5 mars.
Ce soir, nous faisons bombance. Au menu, risotto aux asperges avec une pointe de safran (de leur potager, mais nous en avons désormais l’habitude), ainsi qu’un parmesan dix ans d’âge, tellement vieux qu’il balance entre le jaune et l’orange. Et tout le long, deux bouteilles de ce vino rosso que nous adorons tant, Marie et moi, pour des raisons plus sentimentales qu’objectives. En dessert, vient le tour d’un étonnant gâteau au chocolat, puisqu’il n’y a dedans pas de beurre. En douce, Guido rajoute une bonne dose de vin sur sa part ; croisant mon regard, il me murmure, comme pour se justifier : « Un poco secco. »
Guido s’est maintenant assoupi près du feu, il ronfle un peu comme son tracteur. Sur le canapé, Valeria explique à Marie le fonctionnement de leur poêle de masse, qui chauffe la maison de manière écologique, en stockant la chaleur avant de la restituer quand le feu s’est éteint. Marie dit que nous sommes des arriérés avec nos radiateurs alimentés par le nucléaire. Sur l’ordinateur, Xeno regarde avec un air sérieux des clips d’heavy metal, il porte une grenouillère en guise de pyjama. A côté, son grand frère en a marre et lui prend la souris des mains. Tête brûlée, Xeno le provoque en duel en lui sautant dessus. Helio, de quatre ans son aîné, le domine aisément, c’est même la raclée fraternelle. Toujours imprévisible et tordant, Xeno crie alors en français merci beaucoup, merci beaucoup pendant que son frère intensifie les petits coups sur son épaule. J’éclate de rire, et Guido, qui s’est réveillé, rigole aussi franchement. Puis les deux frères se réconcilient devant le clip d’un rappeur italien, chanson dont ils connaissent les paroles par cœur, et m’invitent ensuite à mettre un morceau de rap français, le meilleur que je connaisse – la pression est à son comble, et cette famille m’est de plus en plus sympathique.
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