1er février, Arles.
Notre habitacle fait 12 m². Marie et moi dormons sur un lit de cent-vingt centimètres de largeur, encastrés l’un dans l’autre, en cuillère. Je ne peux m’empêcher de penser à la surpopulation que l’on nous promet dans les prochaines décennies, aux neuf milliards d’individus de l’an 2050. Notre situation dans le fourgon est à l’image de la crise démographique à venir : on y vit diablement serrés. Quand nous dormons cul contre cul, la situation vire au rapport de force, et c’est la loi de la jungle qui prédomine : on se donne des coups de reins pour savoir qui gagnera les dix centimètres qui feront passer plus gentiment la nuit. De retour en cuillère, c’est la loi de l’amour et de l’entraide qui revient nous réunir en un seul corps faisant front face à la quantité limitée d’espace. Laquelle de ces lois prévaudra tout le long de notre voyage ? Laquelle de ces lois nous fera vivre en bonne entente sur notre petite et si précieuse planète ?
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