plaque ma main sur sa nuque pour l’attirer vers moi. Tant que sa bouche sera occupée avec la mienne, il se la fermera deux minutes. D’abord surpris par mon geste audacieux, il ne réagit pas, mais il lui en faut très peu pour se reprendre et mener la danse. Comme chaque fois qu’il m’embrasse, je fonds littéralement. Qui croyait prendre est pris !
Quand il cesse de m’embrasser, mes jambes flageolent et mon pouls frise des pulsations indécentes. Ce mec va me rendre dingue. Qu’ai-je dit déjà ? Ah, oui ! Je dois me tenir loin de lui.
— Si tu savais comme j’ai hâte de te la mettre dans ta jolie bouche.
Il va me tuer !
— Ouvre-la encore une fois et je t’assure que tu pourras aller te trouver une autre greluche pour faire ta petite affaire.
Il arque un sourcil comme si ce que je venais de lui balancer le sidérait.
— Si c’est vraiment ce que tu veux….
Sans même me laisser le temps de répliquer, il se retourne et se met à marcher pour mettre de la distance entre nous. Surprise, je le regarde s'éloigner sans réagir . Mais, mince à la fin, c’est quoi son jeu à présent ? Hors de question qu’il applique mes paroles à la lettre !
— Ash !
Il s’arrête, mais ne se retourne pas.
— Je croyais que tu voulais qu’on aille s’amuser un peu, poursuis-je, mordante.
Cette fois, il fait volte-face. Son sourire victorieux m’énerve.
En quelques grandes enjambées, il se retrouve devant moi.
— J’adore ta jalousie, rouquine.
Pfffff. Je ne suis pas jalouse, je déteste juste qu’on me laisse en plan.
— Cesse de rêver, beau gosse.
Nouveau sourire totalement irrésistible.
— J’ai l’impression d’avoir marqué quelques points. Je suis passé d’ours mal léché à beau gosse, beau progrès.
Excédée par sa répartie, je lève les yeux au ciel.
Il glisse à nouveau son bras autour de mes épaules et, sans même me demander mon avis, m’entraîne vers le taureau mécanique. Vu l’heure, il n’y a personne, sauf une petite blonde chargée de faire fonctionner la bestiole. Ashton se détache de moi pour aller lui remettre les tickets. Je ne rate pas le sourire aguicheur qu’elle lui lance ni sa façon de tirer sur son t-shirt pour mettre son décolleté un peu plus en valeur.
— Paraît que t’es plus avec Harper ? lui lance-t-elle en s’approchant beaucoup trop près de lui.
Je serre les dents, les fesses et tout ce qu’on peut serrer pour éviter d’aller la remettre à sa place.
— Ouais.
Et pourquoi il le lui confirme ? Cette pétasse va croire qu’elle peut lui mettre le grappin dessus maintenant.
Et, t’es pas jalouse ?
— Ça te branche qu’on se retrouve après la fête chez moi ?
Qu’est-ce que je disais ?
— J’ai déjà un autre programme bien plus intéressant qui m’attend, lui annonce-t-il en se retournant dans ma direction.
— T’as déjà remplacé Harper ? s’étonne la blonde.
— Disons que j’ai trouvé beaucoup mieux, confirme-t-il en me lançant un clin d’œil.
Est-ce que ça veut bien dire ce que ça veut dire ? Pense-t-il vraiment qu’on est ensemble ? Si c’est le cas, va vraiment falloir qu’on en cause. Je ne suis pas prête pour vivre une autre relation. Déposer mon cœur entre les mains d’un mec qui pourrait le piétiner en un claquement de doigt, non merci. Pourtant, mon cœur lui semble vouloir tenir un tout autre discours. J’entends la glace que j’ai déposé tout autour se briser, comme si ce beau ténébreux était la source de chaleur dont il avait besoin pour revenir à la vie.
Me revoilà à lutter contre ce que j’éprouve. Ashton me lance un sourire irrésistible, mais je ne parviens pas à le lui rendre tant je suis divisée. Son visage s’assombrit devant mon manque de réaction. Je voudrais le rassurer, lui dire que ça me touche, cependant je n’y parviens pas. Je reste figée comme une statue, incapable de lâcher le moindre mot.
— Finalement, je ne sais pas ce que je fous ici. Vouloir m’amuser un peu avec toi était une très mauvaise idée, fait-il en passant à côté de moi pour quitter le stand.
Un nœud dans la gorge, je le regarde s’éloigner. Mon cerveau refuse de se reconnecter face à la douleur qui enserre ma poitrine.
— Je crois que j’ai toutes mes chances maintenant, entends-je dans mon dos alors qu’il se trouve désormais à bonne distance de nous.
Je me retourne aussitôt vers la blonde pour lui jeter un sale regard.
— Je crois qu’il a été clair. On est ensemble, alors ne t’approche pas de lui.
J’ignore ce qui me prend de lui sortir un truc pareil, surtout après ce qu’il vient de se passer. Je vois bien dans son regard qu’elle n’en croit pas un mot. Comment le pourrait-elle alors qu’Ashton est parti totalement déçu ? Néanmoins, je refuse qu’il en trouve une autre ? Si je dois coucher avec lui, je veux de l’exclusivité. Je ne suis peut-être pas prête à lui offrir mon cœur, mais hors de question de le partager. C’est juste lui et moi.
Forte de ses pensées, je pars à sa recherche. Quand je le trouve, il descend tranquillement une bière en compagnie de Kyle et de Chayton. Pourtant, ce n’est pas leur présence qui retient le plus mon attention, mais celle de l’autre brune. Elle lui parle, rit chaque fois qu’il ouvre la bouche, laisse ses doigts glisser le long de son avant bras et lui ne dit rien. Quand bien même j’ai mal de voir qu’il passe aussi vite à autre chose, je ne me laisse pas démonter et franchit les quelques mètres qui me séparent de lui.
— Ashton, on peut parler ?
Il plante son regard sur moi. Un regard dur et froid qui n’a plus rien à voir avec ceux dont il m’a habitué. Ses lèvres esquissent une moue, avant qu’il ne reporte ses yeux d’acier sur sa conquête, m’ignorant royalement.
— Ash, s’il te plaît.
Je déteste supplier, mais si je veux qu’il m’écoute, je suis réduite à le faire.
— Je t’ai déjà dit pour toi, c’est Ashton ! Et m'emmerde pas, sinon ça sera Davis ! Maintenant, dégage, j’ai autre chose à foutre !
Sa voix claque comme un fouet alors qu’il reporte son attention sur moi.
— Comme te faire sucer par cette salope ?
C’est bas, c’est vrai.
— Putain, qu’est-ce que t’as à me faire chier, Sav ? Ton message a été parfaitement clair. Reçu cinq sur cinq. Alors, casse-toi, avant que je m’énerve vraiment !
Nos regards se livrent une lutte intense. C’est à celui qui lâchera l’affaire le premier.
— Mec, j’ignore ce qui s’est passé entre vous, mais, si mon avis t’intéresse, tu risques de le regretter si tu ne vas pas écouter ce qu’elle a à te dire, intervient Kyle, nous faisant tourner la tête en même temps vers lui.
Ashton pose à nouveau ses iris sur moi et glisse une main sur sa nuque. Après avoir poussé un long soupir, il finit par déclarer forfait. D’une main autour de mon poignet, il m’entraîne à l’écart, encore une fois derrière la maison de Nills. Sa colère irradie par chacun de ses pores tant elle gronde fort en lui. Plutôt que de lui balancer ce que j’ai sur le cœur, j’avance vers lui dans une démarche chaloupée. Vu son état, je dois d’abord l’apaiser, ensuite je pourrais lui parler. Son regard m’indique qu’il se livre une grande bataille, certainement partagé entre son désir pour moi et sa rancœur face à mon manque de réaction. Tandis que je poursuis mon avancée, il recule jusqu’à se retrouver acculé au mur de la demeure.
— Arrête ton putain de jeu, Savannah ! gronde-t-il.
Je devrais prendre peur, le laisser en plan, passer à autre chose, mais je veux de lui autant qu’il veut de moi. Je ne suis pas prête à lui laisser mon cœur, néanmoins je lui offre mon corps. Une fois à sa hauteur, je laisse une main glisser avec sensualité le long de son torse jusqu’à son membre, déjà bien dur. Alors que je le caresse de haut en bas et de bas en haut, je l’entends déglutir avec difficulté. L’effet que je lui fais est incontestable et me donne l’impression d’être toute puissante.
— Merde, arrête, Sav ! Ton regard a été parfaitement clair, tu ne veux pas de moi !
Les mots me paraissent superflus. Je laisse mon regard refléter tout le désir que j’éprouve pour lui à la place pendant que mes doigts se chargent de déboutonner son jeans.
— Princesse, s’il te pl…
Sa voix se meurt dans un grognement alors que j’enroule mes doigts autour de sa queue. Il est dur, chaud, terriblement doux. J’effectue quelques mouvements de va-et-vient tout en laissant mes lèvres venir goûter à sa peau dans son cou. Puis, je m’accroupis devant lui et sors complètement son membre. Sa vision me donne chaud. Ce mec est terriblement bien monté. Rien que de l’imaginer en moi me fait vibrer de la tête aux pieds.
— Cesse tes conneries, Sav !
Je relève mes yeux vers lui. Le message que j’y décèle est totalement contraire à ce qu’il vient de dire. D’un coup de langue de haut en bas, je lui laisse comprendre que je n’en ferai rien tandis que mon regard reste braqué vers le sien. Je le sens frémir entre mes doigts, j’ai même l’impression qu’il durcit encore plus.
— Ok, suce-moi et ensuite, tu te barres de ma vie.
Nouveau coup de langue sur toute sa longueur, nouveau grognement de plaisir de sa part. Mon pouce joue avec son gland tandis que je continue de le lécher. Quand je sens une perle salée se répandre sous la peau de mon doigt, j’y porte aussitôt ma langue et la lèche du bout de la langue, mes yeux plantês dans les siens.
— Oh, putain, Sav, tu vas me rendre fou ! Prends-moi dans ta bouche !
Je m’exécute aussitôt. Quand mes lèvres se referment autour de lui, il pousse un long gémissement qui me fait partir en vrille. Je le lèche, le suce, joue de mon piercing. Aux bruits que sa gorge émet, je sais que je le rends fou. Sa main empoigne mes cheveux pour s’enfoncer encore plus en moi. Il essaie de me donner le rythme en bougeant son bassin. J’aime tellement l’effet que j’ai sur lui.
— Je vais jouir, m’informe-t-il.
J’accélère la cadence. Ses muscles se bandent, son corps se contracte et il se déverse en moi dans un son rauque qui m’émoustille de toute part. C’est la première fois que j’aime autant tailler une pipe. C’est comme si lui en faire une était une évidence pour mes sens.
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