Pif Paf Pouf
/!\ Ce petit texte est fortement déconseillé aux âmes sensibles et innocentes, épargnées par la grâce du Saint Gourdin /!\
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La tignasse rousse oscillait plus frénétiquement qu’un culbuto. Son mascara bleu fuchsia allait goutter sur ses joues éphélidées si ce fou rire de hyène se prolongeait. Était-ce sa faute ? La Batrace ne pouvait s’empêcher d’exploser quand sa besta pouf buzinante lui racontait quelques drôleries.
Dans un état tout aussi peu honorable, l’Abeille batifolait des ailes excitées, répandant son nectar de patxaran sur les sièges du métro.
Les deux copines s’en moquaient pas mal : elles quittèrent la rame, hilares, au prochain arrêt. Le froid mordant des rues dessaoula à peine leurs ardeurs. Elles avaient un but, et s’y rendaient guillerettes, engoncées dans leurs tenues festishisantes. Moulantes sur les culs, le lycra laissait au moins respirer la raie. Elles déclinèrent sifflements relous et pièces insistantes en chemin ; elles avaient un but. Cette porte cochère.
Cinq escaliers grimpés en titubant et les besta sonnèrent à l’appartement. Trêve de pouffonnerie : elles se recomposèrent un visage sérieux. Ou presque. Juste le temps de franchir la frontière du royaume.
Un royaume plus cochon que coquin.
À l’intérieur, la musique digne d’un mauvais porno des années 80 ambiança les deux guerrières du fion. Quelques quintaux supplémentaires de liqueur dans le gosier et elles partirent à l’assaut. Il ne leur fallut pas longtemps pour repérer leur cible.
Petite ingénue posée sur le rebord d’une fenêtre, elle balayait d’un regard pudibondique l’atmosphère décadente du boudoir. Ses longues oreilles de caracal se mouvaient dans les courants d’air. Une vision à s’en donner la poétrique. Timide, elle rejetait plus ou moins les propositions panpansexuelles des lourdauds de passages. Crime de lêche-majesté : ce n’est pas ainsi que l’on peluche une animale de sa classe !
L’Abeille et la Batrace, elles, sauront en faire leur quatre heures.
La visqueuse amphibienne se pourlécha les bajoues et sautilla jusqu’à la belle. La batifoleuse rayée l’invita dans sa ruche : couche moelleuse d’édredons souillés, suintants. Les baves s’échangèrent en bizourres fougueux, idolâtres. Les sexpérimentalistes basculèrent pour mieux se ploplotiner en toute bonne horizontalité. Les cariffes de Caracaline s’accrochaient avec émoi sur l’abdomen jaune et noir tendu. En surplomb, la carrure narquoise de la Batrace les ombrageait. Elle lâcha un « Héhé.. » vicieux alors qu’elle enfilait son strap-on-gourdin. L’Abeille domastiqua l’objet avec amour, mais d’autres plaisirs s’annonçaient prioritaires.
Origine du monde, la toison fournie s’alanguissait de grâce. Sous la forêt pubienne, frémissante de désir, cette petite porte pour de nouveaux univers n’attendait qu’une intervention perverse pour s’ouvrir.
En bonne butipongeuse, l’Abeille se dévoua. Penchée sur cette fleur caracalice, elle avait hâte de ponctionner ce divin nectar, d’en sucer toute la substantifique saveur…
Un frein.
Les sens en alerte de la butineuse aimeraient se fourvoyer, mais un regard gêné de la Batrace confirmait ses craintes.
Une odeur.
Un fumet graisseux de beurre s’échappait de la fente aux plaisirs. Pas du beurre doux. Non, non, non. Du beurre salé ! Une grimace écœurée consterna les traits des deux prédatrices. Caracaline y répondit d’un sourire tendre :
— Si cela vous dérange, vous pouvez toujours passer par la porte de derrière…
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