Élément déclencheur

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" Moshimoshi ?" commençais-je d'un ton joyeux.

Un sanglot étouffé me répondit. En un instant, mon visage se décomposa et une angoisse sourde monta lentement en moi.

" Lily, on... Papa..."

La voix tremblante de mon plus jeune frère fini de tordre totalement mes boyaux.

" Qu'est-ce qui se passe ? demandais-je rapidement.

- Papa, il a... Il a bu e-et...

- Mat', passe le téléphone à Théo. Tout de suite."

Toute délicatesse oubliée dans ma panique, un million de scénarios bombardaient mon esprit, m'empêchant de penser à prendre des pincettes.

" Lil', on a un problème. Un gros problème.

- J'avais cru saisir, il est arrivé quoi à papa ? Pourquoi Mat' est aussi bouleversé ?

- Papa a trop bu, maman s'est interposée. Elle est...

- Pitié, me dit pas qu'elle est morte, chuchotais-je.

- Non, elle est à l'hôpital pour le moment."

Le silence qui suivit cette déclaration pesa sur mon estomac. L'envie de vomir tout mon déjeuner était forte, mais je pris sur moi. Encore quelques minutes, mes frères avaient besoin de moi. Je devais les rejoindre, songeais-je.

" Où êtes-vous ? Avez-vous appelé la police ? Qui a emmené maman aux urgences ? Depuis combien de temps...

- On est chez Thomas. Oui, maman... Me l'a demandé avant de s'évanouir. Et ça ne fait que deux heures.

- J'arrive."

Raccrochant, je me précipitais vers les toilettes en ramenant mes cheveux en un semblant de chignon. Je n'avais pas eu l'argent pour aller chez le coiffeur cette année. Après avoir rendue mon déjeuner dans les toilettes, je pris le temps de me débarbouiller avant de céder à l'angoisse. Les souvenirs de colère de mon père se mélangeaient à toutes les questions de mon esprit;.

 Il me fallut plus d'un quart d'heure pour me ressaisir. La fatigue était telle, que l'idée de m'allonger sur mon lit pour sombrer dans un sommeil profond effleura mon esprit. Pourtant, je ne pouvais céder à cette envie. J'avais dit à Théo que je les rejoignais, et c'était ce que j'allais faire. Evaluant rapidement mes affaires, je saisis mon sac. Mes dessins et mes notes que je n'avais pas rangé, tombèrent avec mes pochettes de cours. Deux t-shirts, mes papiers d'identités, mon permis, ma trousse de toilette et une culotte propre plus tard, mon sac était fait.

 Je descendis précipitamment les escaliers, pianotant sur mon téléphone pour composer le numéro d'une amie détenant une voiture, tout en faisant irruption dans le bureau de l'administration du foyer.

" Estelle ? Oui salut. J'ai pas beaucoup de temps, je t'expliquerai plus tard. Est-ce que tu pourrais me passer ta voiture pour le weekend s'il te plaît ?"

Les gens dans le bureau me lancèrent un regard de compréhension. Irina, la responsable du foyer, me fit signe, indiquant qu'elle avait compris que je partais. Je ressortis immédiatement.

" Lil', je suis vraiment désolée mais j'ai déjà prêté ma voiture. Mon frère m'emmène à Marseille avec un de ses potes..., me répondit Estelle.

- C'est ma route. Il reste une petite place pour moi ? Je ferais du stop pour la fin du trajet ou je trouverai un bus, proposais-je.

- Euh, eh bien c'est possible si tu peux être à Perrache dans cinq minutes.

- J'y serais dans une minute. Vous êtes où ? demandais-je en passant la porte du foyer.

- Tu vois..."

Quelques minutes plus tard, je me tenais devant Estelle et son frère, Tristan. Son visage m'était familier, mais je repoussais ce sentiment. J'avais d'autres choses à gérer.

" On attend encore Baptiste, il ne devrait pas tarder. Tu as oublier de mettre un masque", me fit remanquer Estelle.

Je me mis à fouiller mes poches, marmonnant sur cette plaie de covid nous obligeant d'avoir un masque même avec cette chaleur. Je réussis à en trouver un dans la poche arrière de mon jean.

" Salut les gars désolée pour le retard !"

Je me retournais au son de la voix, me retrouvant alors nez à nez avec un rappeur de petite envergure que j'écoutais de temps en temps. Stupéfaite par ce concours de circonstance, je restais muette. Le frère d'Estelle m'était familier parce que c'était un monteur, notamment celui de Baptiste. Tout se mit en relation en un instant dans mon esprit.

" C'est qui ?"

Baptiste me fixait en posant la question. Il semblait inquiet de voyager avec une inconnue. Paranno, pensais-je. Mais il n'avait pas tord, puisque je le connaissais. Il valait mieux qu'il n'apprennent pas que j'écoutais sa musique. Voyant que je restais muette, Estelle me présenta. Après un dernier regard méfiant, je pus placer mes affaires dans le coffre de la voiture. Appréhandant un peu le voyage, je pris place à côté d'Estelle à l'arrière. Une fois sur l'autoroute et les garçons dans une discussion intense, elle se pencha vers moi.

" Alors, explique-moi, murmura-t-elle. Pourquoi devais-tu partir précipitemment de Lyon ?"

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