22 juin, Au bord du lac Köyceğiz.
Huit heures du soir, dans une aire de camping-car. Près de l’eau, nous retrouvons Meryem, un petit bout de femme qui ce midi, prenant pitié de notre maigre salade, nous a offert des raviolis turcs au yaourt et au paprika. Générosité qui peut sembler singulière à nous qui n’offrons jamais rien au premier venu, qui manquons d’une humaine spontanéité pour lui dire tiens, c’est pour toi – défaillance qui nous rappelle à nos origines parisiennes.
Ce soir, Meryem s’approche donc de nous d’un pas décidé, taille joyeusement le bout de gras, rigole avec fracas. Sourire à nul autre pareil : plusieurs faux diamants sont collés sur ses dents, ça scintille quand le soleil est de face, on dirait que c’est kitsch. Puis Meryem s’adresse à Marie, devant qui se trouve un livre ouvert ainsi qu’un petit spray anti-moustique, et dit :
– Qu’est-ce que tu lis ?
– C’est un livre à propos de l’effondrement de notre civilisation (Marie glousse devant la gravité d’une telle réponse).
– Et ça, c’est quoi ?
– C’est un anti-moustique naturel, de l’eau avec quelques gouttes d’huile essentielle de citronnelle.
Enchantée, Meryem essaie sur-le-champ le produit miracle. Ou comment, le temps d’un soir, la citronnelle a battu l’apocalypse à plate couture.
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