Elle se regarde à travers moi.

Elle écarte ses cheveux et je la vois. Une marque bleu, une autre. Ses doigts la frôle. Un frémissement puis ses yeux qui me fixent. Je les voient se remplir de larmes. Je comprend, tu peux pleurer, je garderais tes secrets les plus intimes. Même ceux de celui qui te fait du mal, c'est ma tâche. Que vois-tu à travers moi ? Toi ? Ton bleu ? Ou tout le reste ?

Combien de fois t'ais-je vu t'effondrer sur ton lit après avoir supporté tous les coups ? Tu pleurais comme maintenant. Pourtant tes yeux étaient si beaux au début, ils étaient clairs et brillants...ils étaient vivants. Pourquoi tes yeux tristes, cernés se dérobent-ils ? Tu es si belle pourtant. Et ton sourire tout lumière ? Il a disparu il y a tellement longtemps que je les oublie presque.

...Tiens, le revoilà. Il se remet à crier. Elle se protège. Il la pousse. Elle tombe. On entend sa nuque se briser sur le coin de la table. Elle ne se relève pas. Lève toi encore, souris lui au visage, puis vas-t'en ! Le voilà qui s'affole, il s'accroupit encore près de toi. Mais plus pour la même raison...

Pourquoi n'as-tu rien fait ? Et moi qui vois tout de toi, je ne pouvais rien faire... Je ne suis qu'un miroir.