Fut un temps
Fut un temps où je me cassais les dents sur un cœur de marbre
Fut un temps où je labourais la charrue des rancœurs
Fut un temps où je renvoyais mon reflet à son miroir
Fut un temps où je fumais pour cacher le feu des adages
Fut un temps où je devins vieux sans en avoir l'âge
Fut un temps où je comptais les secondes pour être le premier
Fut un temps où je rimais tout au conditionnel passé
Fut un temps où je noyais inexorablement mes pensées d'adverbes
Un pitoyable aimant
Force et ment
Profond dément
Puis vint ce jour qui refuse d'oublier que le souffle est dans le verbe
Et un vers semant
Sous mes doigts mécaniques des flocons de lumière
Transpercent la veilleuse de mes errances
Déchirent l'espace de mon éternité
Et sans un mot, puisent un mot, puis un autre
Qui ressuscite l'envie
Qui re-suscite l'émoi
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