28 mars, Côte amalfitaine.
Des avantages et des inconvénients de la côte amalfitaine :
1) De Sorrente jusqu’à Salerno, soixante kilomètres à bourlinguer dans notre fourgon. Route au tracé sinueux, qui flirte avec l’abîme. Zigzags au bord de cette mer sans mesure, zigzags au bord d’une beauté liquéfiée, tranquille et moutonneuse. Attention à ne pas dégringoler dedans, le conducteur a tôt fait de se déconcentrer. Il conviendra plutôt d’adapter son allure à ces splendeurs maritimes.
2) En contrebas, succession d’orangers, de citronniers, d’oliviers, de vignes à flanc de coteaux. Cela forme un spectacle unique au monde, extraordinairement coloré. Déception néanmoins : l’on ne peut cueillir l’un de ces fruits murs par la fenêtre, en allongeant simplement le bras. Inaccessibles, ces vergers sont cultivés sur des terrains aménagés en terrasses.
3) Au-dessus, relief accidenté, promontoires élevés depuis lesquels on imagine une vue splendide. De là démarrent d’abrupts escarpements qui ne mènent absolument nulle part, sauf à vouloir en finir dans ce cadre idyllique. Falaises artistement taillées par la mer et le vent. Chef d’œuvre en cours d’accomplissement depuis des millénaires.
4) Possibilité d’uriner joyeusement face à la mer au petit matin. Attention cependant, selon l’endroit que vous avez choisi pour passer la nuit, un vendeur ambulant peut débarquer à l’improviste, aux aurores, alors même que vous faîtes votre affaire. Malaise assuré, surtout quand votre interlocuteur agite ses bras, parle fort et décide de vous prendre en photo pour bien vous faire comprendre que vous pissez sur son lieu de travail.
5) Tout en haut, village de Ravello perché comme un nid d’aigle. Panorama donnant paraît-il sur la baie de Naples et le Vésuve. Curieux, nous esquissons lentement notre montée. Bucéphale fait deux mètres de large, la route à peine quatre. Les lacets sont de plus en plus secs, en épingle à cheveux, nous prions pour ne croiser personne. Puis le drame arrive, un monstre à face carrée, tout noir : un gros bus. Ravello vaut-elle un passage en force ? Aucune échappatoire, nous devons reculer sur un kilomètre, en obligeant la dizaine de voitures qui nous suivent à faire de même. Continuels coups de klaxon ; pour rire, on klaxonne aussi, mais les gens n’ont pas le cœur à rire. Nous non plus : nous ne verrons pas Ravello.
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