La marche vers le monde
Des arbres et des rochers volaient en tous sens tandis que, sous le ciel torturé, les vents ravagés tourbillonnaient sans fin. La tornade vrillant la terre et pourfendant les airs, zébrait d’éclairs un firmament pleurant de chaudes larmes sur ce bébé déchaîné. Et tandis que le paysage désolé s’apitoyait sur la violence des éléments capricieux, l’homme marchait. Il marchait à travers pluies et tempêtes. L’enfant des vents, outragé, lui lançait ses foudres noires, mais l’homme n’en avait que faire, la tornade pouvait continuer, il ne cesserait jamais de marcher. Et devant ces pas sereins, l’enfant céleste mit court à sa folie destructrice, regarda, et entra dans la marche.
Ailleurs, sur de sombres plages, l’océan tumultueux projetait ses lames glacées dans une boucle infinie. Et tandis qu’il se lamentait au fond de ses tourbillons abyssaux, l’homme et la tornade marchaient. Et peu importe que les profondeurs humides de l’océan les engloutisse, car ils ne cesseraient jamais de marcher. Alors, jaillissant des gouffres de son ennui, l’océan se coula derrière eux, observa, et entra dans la marche.
Plus loin, sur les vagues assoiffées du désert, des dunes bercées au gré du vent scintillaient sur l’horizon. Dans leur sommeil éternel, elles ne voyaient pas le temps les dévorer. Mais sur sa crête sableuse, l’homme, la tornade et l’océan marchaient. Et alors que le désert sortait des ruines de son sommeil d'or, il remarqua l’étrange cortège et s’y joignit, laissant sa mélancolie dans son sillage.
Alors, parmi les étoiles, le monde ouvrit les yeux, car l’on marchait jusqu’à lui. Il le savait, il le sentait. L’homme qui marche lui ramenait ses trésors, il n’avait qu’à l’attendre.
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