C...ommencement
Ce premier rendez-vous somme toute sympathique me laisse sur ma faim. Comme je ne suis pas farouche, j’enchaine les discussions avec Pierre, Paul, Jacques. Au début, médusée, je comprends qu’une certaine norme (pour certaines rencontres) semble être de s’échanger le numéro de téléphone afin de pouvoir s’envoyer par la suite des MMS dénudés (ou pas). Après une improbable appréhension à délivrer mon 06 tout bonnement, je finis par céder en désacralisant ce geste plus qu’anodin. Bref, je me remets au goût du jour, découvre le mode d’emploi et franchis deux niveaux différents d’un coup dans l’échelle de l’intimité. Le but : exciter l’esprit, fantasmer l’autre, susciter la rencontre. Jeu explicite qui m’amuse et qui me plaque vite au pied du mur, attrapée dans les filets de la séduction virtuelle, avec un passage à l’acte inévitable ou pas (au risque de passer pour une allumeuse).
Un soir, un à la belle tignasse me fait rire. Les jours défilent et d’un coup, la dérive, je me surprends à lui parler cru. Il semble avoir capté mon côté coquin, celui qui ne demande qu’à éclore, enfin. Lui, je ne vais pas le rencontrer sur une terrasse de café. Non, il va juste débarquer chez moi après manger, deux heures plus tard, car j’ai dit oui ! Katastrophe ! Il pourrait être un psychopathe… me préoccupais-je de très très loin… puis je pense surtout que j’ai le chic pour me mettre dans des situations borderline… bref, ainsi soit-il, tout va bien se passer. Prête à tout (ou presque), je commence à boire en amont pour dire de me détendre un peu et puis je reste en tenue d’Eve sous mon peignoir par la même occasion. Dédoublement d’audace. Pourquoi m’habiller pour me désaper aussi vite, surtout que Monsieur a un penchant pour la nudité, donc je m’adapte.
Le temps de rien d’autre. L’interphone sonne. Oups. Les battements du cœur s’accélèrent. Un grand gaillard aux cheveux frisés apparaît alors à la porte. À première vue, il semble moins séduisant qu’en photo, mais avec un petit je ne sais quoi de charmant tout de même, un léger zézaiement en plus. L’alcool est bénévole et soutient la discussion banale pendant au moins dix bonnes minutes. En effet, Monsieur n’est pas venu pour refaire le monde (et a un timing serré). Un rapprochement physique un poil maladroit brise la glace.
On y est donc là, dans la résultante de mes actions. Je me réjouis tout en restant de marbre. Excercice périlleux que de se donner à un corps étranger (même si vu sous toutes les coutures par photos avant). Son torse imberbe et musclé n’est pas pour me déplaire. C’est d’ailleurs lui qui m’a attiré, j’avoue. Les mains suivent leur propre itinéraire et créent un pont entre les deux atomes patauds. Je ne suis pas une machine de sexe, à froid. Voudrais-je en être une ? Saurais-je l’être ? Mon hôte, de son côté, non plus. Il se démène comme il peut avec son appendice. La bête est impressionnée et ne déploie pas son plus beau profil. C’est ballot.
Il avouera n’avoir jamais débarqué à l’improviste. Je me console en tâtant ses bourses, toujours un plaisir indescriptible. Il restera quelques heures, le temps de faire le tour de ma propriété, entre frustration et envie, avant d’être rappelé par ses obligations familiales (beaucoup trop de marmaille). Je le reverrai deux autres fois (au gré de sa disponibilité), assez, pour comprendre qu’aucune touche de fantaisie ne saurait émerger dans son rodage bien trop répétitif. Monsieur semble souffrir d’un traumatisme envers la gent féminine et demeure braqué sur son costume trois pièces et deux positions à tout casser. Aucune place à la sensualité donc.
Conclusion : Trop de mécanique, tue la nique.
Actions à mettre en place : Trouver un mec disponible déjà.
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