Fabuleux !
Un jour, enfant, j’ai fait un rêve passionnant. J’errais sans but, admirant le paysage illusoire qui s’offrait à mes yeux. C’était beau, suivre un chemin égaré dans un songe égaré, plaisant et sans difficulté. Un jeu d’enfant de rêver.
Je vins alors à lui, un homme assis sur un banc, seul qui regardait dans ma direction. Ses cheveux noirs et ses yeux bleus étaient sombres, et son teint d’une blancheur jolie, je me risquais à lui parler.
« Comment trouvez-vous ce rêve ? »
Il eu un sourire à cette interrogation, un sourire très sincère et amical, que je lui rendis avec plaisir.
« Comment sais-tu que ceci en est un ? »
« C’est simple, la réalité est bien moins colorée et les gens bien moins beaux. »
Surpris par cette réponse de ma part, il ouvrit grand les yeux. Cela me fit rire, il me proposa de prendre place à ses côtés.
« Ce rêve est magnifique, même le gris du ciel annonçant la pluie me plaît, j’espère ne pas me réveiller bientôt.
- Tu es une petite fille bien singulière, c’est étrange de te voir maîtriser cet univers avec une telle facilité. Viendrais-tu d’un songe toi aussi ?
- Bingo, vous êtes très lucide pour quelqu’un qui n’existe pas. A moins que nous ayons la même histoire. »
Cette hasardeuse phrase, il ne la comprit pas. Cet homme n’existait pas dans la réalité, il était simplement un personnage du rêve, comparé à moi qui possédait les deux réalités dans les yeux : le monde du sommeil et le monde du réveil. J’étais heureuse de pouvoir m’entretenir avec lui, il s’appelait Lewing. Quand la fin du songe commençait à se faire ressentir, je lui promis de revenir le voir au rêve prochain, et je me réveillais.
Au fils des nuits, je le croisais quelques fois, quand j’arrivais à me souvenir du chemin. Il devint mon ami, mon confident irréel. C’était fabuleux, le retrouver après des mois sans songer et s’éteindre car on s’est tellement manqués. Lewing m’a vu grandir, évoluer et resplendir encore plus qu’à notre rencontre fortuite.
Puis, un lien très fort s’est ancré en nous. Nos deux âmes dansaient ensemble, merveilleuses compagnes insoupçonnées. Je l’aimais de tout mon cœur et il m’offrit ses sentiments, Lewing mon bonheur illusoire. J’étais la fille, amoureuse de ses rêves.
Annotations
Versions