Anatomie comparée
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En regardant au loin, c’était le gros orteil,
La phalange distincte et ses autres comparses
J’en sentais chaque corps et chaque ongle pareil
Et sentais les métas se rattacher aux tarses.
En montant doucement le long du tibia
La fibula fixée à lui comme une agrafe
Laissait songer au tronc d’un maigre séquoia
Ou le fémur immense atteignant la girafe.
Puis ce fut la colonne entamant le coccyx
Après un long sacrum aux pendants iliaques,
Puis ce fut deux et trois et quatre et cinq et six
Et vingt-quatre autres pics, pointus, démoniaques!
Car sans m’en rendre compte, apposé sur l’atlas,
En comptant et montant, j’avais atteins le crâne.
La mandibule ouverte et le frontal, hélas
Présentaient, oh, surprise, un cri sans filigrane.
Et je redescendis, les yeux plein d’embarras
Le long de ce long cou : scapula, clavicule…
Quand soudain l’humérus précédant l’avant-bras
S’entre-ouvrit au besoin tel un grand tentacule.
De la main je ne vis que ce métacarpien
Plongeant dans ses métas mais frôlant la phalange :
Les doigts étaient blanchis pareil à l’olympien,
Rongés d’anxiété devant tout ce mélange.
Car j’avais contre moi, nonobstant le sternum,
Un thorax étendu : nous étions, côte à côte,
Bassin contre bassin, couvert de sodium,
Un seul corps écorché qui lentement sursaute…
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