Dans les entrailles du courage
La pluie cingle notre royaume.
Un champs de ruines. Je dirais même un champs de tombes. La tristesse agresse les visages.
Le dragon rejoint une des collines présente derrière les nuages.
Les survivants sont peu nombreux. Nous pouvons dire que nous sommes tous morts. L’espoir a brûlé avec nos compagnons. Les cris et les pleurs cassent un silence de plomb, renforçant le désastre que nous subissons.
Rexel et Daranor sont retrouvés incendiés, côte à côte. Ils souhaitaient certainement rejoindre les étoiles en enterrant d’anciens conflits. Ils ont commencé en tant qu’ennemis, fini en tant qu’amis. Leur souhait le plus cher résidait dans le partage d’un dernier combat en supprimant les milliers d’autres à s’affronter. C’est chose faite. Le sacrifice de deux grands rois.
Leur corps propage des effluves de paix à tous les damnés. Ils nous indiquent le chemin, nous ordonnent de ne pas abandonner.
Ils nous prouvent, de la façon dont ils sont couchés, que nous ressentons tous des sentiments et que les anges ainsi que les démons peuvent cohabiter. C’est du moins le message que je décrypte.
La quiétude nous a quitté, mais nous pouvons encore repêcher la persévérance avant que le chagrin ne la noie, elle aussi.
Une des murailles de notre château ne s’est pas encore écroulée. Je monte sur la roche trempée par l’orage qui approche. L’averse qui tombe cache les larmes, mais n’empêche pas les larmoiements.
Tous mes compagnons sont accroupis près des défunts. Ils prient. Pleurs.
Je ravale la boule qui se coince dans ma gorge, et attire la foule par un « écoutez-moi ! » au ton cassé.
Je racle ma gorge puis, lorsque j’attrape l’attention des survivants, prends la parole.
*****
Le chemin ne va pas être de tout repos. Après de longues minutes de réflexion, ils m’ont tous écouté et soutenu. Quelques sceptiques ont décidé de faire leur route seule. Choix que je comprends tout à fait. Les risques que nous allons prendre sont nombreux. Le danger est partout, mais cette issue solitaire nous mènera à la victoire !
C’est l’unique façon de reprendre ce qui nous appartient. Notre liberté, Notre vengeance, notre âme !
Au fait, je ne vous ai toujours pas dit ce que nous allions accomplir ? Quel maladroit je suis !
Nous allons emprunter des routes vertigineuses, gravir des montagnes, combattre de dangereuses créatures pour rejoindre la colline sur laquelle le dragon s’est réfugié. En tout cas, je le présume.
Une fois en haut me direz-vous ?
À vrai dire, je ne sais guère pour l’instant, mais le voyage me permettra de réfléchir à un potentiel plan d’attaque. Pour le moment, nous devons nous préparer au grand départ. Nos ailes ne nous seront d’aucune utilité. Nous devrons être discrets. Nous ne savons pas ce qui nous attend là-bas. La route sera certainement très longue.
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