Grésillement.

« Tu peux faire le point ? »

Va te faire foutre.

« Presque toutes les commandes sont mortes. » Répondre quand même, sur un ton neutre.

« Bon. Combustible ? Batteries ?

— Combustible : trop. Batteries : une heure d’autonomie. Pas plus.

— Faut économiser. »

Connard, qu’est-ce que je fais, à ton avis ?

« Tout est hors circuit. Sauf pour les transmissions. »

Pas toutes. On le sait, en bas, j’ai gardé un peu de jus pour le pilotage manuel.

« Ta vitesse de descente devrait être bonne. Par contre, l’angle d’entrée on ne sait pas. Une idée ? »

Complètement de travers. Si je m’en sors, je te ferai bouffer de l’optimisme jusqu’à en crever. Bonne vitesse de descente, quelle bonne blague.

« Je vais couper. Ah, le parachute ne sortira pas. Alors de deux choses l’une. Soit vous reboucherez le trou et flanquerez une stèle par dessus, soit les moteurs de freinage sont mes amis.

— Insuffisants.

— Que vous croyez, les gars. »

Et merci pour les encouragements.

Chiquenaude sur un bouton. Je dois avoir trois ou quatre minutes avant de plonger vers le sol. Je grille ou je rebondis, dans le meilleur des cas si je passe il faudra que les rétrofusées soient assez dociles pour me poser.

Personne n’a jamais fait ça. Parce que normalement, lorsque le bouclier de protection se barre, ça les bousille. Sauf qu’en les actionnant juste avant qu’il se détache...

Je remets le jus. Pleine puissance, trente minutes avant épuisement des batteries. Et dix avant le thermostat 12, mais j’espère me tromper.

Serrer les sangles. Paluches agrippées au manche. Faut bien s’occuper avant la mort.

Chance, le système manuel de propulsion répond.

Je souris. Ma dernière satisfaction. Et je ferme les yeux.

(14 avril 2016, 19:25-19:35)