Nous y voilà.

Enfin mardi, je dois reprendre le travail, et je n'en ai aucune hâte. J'ai fait des cauchemars toute la nuit de mon patron qui me hurle dessus, mes ailes qui se déploient et se jettent sur lui pour le tuer, c'était horrible.

Je n'arrête pas d'y penser, ça me hante durant tout mon petit-déjeuner et le trajet pour aller au bureau.

Quand j'arrive à mon poste, mon patron n'est pas encore arrivé. Bizarre, d'habitude il est toujours là bien avant moi, mais bon, comme on dit : pas de nouvelle, bonne nouvelle.

Aujourd'hui, je peux sereinement dire bonjour à tous mes collègues, sans me sentir épié, ou craindre qu'à un moment ou à un autre, je l'entende me crier dessus devant tout le monde.

*  *  *

"AMINE ! QU'EST-CE QUE C'EST QUE CETTE HISTOIRE ??? DANS MON BUREAU IMMÉDIATEMENT ESPÈCE DE VAURIEN !!!"

Sa voix hargneuse me fait tressauter de ma chaise, je me retourne vers lui complètement horrifié, espérant de toutes mes forces que mes ailes, par la surprise, ne se soient pas déployées. Par chance, ce n'est pas le cas.

Il me regarde d'un air foudroyant.

Je me lève abattu et tremblant, et me dirige vers son bureau. Il me suit d'un pas rapide et nerveux, il est bouillant de colère.

« - TU OSES TE PERMETTRE DE PARTIR EN VACANCES PENDANT 1 SEMAINE, 1 SEMAINE !!!!! SANS M'EN PARLER, ET TU TE POINTES COMME UNE PETITE FLEUR LE MARDI, MAIS POUR QUI TU TE PRENDS AMINE ???

- Je suis désolé, je...

- FERMEZ-LA ESPÈCE D'INCAPABLE, JE NE T'AI PAS DIT DE L'OUVRIR !! Tu sais quoi ? Trop c'est trop, t'as tout gagné, je vais appeler tes amis dans ton pays, et ils vont te faire une jolie petite dérogation pour que tu disparaisses à jamais de ma vie, espèce de larbin, j'ai été bien trop gentil avec toi, je n'aurais jamais dû accepter quelqu'un comme toi !

- Non, attendez, s'il vous plaît...

- JE T'AI TOUJOURS PAS DIT DE L'OUVRIR !!"

Face à son comportement si agressif et injustifié, je sens une colère noire montée en moi. Je baisse la tête pour essayer de la contenir, mais ça ne marche pas. Je me tourne vers la porte de son bureau et constate qu'elle est fermée.

Je sens la colère me submerger, je sens que je perds le contrôle de moi-même, j'ai soudain l'impression de passer au second plan et que quelqu'un d'autre prend le contrôle de mon corps. Je sens mes ailes sortir de mon dos doucement, mais mon patron ne voit rien parce qu'il est trop concentré sur ses touches de téléphone.

Une voix rauque et dominante sort de ma bouche, mais ce n'est pas la mienne :

« - Pose ce téléphone tout de suite si tu ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit." Mon patron lève les yeux et constate avec effroi le sombre personnage se trouvant devant lui.

"- Amine, ... Vous... Vous ne me faites pas peur !

- POSE CE TÉLÉPHONE !" il s'exécute affolé " Pendant trop longtemps, tu t'es moqué de moi, ce temps est révolu, il est temps maintenant que les rôles s'inverse !"

- A L'AIDE, AU SECOURS !!!! »

Rapidement, je sens mes ailes se dissimulées dans mon dos, je n'ai pas le temps de me rassoir que 4 personnes entre dans la pièce :

- DES AILES, IL A DES AILES, C'EST UN MONSTRE !!

- Quoi ? Des ailes ??

- Monsieur, calmez-vous, ça va aller !

- Amine qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Il était en train de me menacer, quand d'un coup il s'est mis à me hurler que j'avais des ailes, et à me traiter de monstre, et il est devenu tout blanc, comme s'il avait vu un fantôme ! Mais je ne l'ai pas touché, je n'ai rien fait !

- Il doit faire une crise de nerfs

- FAITES LE SORTIR AVANT QUE CETTE BÊTE NE ME TUE !!

- Du calme... Respirez calmement...

- C'est quoi ces gros trous dans ta chemise ?! C'est lui qui t'a fait ça ??

- Euh... Je...

- Bon, j'ai appelé les secours, ils arrivent bientôt ! »

Quelques instants plus tard, les secours sont là, ils maîtrisent le patron et l'escorte de son bureau. Les infirmiers nous informe que le patron va peut-être être interné si son état ne s'améliore pas. Puis ils se tournent vers moi et me rassurent en me disant que je n'ai plus rien à craindre de lui.