Tempête
Je t’imagine en ouragan, vent sans limite dans le silence de mes artères. Noire de peine, de haine, ton encre sur ma peau dans chaque reflet du miroir. Tu n’es qu’une métaphore sombre de mon désarroi. Tempête amère, tempête sans arrêt, tempête défaite. Tu es les éclairs qui me transpercent, les coups de lame sur ma chair, dans ma chair. Tu fais si mal, et je n’ai aucun abri face à ton existence. Oui, tu existes pour faire mal, n’est-ce pas triste ? Peut-être que les tempêtes peuvent être colorées ? Mais tu n’es que du sel sur mes plaies, tu n’es que la vague qui me noie, me broie, m’avale. Peut-être que la tempête n’existe qu’en moi. Peut-être que la tempête c’est moi ? Derrière les nuages, dans la nuit, sous la pluie, tous les cris sont les miens. Horizon assombri, gris de l’oubli, tu n’es que destruction, amertume, déception. Détruis-moi encore, tempête sans âme, et je renaîtrai dans une tempête colorée et calme, une tempête d’âme. Pourquoi fais-tu si mal ? Même sur le chemin le plus lumineux, dans l’apaisement le plus certain, tes piques s’agitent. Ne connais-tu pas l’abandon, l’abstention ? Pourquoi restes-tu un ciel gorgé d’amer ? Tu m’évoques un jour sans lendemain, une nuit sans jour, une mer sans houle, un ciel sans bleu, une violence sans fin mais toujours un moi pour toi. Tu es le démon de mes vies, mes ratés, mes limites. Tu as déchiré les barrières de mes frontières. Tu es tout ce qui me dévore. Une sorte de monstre, qui se rassasie de mes souffrances, des douleurs du monde dans mon éternel. Tu es mon horreur, au fond de mon être, blottie sous mes cassures incessantes. Et dans ton obscurité de cendre, j’apprendrai à nager, j’apprendrai à voir. Tu es peut-être la tempête mais n’en suis-je pas une, moi aussi ?
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