11. La secte de la Dame rouge - 3/3

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  Contrairement à ce qu’avait laissé entendre Seth plus tôt, en traversant le château en compagnie de Leah, Ethan se rendit compte qu’aucun élève n’était costumé. En réalité, la directrice avait formellement interdit les déguisements.

  La plupart des couloirs étaient déserts, tout le monde était dans la salle de banquet puisqu’il devait déjà avoir débuté. Ils arrivaient au niveau du bureau du professeur Tarr lorsqu’un bruit suspect troubla l’attention d’Ethan. Il s’arrêta net.

— Tu as entendu ? demanda-t-il à Leah.

— Entendu quoi ?

— J’ai cru entendre quelqu’un chuchoter.

— C’est sûrement encore un des enchantements d’Halloween. Ils vont nous rendre tous fous à force.

  Il continua de tendre l’oreille quelques secondes, mais ne perçut plus rien. À l’instant où il se remit en marche, il fut soudainement plaqué contre le mur par deux individus cachés derrière une statue.

  Ils portaient une longue robe de sorcier rouge sang à capuche ainsi qu’un masque pourpre, dissimulant leur visage. Cependant, d’après la taille des assaillants, Ethan devinait qu’ils étaient en première ou deuxième année, tout au plus.

— Tiens, tiens, tiens. Qu’avons-nous là ? dit le plus petit des deux.

  La voix étouffée par le masque, Ethan ne réussit pas à la reconnaitre.

— On dirait bien un humain, répondit le second avec un rire.

  Le premier sortit sa baguette et la pointa contre le front d’Ethan.

— Tu tombes mal on dirait, ricana ce dernier. Sais-tu ce que je déteste encore plus que les humains ?

  Toujours plaqué contre le mur, Ethan tentait d’atteindre discrètement sa baguette logée dans sa robe de sorcier.

— Les humains qui se prennent pour des sorciers, continua-t-il. Ceux-là, ils sont pires que tout.

  Leah qui avait été jeté au sol à l’arrivée des deux individus essaya de reprendre contenance.

— Laissez-nous tranquilles, s’écria-t-elle en se remettant debout. Ou bien j’appelle un professeur.

— Toi, la ferme, répliqua celui qui maintenait fermement Ethan contre la pierre.

— Vous allez avoir de gros soucis, parvint à dire Ethan malgré l’avant-bras de son agresseur qui lui appuyait sur la gorge.

— Je crois que tu as mal compris, cracha celui qui le pointait de sa baguette. C’est toi qui as un problème là.

— QU’EST-CE QUI SE PASSE ICI ? tonna une voix derrière eux.

  Tous tournèrent la tête vers le professeur Tarr qui fixait de ses yeux jaunes les deux assaillants d’Ethan, la baguette à la main.

— Écartez-vous de lui, ordonna-t-il. Et plus vite que ça.

  Les deux jeunes masqués ne se le firent pas dire deux fois. Le plus petit rangea vivement sa baguette dans sa poche et s’écarta dans une attitude soumise.

— Suivez-moi tous. En silence.

  Oliver tourna les talons et partit dans le couloir sans attendre. Il n’avait même pas pris la peine de demander ce qu’il s’était passé ou qui se cachait derrière les masques. Lorsqu’ils arrivèrent devant une imposante porte blanche, au sixième étage, Ethan comprit pourquoi.

  Le professeur les fit entrer dans la pièce sans dire un mot. Il s’agissait de l’une des rares salles dans laquelle Ethan n’était jamais venu. Le bureau de la directrice. Elle était installée sur son imposant siège de cuir et semblait les attendre.

  Elle tourna la tête vers Ethan et demanda simplement.

— Eh bien, expliquez-nous ce qu’il vient de se passer.

  Ethan ouvrit la bouche avec surprise. Il avait du mal à comprendre comment Foubadil pouvait déjà savoir qu’il y avait eu un incident. Néanmoins, il se reprit rapidement.

— Nous allions partir au banquet lorsque je me suis rendu compte que j’avais oublié ma robe de sorcier. Leah a accepté de m’attendre, c’est pourquoi nous étions en retard. Sur le chemin vers la grande salle, ces deux personnes, précisa-t-il en pointant les hommes masqués du doigt, nous ont agressés et menacés.

— Ils m’ont jeté au sol et ont plaqué Ethan contre le mur en le menaçant avec leur baguette, ajouta Leah d’une petite voix.

  Foubadil hocha la tête puis se tourna vers les deux adolescents encapuchonnés.

— Abaissez vos capuches et retirez vos masques, leur ordonna-t-elle froidement.

  Les deux jeunes gens obtempérèrent et Ethan découvrit ainsi, sans trop de surprise, qu’il s’agissait de Seth et de Samus. Trop honteux, ils baissaient la tête et n’osaient même pas regarder le professeur Foubadil. Cette dernière se leva lentement, la mine grave.

— Monsieur Haddon, monsieur Barlow, vous me décevez beaucoup. Non seulement vous vous déguisez alors que je l’ai formellement interdit, mais en plus vous utilisez un accoutrement qui n’est pas convenable. Vous osez porter des tenues de la secte de la Dame rouge, ici, dans mon château ?

  Sa voix devenait de plus en plus forte à mesure qu’elle les réprimandait, l’air autour d’elle semblait vibrer avec fureur.

— Vous avez l’audace de vous en prendre à un élève qui arrive du monde des humains avec de telles tenues ? Oh, ne faites pas le surpris monsieur Haddon, je sais pertinemment que vous savez d’où nous vient monsieur Thobois.

  Elle marqua une pause, observant durement Seth et Samus.

— Les dérives sectaires n’ont rien à faire dans mon établissement. Que je ne vous y reprenne plus, ou bien, ce sera la dernière fois que vous mettrez un pied dans ce château.

  Les deux élèves de Pyro marmonnaient des excuses, mais la directrice, qui s’était tourné vers le professeur Tarr, ne semblait pas y faire attention.

— Oliver, conduisez monsieur Haddon et monsieur Barlow aux cuisines. Il n’y aura pas de banquet pour eux ce soir. Ils passeront leur soirée et même la nuit s’il le faut à récurer les assiettes et les casseroles. Précisez aux lutins qu’ils ont interdiction de les aider. En espérant que ça leur serve de leçon.

  Samus sembla vouloir répliquer, mais Seth l’en dissuada d’un seul regard. Ils suivirent Oliver et quittèrent le bureau, la tête basse.

  L’atmosphère dans la salle s’apaisa aussitôt. Foubadil aussi semblait plus calme. Elle se rassit derrière son bureau et s’adressa à Ethan d’une voix plus douce.

— Avez-vous été blessé, monsieur Thobois ?

— Non, le professeur Tarr est arrivé au bon moment.

— Bien, l’affaire est close dans ce cas. Allez profiter du banquet.

— Merci professeur, lui répondit Ethan en inclinant la tête avant de sortir de la pièce en compagnie de Leah.

— Ils sont vraiment allés trop loin cette fois-ci, lui dit cette dernière une fois dans le couloir.

— Avec un peu de chance, ça les calmera un peu et ils me laisseront tranquille, espéra Ethan avec lassitude.

  Tandis qu’ils approchaient de la grande salle, ils entendirent une sinistre mélodie ainsi que les bruits de conversations et les tintements de couverts contre les assiettes.

  À l’occasion d’Halloween, la grande salle avait également été décorée. Les boules de lumières dans les arbres avaient été remplacées par des citrouilles taillées et les oiseaux avaient laissé place à des chauves-souris qui voletaient dans toute la salle ou bien restaient pendues, tête en bas, aux branches.

  Des citrouilles avaient aussi été installées sur les tables et le long du chêne central. Près de la table des professeurs, où Oliver et la directrice avaient repris leur place, un orgue était entreposé. Un squelette animé y jouait une marche lugubre.

— Qu’est-ce qui vous a pris si longtemps ? s’enquit Derek en voyant Ethan et Leah approcher.

  Ces derniers commencèrent par s’installer et se servir une généreuse assiette avant de raconter leur péripétie.

— Ils étaient déguisés avec des tenues de la secte de la Dame rouge ? s’exclama furieusement Derek. Pourquoi est-ce que je ne suis pas surpris ?

— C’est quoi cette secte ? lui demanda Ethan qui en entendait parler pour la première fois.

— Tu te souviens des illuminés, dont nous a parlé Sullen ? Ceux qui pensent que Morgane est toujours en vie ?

  Ethan hocha la tête.

— Eh bien ce sont eux. Comme Morgane, ils détestent les humains et leur objectif est de trouver un moyen de la libérer pour ensuite détruire leur monde.

— C’est dégueulasse, s’insurgea Ethan.

— D’après mon père, ce sont les descendants des partisans de Morgane lors de la Grande Guerre avec Merlin.

— Vous pensez que Seth fait vraiment partie de la secte ? demanda Nate.

— Honnêtement, aucune idée, répliqua Derek en haussant les épaules. À mon avis, ils essayaient simplement de vous effrayer.

— Tout ce que je sais, c’est que récurer toutes ces casseroles va leur faire le plus grand bien, ajouta Ethan avec un rire.

  Ils passèrent le reste du banquet à imaginer les têtes de Seth et Samus face à la montagne de vaisselles qui les attendaient.

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