Chapitre 5
Une fois à Ocar, notre première action a été de vendre la viande que nous avions récoltée et notre surplus de flèches. À nous deux – Meton la taille des pointes et moi l’assemblage – nous avions réussi à en confectionner une petite douzaine pendant ce voyage. Puis nous nous sommes rendus à l’adresse que nous avions obtenue lors de notre précédente visite. Drayt Importation, sans autre indication. Cela me semblait un peu juste pour trouver l’entrepôt. Mais il n’y avait que deux solutions. Soit ses marchandises arrivaient par bateau, auquel cas je le localiserai sur les berges du fleuve, soit il organisait des convois qui traversaient la montagne, la partie ouest de la ville serait alors plus adaptée. Ça a été cette deuxième solution qui s’est révélée la bonne. Mais le trouver n’a pas été aussi difficile que je l’avais craint. Il était relativement connu. Pas à cause de l’ancienneté de son affaire, mais plutôt parce qu’il avait réussi quelques gros coups qui lui avaient rapporté beaucoup. Ses transactions sentaient un peu le soufre, sans paraître franchement malhonnêtes.
À l’aube, je m’étais présentée à l’entrepôt, mais le patron n’était pas présent. Un débardeur nous a renseignés. Il ne venait que l’après-midi, pour contrôler la marchandise fraîchement livrée. Le matin, il rencontrait ses clients et fournisseurs. Parfait, ça allait me laisser une chance de peaufiner le discours que j’allais lui servir.
Sitôt que le soleil eut passé le zénith, je me suis rendu une nouvelle fois à ses bureaux. Il n’était pas encore là, mais je n’ai pas eu longtemps à attendre. Le stoltz était une grande perche sèche, loin de l’aspect enveloppé qu’arboraient les marchands prospères. Mais sa tenue en tissu chamarrée devait coûter fort cher.
— Drayt de Cloav, s'est-il présenté en nous saluant.
J'ai remarqué qu’il n’avait donné de sa lignée que le nom de son père. Quand on est né dans un pays tel que l’Helaria, ce genre d’omission était révélateur. Mon sexe allait certainement poser un problème avec lui. J’allais devoir le secouer un peu. Et comme je m’y attendais, ça a été Meton qu’il a invité à entrer, pas moi. Je n’étais pas la bienvenue. Soit. J’allais bien m’amuser. Lui, nettement moins.
— Nous sommes des enquêteurs privés envoyés par le prince de Valar, a commencé Meton.
— Des enquêteurs privés ? Vraiment ? s’est-il étonné. Et qu’espèrent de moi deux enquêteurs en provenance d’une province si minuscule que je n’en ai jamais entendu parler.
Et pour cause s’il ne la connaissait pas. Elle n’existait pas.
— Que vous ne la connaissiez pas, je veux bien le croire, ai-je protesté. Mais petite, n’exagérons rien. Elle occupe une bande de presque cinq cents longes sur les rivages de la mer océane, loin à l’est. Et chacune de ces dix cités vaut bien Ocar.
Il a paru ignorer mon intervention, comme son statut de mâle dominant semblait le lui imposer. Mais quelques signes discrets m’ont indiqué qu’il était impressionné par la puissance que je venais d’évoquer. L’empire Ocarian ne comportait pas autant de villes que l’on pouvait qualifier de cités, guère plus de cinq ou six. Ça plus le fait qu’il pouvait envoyer des émissaires aussi loin de ses frontières en disaient long sur ce royaume. Ou plutôt cette principauté. Il a invité Meton à s’asseoir. Il n’y avait pas de chaise pour moi. Qu’à cela ne tienne, je suis passée devant lui et me suis installée sur son propre fauteuil. Il est resté un moment interdit, ne sachant comment réagir. Si j’avais été seule, il n’aurait pas hésité à me frapper pour me chasser. Enfin, il aurait essayé. Mais devant Meton, il s'est montré plus prudent.
J'ai sorti la gemme de Vespef de ma poche et l'ai posée sur le bureau, devant moi. Il l'a regardée, incrédule.
— Malgré sa beauté, ce bijou n’est que du quartz, a-t-il dit, il n’a aucune valeur.
— L’année dernière, la fille du prince de Valar a été enlevée avec sa servante, contre une demande de rançon. Le prince adorait sa fille, il a donc payé sans chercher à discuter avec les ravisseurs. Une somme élevée, l’équivalent de plus de cent mille ocars.
Le trafiquant n'a pu s’empêcher de sursauter devant l’énormité de la somme.
— Et sa fille ne lui a pas été rendue, a-t-il terminé.
— En fait, si. Mais sous forme de cadavre. Et vu son état, sa mort n’a pas été douce. Et la domestique est toujours disparue.
— Le prince cherche donc la domestique.
— Le prince se fout de la domestique, ai-je protesté. S’il la retrouve, en admettant qu’elle soit encore vivante, il pourra l’interroger pour savoir ce qui s’est passé. Mais ce qui l’intéresse vraiment c’est de trouver les assassins. Il a promis une somme équivalente à la rançon pour celui qui lui ramènera la tête de leur chef.
— Et ce pendentif. Il me paraît trop pauvre pour une princesse aussi riche.
— Il appartenait à la domestique. Nous l’avons acheté chez un revendeur, sur la place du marché. Et c’est vous qui l’avez fait venir en Ocarian, est intervenu Meton.
— Et que voulez-vous que j’y fasse, je reçois plein de bijoux de toute origine. Je ne sais pas toujours d’où ils proviennent.
— J’attends que vous nous disiez comment il est arrivé ici. Vous disposez de registres bien tenus, il me semble.
Le marchand a croisé les bras.
— Je ne donne pas mes sources à n’importe qui, a-t-il protesté.
— C’est votre choix, ai-je acquiescé, mais je vous conseille de le faire. Parce que si ce n’est pas à nous, ça sera directement au prince. Ou à l’un de ceux qu’il va envoyer quand on aura retourné notre rapport. Et je doute qu’il se montre aussi conciliant que nous.
Il a esquissé un sourire. Il se croyait sûr de lui.
— Le Valar se trouve trop loin pour m’inquiéter. Il ne peut rien à Ocar.
— Nous sommes bien arrivés ici, nous, ai-je remarqué.
Innocemment, j'ai sorti un poignard de son fourreau caché dans la tige de ma botte, et me curais les ongles avec. Ce geste a semblé avoir un effet déstabilisant sur ce trafiquant. Il avait cessé de me voir comme une faible femme tout juste bonne à jouer les domestiques et commençait à envisager le fait que je pouvais être dangereuse.
Le marchand s'est décidé. Il a pris un gros volume dans son étagère et l'a posé sur le bureau. Puis il a examiné attentivement la gemme. Et il a parcouru le livre.
— Le cordon de soie est-il d’origine ou est-ce un ajout récent ?
— D’origine. La princesse l’avait offert à sa domestique. Pourquoi ?
— Parce que cela signifie que je ne consulte pas le bon registre. Il a plus de valeur que la pierre, c’est lui que j’ai référencé.
Il est retourné à son étagère et a pris un autre volume, tout aussi gros que le premier. Après l’avoir feuilleté un moment, il a parcouru les lignes d’une page.
— Nous y voilà, a-t-il dit, un cordon de soie circulaire écru, sans fermoir monté d’une… non, ce n’est pas lui.
Il a tourné encore quelques pages avant de trouver ce qu’il cherchait.
— Cordon de soie circulaire écru de cinq mains de longueur supportant un quartz taillé en poire percé à son sommet et maintenu par un anneau de cuivre.
— C’est exactement ça, a répondu Meton.
— Il est arrivé par une caravane en provenance de l’ouest.
— Laquelle ?
— Un instant, c’était en 1080, le 18 du mois de Ujemoï.
— C’est en pleine saison des tempêtes, ai-je grondé, les caravanes circulent pendant cette période ?
— Des tempêtes ? Il y en a, mais je n’ai pas remarqué qu’il y avait une saison pour cela.
Je m’en suis rendu compte trop tard, mais je venais de dire une bêtise. Le climat n’était pas le même en Helaria qu’aussi haut dans le nord du continent. S’il enquêtait un peu, il découvrirait quels pays connaissaient des saisons des tempêtes. Et ils ne se situaient pas sur la côte occidentale de l’Ectrasyc. J’espérais qu’il n’était pas assez intéressé pour mener des recherches puis en parler aux autorités.
J'ai recommencé à jouer avec mon couteau, histoire de lui donner la motivation pour accélérer son travail. Et aussi, lui faire oublier mon faux pas. Mais c’était inutile. Il fouillait déjà dans un autre volume où il n'a pas tardé à trouver notre renseignement.
— Ce pendentif faisait partie d’un colis en compagnie de diverses babioles, expédié par mon correspondant en Segel.
— Le Segel ?
— Vous remontez la vallée, vous passez le col et quand vous êtes redescendu de la montagne vous êtes au Segel.
— Je sais où ça se trouve, a corrigé Meton. Je suis surpris qu’il vienne d’aussi près.
— Ce genre de colifichets n’a aucune valeur. On ne les expédie pas loin en général, le prix du transport deviendrait vite prohibitif. En fait, ils ont dû prendre ce chargement au cas où ils croiseraient des montagnards, pour acheter le passage. Mais ils devaient être occupés ailleurs, ce qui a permis à la caravane de voyager sans encombre.
J’ai eu du mal à l’admettre, mais son raisonnement se tenait.
— Vous nous donnez le nom de l’expéditeur ? a demandé Meton.
— Bien sûr, à combien estimez-vous sa valeur ?
J’aurais dû m’en douter.
— Dois-je vous rappeler l’identité de la personne qui nous mandate, et surtout pourquoi ?
— À vous croire, un prince richissime. Quelques dizaines d’ocars ne représentent rien pour vous.
— Nous ne disposons pas beaucoup d’ocars, a expliqué Meton. Cette monnaie n’a pas cours au Valar et la nôtre n’a aucune valeur ici. L’argent dont nous disposons vient de bijoux que nous avons vendus.
— Dans ce cas (il a rangé son livre sur son étagère), apportez-moi quelques-uns de ces bijoux, j’estimerai combien ils valent.
Il n’y avait plus rien à faire. Je me suis levée si brusquement que ma chaise a basculé. Elle a heurté l’étagère, couverte de bibelots, qui se trouvait juste derrière. Elle a commencé à osciller dangereusement. Pour l’empêcher de s’effondrer, je l'ai retenue. Drayt n'a pas sourcillé.
— Il ne sert à rien de m’intimider, a-t-il déclaré. Si vous aviez cassé tout cela, je ne vous aurais pas laissé quitter la ville tant que vous n’auriez pas payé les dégâts.
Il se méprenait sur mes intentions. Je n’étais pas folle au point de commettre une agression sur un marchand aussi en vue, même si son honnêteté laissait à désirer.
— À combien estimez-vous le renseignement ? a demandé Meton.
— Je pensais à dix pour cent de la récompense, a répondu Drayt.
— Dix pour cent, c’est un peu excessif, ai-je fais remarquer.
— Ma collègue à raison, a ajouté Meton. Mille Ocars pour le nom d’un fournisseur, c’est beaucoup.
— Combien proposez-vous dans ce cas ?
— Cinquante ocars, pas plus.
Je m’attendais à ce que Drayt ait un rire sardonique, comme on en donne aux méchants dans les histoires. En fait, il s'est réveillé joyeux, presque enfantin.
— Soyez sérieux. Sans cette information, vous êtes coincés. Cent cinquante ocars.
Il avait baissé ses prétentions. Mais elles étaient encore trop élevées pour nous.
— Soixante-quinze ocars, a proposé Meton.
— Cent ocars, mais vous payez immédiatement.
— Va pour cent ocars. Mais nous devons rentrer à l’hôtel et monnayer quelques bijoux, l’affaire de deux ou trois jours.
Tout en formulant la proposition, je réfléchissais au moyen de nous procurer une telle somme.
— J’ai dit immédiatement ! a objecté Drayt.
— Mais nous n’avons pas une telle somme sur nous, a protesté Meton. Il faut passer à notre hôtel pour la récupérer.
— Ah bon ? Je vois au doigt de votre compagne une bague qui doit bien coûter vingt ocars, et trente pour son bracelet. Si on ajoute la fibule, vous avez rassemblé plus de la moitié de la somme.
« Pas les cadeaux de mon père ». Ça a été la première pensée qui m'est venu à l’esprit. La plupart des bijoux que je possédais, c’était lui qui me les avait offerts. Chacun avait une signification. Mon bracelet datait de mon entrée dans la corporation des guerriers. C’était sa première expérience avec les métaux. La bague, taillée dans une roche veinée, symbolisait le passage du temps. Il rajoutait une pierre pour chaque siècle écoulé. La chaînette… Elle n’avait aucune signification. C’était sa première réalisation utilisant de l’or. Ma mère, mes sœurs et moi étions souvent les bénéficiaires de ses premières expériences quand il testait un nouveau matériau ou une nouvelle technique. Et en fait, je ne m’étais jamais rendu compte que je portais une telle somme sur moi. Mais je ne pouvais pas m’en séparer.
J'ai vérifié mentalement les autres bijoux que je portais ne venant pas de lui. Mes amants ne s’étaient pas montrés généreux, il fallait croire que je n’étais pas si inoubliable que cela. Ou alors était-ce parce que je les choisissais dans mon milieu, donc désargentés. Seuls ceux de mon père avaient quelque valeur. Et je ne voulais m’en séparer d’aucuns. Au point de perdre toute chance de retrouver Vespef ?
La mort dans l’âme, j'ai décidé de me débarrasser de la chaînette. Comme elle était cachée sous mes vêtements, mon père n’aurait jamais l’occasion de constater sa disparition. Et c’était le plus précieux, ainsi je limitais mon sacrifice à un seul objet.
— Retournez-vous ? ai-je ordonné.
— Pourquoi ?
Son regard matois indiquait qu’il avait parfaitement compris la raison. Et il envisageait bien de profiter du spectacle. Meton s'est avancé d’un pas.
— C’est bon, a-t-il dit, je me retourne.
Il a fait demi-tour, regardant le mur. Meton allait l’imiter, je l’ai appelé.
— Pas toi, Meton. La fixation est complexe, je vais avoir besoin de ton aide.
Tu parlais d’un prétexte. La réalité, c’était que je ne voulais pas m’en séparer de ma propre initiative. Je préférais qu’un autre que moi se charge de l’ôter de mon corps, tant cet acte m’était pénible. Pendant que je soulevais ma tunique pour dégager ma taille, il a actionné le fermoir complexe. Il a mis un petit moment à comprendre le mécanisme. Mais il y est parvinu. Pendant qu’il examinait le bijou, je me suis rajustée.
— Il est magnifique, à la fois sobre et complexe, m'a-t-il dit, l’artiste qui l’a créé est vraiment talentueux.
Je n’avais jamais dit à Meton d’où je tenais ces bijoux. D’où certainement le ton de reproche dans la voix, il ne comprenait pas pourquoi je ne les monnayais pas pour gagner notre argent. En fait, il ignorait que mon père était bijoutier.
Je lui ai tendu la main.
— Rends-le-moi.
Obéissant, il me l'a donné. J’étais vraiment surpris de son volume, il ceignait ma taille sans la serrer, et pourtant il tenait dans le creux de ma paume sans problème. Le travail était d’une finesse incroyable. Et pour cause. Mon père devait acheter les matériaux pour exercer son art. Il ne pouvait pas y prélever trop de métaux ou de pierres précieuses pour offrir à sa fille, sinon il aurait fait faillite.
— Maître Drayt, ai-je appelé, voici ma part du marché. La vôtre maintenant.
D’un geste vif, il a pris la chaînette. Il l’a examinée d’un regard gourmand.
— Vous estimez-vous correctement payé ? ai-je demandé.
— Je pense. Je devrais le faire estimer, mais je crois que nous sommes proches de la somme convenue.
À la façon dont il l'a fait disparaître dans sa poche et son air satisfait, j'ai compris qu’il avait reçu bien plus que ce qu’il espérait.
Sur son bureau, il a pris une chute de papier, sa plume et son encrier et a griffonné quelques mots. Il a secoué la feuille pour la faire sécher.
— Voici le nom et l’adresse de l’expéditeur, a-t-il dit.
L’information a disparu dans ma poche de poitrine en un tournemain. Je l'ai salué, puis nous avons pris congé.
Une fois dans la rue, je me suis appuyée un instant contre un mur.
— Il va falloir que tu m’expliques quelque chose, a commencé Meton d’une voix qui transpirait le reproche.
Il s'est tu soudain.
— Que t’arrive-t-il ? a-t-il demandé d’un ton plus tendre.
Il a posé une main sur ma joue et du pouce a séché une larme qui coulait.
— Ce bijou signifiait quelque chose pour toi ?
J'ai hoché la tête.
— Il me venait de mon père.
— Ton père est si riche ?
— Non, c’est son métier. Il les fabrique.
— J’avais remarqué que Preven portait des bijoux magnifiques. Maintenant je sais pourquoi.
Tu parles qu’il avait remarqué Preven. Dès que ma sublime sœur passait devant lui, il ne pouvait détourner le regard d’elle.
— Preven et moi, on lui sert souvent de présentoir. Mais ce que j’ai sur moi actuellement, ce sont des cadeaux. Il les a créés rien que pour moi.
Il n’a rien ajouté, il avait compris.
Au bout d’un moment, je me suis reprise. J'ai repoussé sa main. Meton a compris que les activités reprenaient.
— Quel est le programme maintenant ? a-t-il demandé.
— Gagner un peu d’argent pour commencer. En faisant quelques tours de chant dans les tavernes, je devrais récupérer quelques ocars. Pendant ce temps, trouve-nous un convoi qui part vers l’ouest.
— Tout de suite.
Il n'a pas protesté. Il courait les routes depuis aussi longtemps que moi et il savait bien que son statut d’homme lui permettait de négocier de meilleures conditions. Il y avait fort à parier que je ne serais même pas écoutée. Et, une fois le contrat signé, quand ils découvraient que j’étais une femme, bien peu osaient revenir sur leur parole. De plus, son expérience à l’arc et la présence de mon épée constituaient un atout que peu de chefs de convois rejetaient. Et nous possédions nos propres montures. Ils payaient généralement un demi-ocar par jour, ce qui était peu, mais on était nourri.
Nous nous sommes séparés, lui vers l’ouest et la porte d’où les convois partaient, moi vers l’écurie pour y prendre mon usfilevi. Je connaissais une taverne sur le port qui ne rechignerait pas à la dépense pour que je distraie ses convives. Et si je m’apprêtais, ces derniers pourraient même se montrer généreux. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi Wotan n’aimait pas que je me serve des atouts que la nature m’avait donnés. Les hommes étaient si facilement manipulables. Un morceau de peau bien choisi laissé exposé et ils se jetaient à mes pieds. Je n’allais pas me priver d’une arme aussi puissante.
Annotations
Versions