8 juillet, Antalya
Il faut se donner du mal – et consommer du gazole – pour enfin trouver l’une des rares épiceries bio de Turquie. De fait, nous n’en avons plus croisée depuis Thessalonique, en Grèce. Sur les étals de la petite épicerie d’Antalya, les légumes ne se ressemblent pas les uns les autres, ils sont souvent tordus, rarement sans défaut, par endroits desséchés, tantôt trapus, tantôt filiformes, et ne brillent pas car on ne les enduit pas de cire ou de paraffine. Aucune apparence de fraîcheur, au contraire des légumes bien calibrés du supermarché d’à côté, probablement récoltés dans les abominables serres que nous avons croisées sur le chemin. Mais nous savons qu’en matière de légumes, aussi, l’habit ne fait pas le moine, et que si les produits de notre épicerie ne sont guère présentables, ils seront en revanche savoureux, nutritifs et bourrés de vitamines. Tout ce dont nous avons besoin pour nous remettre en route et foncer vers l’est anatolien.
Au fond de l’épicerie, nous faisons maintenant razzia sur les produits cosmétiques : shampoing à l’aloe vera, savon d’Alep, huile d’amande douce… L’excitation est telle que nous oublions de nous sentir ridicules. Choisirons-nous ce dentifrice à la camomille, ou celui à la menthe poivrée ? N’en jetez plus, nous prendrons cette crème hydratante au lait d’ânesse. Peut-être est-ce la chaleur, ou bien les six mois passés sur la route, mais nous n’avons jamais rêvé si fort de douceur et de propreté. Le voyage au long cours est une expérience qui, tous les jours un peu plus, vous purifie l’âme et vous salit le corps.
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