Chapitre 1
23h17.
Quentin se dit qu’il était peut-être temps d’arrêter les frais. Demain sera une journée chargée au bureau, et arriver avec une gueule de déterré serait de mauvais ton...
Alors que son PC affichait « Arrêt en cours », il alla dans la salle de bain se brosser les dents. Il en profita en passant pour s'admirer dans la glace.
Mouais ça va, ça peut aller.
Tout compte fait, des heures passées à jouer à League of Legends n’avaient pas laissé trop de traces visibles sur son visage.
Il se déshabilla, enfila un short et s’allongea sur son lit, sans couverture évidemment : l'été était caniculaire !
Il se coucha, repu et la tête pleine de prises d'assauts de forteresses médiévales...
*Criiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii*
Un bruit dans la cuisine le tira de son sommeil.
Mais putain c'était quoi ça ?
Il n'avait entendu le bruit que brièvement, il lui semblait que c'était une espèce de crissement sur une surface métallique.
Le coeur affolé, il se demanda s’il n’avait pas tout simplement rêvé.
Il descendit inspecter les lieux le plus discrètement possible, malgré sa furieuse envie de rester bien planqué sous sa couette...
Il longea le couloir plongé dans la pénombre, et atteignit péniblement la cuisine. Il scruta l'obscurité à la recherche d'une présence, mais on y voyait que dalle, il fallait allumer pour en être sûr !
Nan mais ça va pas non, imagine qu'il te tombe dessus...
Mais qui ça "il" tout d'abord ?
Le coeur prêt à exploser, la carotide pulsant plus fort que jamais, il appuya sur l'interrupteur...
*Clac*
L'ampoule s'alluma, le sang tambourinait dans ses tempes, il fit une inspection rapide , rien d'étrange. Le soulagement qui s'ensuivit fut le bienvenu.
Ouf....
Bof, c’est juste une casserole qui a dû glisser. De toute façon avec ce que j’ai laissé dans l’évier, pas étonnant. Et bordel arrête de stresser pour rien !
Rassuré, il regagna sa chambre.
01h32
Quentin se réveilla d’un bond. Un grand fracas provenant du salon l’avait tiré de son sommeil.
Merde, encore ?
Il commençait à avoir sérieusement peur pour le coup ; il était en nage et ce n'était pas seulement à cause de la chaleur de la nuit. Les poils de la nuque hérissés et tremblant comme une feuille, il s'extirpa une nouvelle fois de son lit.
Le plus silencieusement possible, il se précipita à pas de loups au salon. Caché derrière le mur comme un vulgaire voyeur, il épia aussi discrètement qu’il put la pénombre de la pièce.
Rien..
Il scruta néanmoins une nouvelle fois les ténèbres. Quelque chose de petit et sombre attira son attention, près de la fenêtre.
Il s'avança de quelques pas, toujours à pas feutrés, et sentit un liquide visqueux sous la plante de ses pieds. Il bondit en arrière en poussant un cri de surprise puis courut allumer la lumière du salon.
Du sang ! Putain mais c’est du sang !
Le salon éclairé ne laissait aucune place au doute, il s’agissait bien de sang. Ses tremblements ne faisaient que s’accroître, et la sueur sur son front perlait sur le parquet.
Se retournant sur lui-même, il vit les traces ensanglantées jusqu’à l’interrupteur. À l’origine de ses traces, le sang qui s'écoulait d’un cadavre de chien. Il crut qu’il allait se faire dessus, la panique l'envahissait !
D'une voix chevrotante il lança la question classique, et parfaitement inutile :
- Il y a quelqu'un ?
Comme il s’y attendait, aucune réponse.
Il fouilla chaque recoin du salon : rien de rien, hormis le cadavre qui trônait en plein milieu.
Et si le taré qui a fait ça s’était caché dans une autre pièce ?
Cette idée le fit frémir, la seule idée de chercher l'auteur de cette horrible carnage derrière chaque porte close de son appartement lui était insupportable.
Il sprinta vers la porte d'entrée et dérapa sur le parquet avec ses pieds ensanglantés, en évitant de justesse d'exploser la table basse en verre. Il se saisit du trousseau de clés sur la commode de l’entrée et mis un temps fou à trouver celle de la porte.
Merde, vite, vite…
Quand il put enfin mettre la main sur la bonne, il l’inséra dans la serrure avec empressement. À peine commença-t-il à tourner la clé, qu’elle se brisa en deux, laissant une bonne moitié coincée dans le mécanisme.
Mais putain, c’est une blague ?
Il commença alors à marteler la porte de ses poings en appelant à l’aide. Il n’était pas fier de céder à la panique, mais il n’avait aucune idée de la menace potentielle qui l’attendait s’il restait une minute de plus dans cette baraque.
Inutile non plus d’espérer s'échapper par la fenêtre, à moins qu’il n’apprenne à voler dans les minutes qui suivent en sautant du neuvième étage.
Son sang commençait à sourdre furieusement au niveau de ses tempes et de son coeur, ce qui lui brouillait l'esprit et l'empêchait de raisonner avec logique.
Allez mon vieux, réfléchis...
Le portable !!
Hélas, cela signifierait retourner dans sa chambre plongée dans l’obscurité, au bout du couloir…
Mais t’es vraiment qu’une lopette !
Il s’insultait mentalement de son manque de courage.
Allez vas-y merde ! T’aurais fait comment si t’avais une famille en danger ? Tu serais bien allé leur porter secours, non ?
Il espérait que oui, mais rien ne l'assurait...
Hé puis merde, j’y vais !!
À peine s’engagea-t-il dans le couloir qu’un murmure guttural s’éleva des ténèbres de sa chambre …Un son qui lui rappelait un grognement animal.
Il rebroussa chemin en direction de la porte et se mit à la marteler de plus belle en hurlant de toutes ses forces.
- AIDEZ MOI ! EST-CE QUE QUELQU’UN M’ENTEND ? À L’AIDE !
Sans succès.
Il se recroquevilla par terre, dos à la porte, en sanglotant comme un enfant.
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