Chapitre 2 - Marisol Amado

14 minutes de lecture

Éloignée de sa famille pour l'année scolaire entière, Marisol ne regrettait absolument pas son choix de partir à l'étranger pour effectuer une année d'échange. Le fameux cursus Erasmus que tout le monde s'arrachait, pour voyager, faire le plein de bons souvenirs mais surtout redorer son dossier pour la suite du long chemin que représentaient les études universitaires. Elle avait eu sa place de justesse, tant les dossiers étaient nombreux. Ça s'était joué sur le fil, parce qu'elle avait séché un cours pour rendre au plus vite son inscription au secrétariat. Et elle ne s'en voulait pas quand elle voyait où elle en était aujourd'hui. Dernière place. Elle avait une chance inouïe !

Sa grand-mère maternelle était originaire de la France, ce pays si près et pourtant si différent du sien. Ce pays duquel elle tirait quelques origines dont elle se vantait auprès de ses camarades de classe. Elle, au moins, avait une histoire de famille riche en rebondissements. Ce qui n'était pas le cas de bon nombre de ses copines dont les proches avaient toujours vécu au cœur de l'Andalousie. Mais elle aimait sa ville et ce qu’elle pouvait leur offrir. Elle ne pouvait s'imaginer vivre dans un endroit où le soleil n'était pas au rendez-vous chaque jour. Elle avait un besoin vital de chaleur pour se sentir épanouie. Nana et Dayanara le comprenaient parfaitement.

Quel choc cela avait été d'arriver dans ce second pays, si cher à son cœur, par un horrible jour de pluie. Tristesse, monotonie, humidité, et ces températures ! Une véritable douche froide. Elle avait longtemps hésité avant de sortir le bout de son nez du car dans lequel elle avait fait de si longues heures de routes. Une épopée rocambolesque... Le voyage avait été si long qu'ils avaient dû dormir dans le véhicule, dans des conditions déplorables. Mais elle ne pouvait pas faire autrement. Ce trajet lui coûtait beaucoup moins cher qu'un autre mode de transport. Avec sa petite bourse étudiante, elle ne devait pas faire de folie.

Chanceuse parmi les mieux lotis du convoi, elle avait même obtenue une chambre dans une résidence étudiante dernier cri. Le mot d'ordre était l'autonomie. Un adulte était disponible en cas de besoin mais il ne s’immisçait jamais dans leurs affaires sans leur accord. Il vivait au rez-de-chaussée, un peu comme le gentil concierge chargé de veiller sur ses cousins éloignés. Monsieur Honpré était adorable avec eux. Elle ne manquait pas de le saluer à chaque fois qu'elle passait devant sa loge. Sa vie n'était pas bien compliquée : surveiller, nettoyer, rendre des comptes. Un boulot de rêve pour beaucoup, elle n'en doutait pas.

Chaque groupe vivant à un étage différent devait gérer son propre espace en communauté. Comme des grands. La cuisine, et tout ce qu'elle contenait, devait être entretenue et gérée par le groupe d'étudiant. Autant dire que le vol n'était pas de mise. Tout le monde était vigilant depuis le début. Avec le temps, au fil des amitiés qui se nouent, la bienveillance avait fait son apparition et l'entraide était devenue une évidence. Ils devaient apprendre à collaborer pour mieux s'en sortir. Une bonne leçon de citoyenneté. Une expérience qu'elle ne regrettait pas. Elle pouvait voir quand elle le souhaitait son amie Felicia et toutes deux avaient sympathisé avec d'autres étudiants étrangers. Elle aimait cet aspect des échanges universitaires. Pouvoir rencontrer des personnes vivant à des milliers de kilomètres de chez nous, et tisser des liens qui survivraient à la distance. Une belle occasion d'aller par la suite rendre visite à nos amis de fac ! De découvrir d'autres horizons.

Marisol aimait voyager. Elle regrettait que sa famille modeste n'ait pas les moyens de l'envoyer plus loin, plus longtemps. Mais elle ne leur en voulait pas. Ils faisaient déjà tant de sacrifices pour qu'elle puisse suivre ses études comme n'importe quelle étudiante de sa ville. Elle leur était reconnaissante ; elle ne voulait pas abuser d'eux. Elle arriverait bien assez tôt à voler de ses propres ailes, être indépendante. Viser l'autonomie, comme le voulait la devise de leur logement estudiantin. En parallèle de ses études, elle dépannait parfois quelques couples du voisinage en allant garder leurs enfants ou en les aidant à faire leurs devoirs. Elle aimait les enfants. La jeune fille admirait cette facilité qu'ils avaient de s'émerveiller d'un tout et d'un rien. Et quel challenge que d'essayer de comprendre les paroles marmonnées par de jeunes enfants quand on ne pratiquait le français que depuis quatre ans ! Elle se débrouillait assez bien mais avait encore quelques pépins, parfois. Il fallait bien que l'apprentissage se fasse un jour ou l'autre. Elle était sereine.

Ce soir-là, elle revenait d'une garde chez les Jourdain, une famille vraiment adorable qui avait la chance de compter des jumelles très douces. C'était toujours un plaisir pour Marisol d'aller garder ses deux fées adorées. Elle espérait pouvoir revenir les voir après son année d'échange. Elle ne voulait pas les perdre de vue tant elle s'était prise d'affection pour les deux fillettes à l'imagination débordante. Marisol portait encore sur elle les marques du passage des deux enfants qui l'avaient prise pour une tête à coiffer. Ses longs cheveux bruns étaient parsemés de plusieurs petites tresses, nouées par de minuscules élastiques pailletés. Un véritable soleil coloré ! C'étaient des jeux d'enfants... Elle voyait ça d'un très bon œil. Elles auraient pu être ses petites sœurs, ou ses cousines. Il fallait chérir les moments qu'on passait avec les plus jeunes d'une famille. Ils ne duraient pas éternellement mais les souvenirs eux demeuraient à jamais. Elle sourit.

Elle avait passé une excellente soirée, l'accident mis à part. Elle avait une peur bleue des araignées. Elle ne les supportait pas du tout. Rien qu'à l'idée de savoir que l'une de ces bestioles se promenait sur sa peau, du bout de ses huit horribles pattes velues, elle frissonna. Une monstruosité. C'est à grands coups de chaussure qu'elle avait eu raison de la bête, non sans crier et pleurer. Les petites avaient bien ri. Ce n'est qu'une n'araignée, Solsol. Oui, rien de plus qu'une maudite bestiole qui pouvait pondre ses œufs dans n'importe quel orifice humain. Elle frissonna de nouveau, de dégoût. Ce geste-là, elle ne le regrettait absolument pas non plus ! Il n'y avait aucun mal à tuer les choses horribles qui pouvaient nous nuire. Elle tiqua en repensant à son grand-père. Combien de fois lui avait-il dit de ne pas jeter de caillou aux oiseaux qui venaient picorer les restes devant leur maison ? Il ne voyait pas que ces maudits volatiles saccageaient tout, repeignant de leurs fientes leur quartier ?! Ça avait le don de l'énerver... Elle ne voyait pas du tout le mal qu'il y avait à chasser les nuisibles. Personne ne les regretterait... Ni eux, ni les fouisseurs qui renversaient leurs poubelles les soirs d'été. Une plaie...

Elle n'aimait pas faire du mal aux animaux, mais ceux-là n'en étaient pas. Qui irait pleurer la perte d'un rongeur ou d'un oiseau ? Il en allait de même avec ces choses dégoûtantes... Seuls les vrais animaux méritaient qu'on prenne le temps de les bichonner. Elle savait très bien prendre soin de sa petite Lili, la chatte que son père avait adoptée pour ses dix ans. Elle était sa compagne la plus précieuse dans la vie, celle qui lui manquait le plus dans ce voyage nécessaire. Mais elle savait qu'elles auraient tout le loisir de se retrouver dans quelques mois. Question de patience. Elle faisait déjà un stock de petits cadeaux pour ses proches, dans sa valise, pour le jour du retour. Lili avait déjà une pochette à son attention. Peut-être la gâtait-elle trop ? Elle s'en fichait. Rien ne comptait plus à ses yeux que le bonheur de sa petite boule de poils rousse.

Ressentant une vive douleur à la base de sa nuque, elle lâcha un petit cri et porta sa main sur la partie douloureuse. Une piqûre d'insecte ? Curieux en cette saison. Il n'y avait aucun moustique : il faisait bien trop froid. Nerveuse, elle repensa à l'araignée qu'elle avait écrasée en début de soirée. Et s'il y en avait d'autres ? Et si l'une d'elle était là, dans son foulard, se frayant un passage dans le tissu coloré pour mieux venir mordre son cou. Pour la rendre folle. Elle détestait ces choses. Elle les craignait aussi. Perdant tout son calme, elle tapota énergiquement son col et ses vêtements, arrachant soudainement son foulard de son emplacement pour mieux le secouer. Elle devait en avoir le cœur net ! Véritable tornade de terreur, elle s'extirpa difficilement de son gilet, laissant son sac tomber mollement sur l'herbe. Elle devait secouer tous ses vêtements, vite ! Il ne devait rien rester dans ceux-ci. Pas même une fourmi !

S'aidant de la lumière d'un lampadaire, elle passa au crible le pauvre morceau de tissu qui protégeait sa nuque quelques secondes auparavant. Rien. Il n'y avait que ce fond crème et les multiples fleurs colorées qui le recouvraient. Elle le posa sur le banc, après avoir vérifié qu'il était bien propre. Ramassant son gilet, elle le soumit au même examen, sans ménagement. Elle ne voulait pas prendre le risque de remettre sur son corps un vêtement grouillant de ces infâmes créatures. Elle avait expressément besoin de les passer à la machine, de sentir qu'ils étaient dénués de parasites. Les mains tremblantes, elle pencha la tête en avant et frotta vivement sa longue chevelure pour vérifier qu'aucun visiteur ne s'y était caché. Il fallait au moins qu'elle essaye : ils pouvaient très bien s'être cachés là...

Rien. Vérifiant la petite zone de sable entourant le banc, éclairée faiblement par ce lampadaire clignotant, elle constata avec soulagement qu'aucune araignée ne prenait la fuite. Apaisée, elle passa précautionneusement ses bras dans les manches du gilet puis réajusta son col. Parfait. Le foulard retrouva sa place d'origine une fois secoué une dernière fois. On n'était jamais trop prudent avec ça. Elle s'installa sur son compagnon d'infortune et étala le contenu de son sac à main sur celui-ci. Trousse de maquillage. Le roman qu'elle devait lire pour son cours de littérature, d'un ennui mortel soit-dit en passant. Une gourde rose fluo remplie d'un mélange d'eau et de sirop de rose. Un paquet de mouchoir. Le nécessaire en cas de problèmes féminins mensuels. Une trousse de cours. Son bloc-note. Son téléphone. Et ses clés. Bien, elle ne voyait aucun intrus grouiller dans son bric-à-brac. Elle alluma l'application lampe de son téléphone et passa en revue les diverses pochettes et espaces de rangement de son sac. Rien. Pas âme qui vive.

Elle se sentait mieux. Elle n'aurait pas supporté l'idée de ramener avec elle l'une de ces bêtes dans son lieu de vie. Ou pire : dans sa chambre ! Elle chassa cette idée de son esprit, s'imaginant déjà devoir passer l'aspirateur dans tous les coins pour apaiser ses craintes. Ses colocataires l'auraient massacrée, à cette heure avancée de la nuit. Et elle comprenait bien que ses craintes lui compliquaient la vie à un point inimaginable. Malgré elle, elle sentait cette vermine grouiller tout autour d'elle, sur son corps aussi. Elle avait envie de pleurer. La première tuée ce soir se vengeait à sa manière. Pire qu'un esprit vengeur, elle avait envoyé ses compagnes à sa poursuite. Elle ne voyait pas d'autre explication. Une armée d'arachnides...

À fleur de peau, elle rangea à la hâte ses affaires et prit la fuite. Elle voulait rentrer au plus vite. Si elle pouvait croiser le gardien, il saurait trouver les mots pour la rassurer. Elle n'était pas folle ! Ça ne pouvait qu'être dans sa tête, elle essayait de s'en convaincre. Mais... L'espace d'un instant, elle considéra la possibilité que ces choses soient là, l'encerclant, prêtes à lui faire du mal. Était-ce seulement possible ? En grand nombre ? Elles ne pouvaient pas agir de la sorte. C'était tout bonnement impossible. Elle s'accrocha à cette idée folle, tout était forcément dans sa tête. La fatigue lui jouait des tours. L'obscurité et les ombres jouaient des tours à son cerveau, lui faisant imaginer des choses qui n'existaient pas.

Sa peau ne pouvait pas remuer comme ça, non. En larmes, elle releva la manche de son bras gauche. Sous ses yeux horrifiés, elle voyait bel et bien sa peau grouiller comme un nid de frelons. Tremblante des pieds à la tête, elle toucha du bout du doigt le dos de son avant-bras. Rien ne bougeait. Pourtant, elle voyait bien ces nombreuses bosses qui remuaient dans tous les sens. Une illusion ? Une hallucination ? Elle ferma les yeux et inspira profondément. Elle devait se camer, vraiment. La panique n'aidait en rien, elle pourrait même lui faire faire des choses idiotes. Que dirait sa grand-mère, Nana, si jamais elle la voyait perdre tous ses moyens comme une petite fille apeurée par le croc-mitaine ? Elle devait se reprendre. Elle avait passé l'âge d'avoir des crises d'angoisse. C'était une adulte confirmée...

Rouvrant les paupières, elle constata avec soulagement que sa peau ne bougeait plus. Tout était normal. Satisfaite, elle caressa plusieurs fois sa peau, se délectant de cette normalité. Elle pouvait reprendre sa route, plus rien ne clochait. Elle remit sa manche convenablement, enfila la hanse de son sac sur son épaule et reprit son chemin. Tout rentrait dans l'ordre. Elle avait juste paniqué à cause de la visiteuse indésirable. Mais c'était aux Joudain de craindre cette intruse. Si elle n'était pas seule, c'était leur problème. Leur maison. Soufflant un grand coup, elle regarda autour d'elle. Le parc par lequel elle coupait était mal éclairé la nuit. Ça pouvait être dangereux si on s'approchait trop près du bord de l'eau. Elle appréciait la beauté de la Garonne mais elle espérait vivement ne pas avoir à goûter à la fraîcheur de ses flots. Et puis elle ne savait pas nager... N'importe quel humain possédant un bon instinct de survie se serait écarté du rebord.

Elle s'évertuait à suivre le chemin le plus fidèlement possible, à ne pas s'écarter de la route principale. Elle tenait à sa vie, ça oui ! Il n'y avait personne dans ce parc, elle se sentait mal. L'ambiance était pesante. Les arbres épurés de leurs feuilles laissaient leurs branches onduler doucement au gré de cette brise glacée. Elle eut un moment l'impression qu'ils la toisaient, qu'ils la jugeaient. Et ces branches tordues... Si longues, si sombres. Elles lui rappelaient les pattes d'une araignée. Un nouveau frisson la prit, remontant le long de son dos. Elle eut le sentiment qu'on l'épiait, là, depuis les buissons. Elle déglutit. Et si un dangereux fou furieux la suivait depuis quelques jours ? Il saurait qu'elle prenait ce chemin après chaque garde. Et où elle allait... Dure soirée.

D'un coup de tête, elle envoya ses cheveux voler derrière son épaule. Elle voulait voir parfaitement autour d'elle et ils lui bloquaient la vue. Elle regretta de ne pas les avoir coupé... Pourquoi avait-elle annulé son rendez-vous chez le coiffeur, déjà ? Pour un simple rencard... Avec un abruti, qui plus est. Et cette erreur pourrait lui coûter la vie ! Maugréant, elle plissa les yeux et scruta les environs. Quelqu'un était là, elle le sentait. Elle tenta de calmer sa respiration. Elle ne voulait pas faire de bruit. Elle devait pouvoir entendre autour d'elle. Elle voulait savoir qui était là.

- Y'a quelqu'un ? lâcha-t-elle, fébrile.

Aucune réponse. Pas même un bruissement. Encore une hallucination ? Elle devait vraiment se reprendre. Elle le pensait si fort. Elle le voulait si fort... Elle se mordit la lèvre inférieure. Elle ne rêvait pas. Elle était bien consciente, bien réveillée. Elle avait juste des petits soucis de perception, ce soir. Une fois rentrée, elle irait se blottir sous sa couette. Une bonne nuit de sommeil lui ferait le plus grand bien. Elle n'en doutait pas. Elle travaillait trop. Elle accumulait la fatigue et ça ne pouvait que lui nuire, sur le long terme.

Prête à reprendre la route, elle perçut nettement le crissement des graviers, un peu plus loin. Elle fit volte-face à temps pour découvrir une affreuse araignée, là, au coin. Droite sur ses huit pattes velues, elle la toisait de ses grands yeux brillants, aussi noirs que cette nuit d'encre. Elle faisait au moins la taille d'un chien. Non. D'un gros husky ! La bouche grande ouverte, elle se pinça. C'était forcément une hallucination. ENCORE une hallucination. Elle ne devait pas céder à la panique. Luttant contre son instinct de survie, elle se tétanisa lorsque la bête fit un pas dans sa direction. Pourquoi s'approchait-elle d'elle ? Elle grimaça, tenta de fermer les yeux pour l'ignorer. Si elle ne se préoccupait pas d'elle, elle finirait forcément par disparaître. Elle l'entendait approcher, ses pattes faisant ricocher les graviers les uns contre les autres. Elle était proche, vraiment très proche. Elle ravala sa salive. Cette chose n'était pas réelle.

Contre-disant ses convictions, la bête la griffa sans crier gare, lui entaillant profondément le bras à travers ses vêtements. Sa voix résonna à travers le parc, en écho à sa peur grandissante. L'araignée était réelle, elle était là pour elle. Elle allait la tuer ! Attrapant son sac à deux mains, elle lui lança en pleine tête et prit ses jambes son cou. Par où pouvait-elle bien aller pour semer cette chose ? Si elle continuait dans cette direction, elle tomberait sur le petit embarcadère... Elle devait changer de trajectoire au plus vite. Jetant un rapide coup d’œil derrière elle, elle réalisa que la chose était plus proche qu'elle ne le pensait. Et son pied buta contre la bordure d'un parterre de fleurs. La chute fut rude, l'impact lui coupa le souffle. Elle devait se relever, vite !

Prenant appui sur ses mains endolories, elle constata qu'elles étaient couvertes d'égratignures. Elle n'était que plaies et bosses, sanguinolente dans ses habits déchirés, salis. Elle n'avait pas le temps de se lamenter sur son sort. Elle devait s'enfuir si elle voulait survivre à cette étrange soirée. Remise sur pieds, elle constata qu'elle avait perdu une chaussure. Elle grogna. Elle n'avait pas le temps d'aller la récupérer. Elle devrait faire sans. Lâchant un cri de désespoir, elle reprit sa course de plus belle, boitillant légèrement. Elle ne pouvait pas faire autrement : l'araignée la talonnait.

Interdite, elle réalisa qu'elle était arrivée à l'embarcadère, prise au piège entre les eaux et sa peur. Faisant face à son triste destin, elle hésita. Devait-elle sauter dans ces eaux, au risque de se noyer, ou combattre la bête sans objet pour se défendre ? Elle céda à la panique et plongea sa tête entre ses mains pour pleurer. Que penserait sa famille en apprenant sa disparition ? Relevant les yeux, elle vit la chose qui la scrutait sournoisement. Qu'attendait-elle pour l'achever ? Elle n'aimait pas son rôle de petit papillon de nuit coincé dans la toile. Inspirant une dernière fois, elle toisa la chose.

- Je te déteste, saloperie, cracha-t-elle.

L'araignée n'apprécia pas son ton et lui flanqua un énième coup de patte ravageur. Blessée au ventre, elle replia les bras pour se protéger. Elle avait mal... Se préparant à encaisser un autre coup, elle fut éjectée du ponton et sombra dans l'eau sombre. Tiraillée entre sa blessure et son envie de se débattre, elle pataugea quelques instants à la surface, luttant jusqu'à l'épuisement. Engloutie, elle manqua d'oxygène. Ses forces l'abandonnaient. Ses yeux ne voyaient plus rien dans cette obscurité oppressante. Marisol, petit soleil de sa famille, cessa de briller pour de bon...

Annotations

Vous aimez lire Roxaku ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0