Pleurs solaires
Sur une flaque d'eau déposée ce matin,
La main ridée du vent a fait des tourbillons.
Le ciel hurlait sous les assauts d’un gong lointain
Dont des traces de gris emplissaient les sillons.
Une zébrure orange inonda le sentier,
Jetant le désarroi au cœur de la campagne.
Le rire d'un renard surprit un noisetier,
Alors que dans le ciel s'estompait la montagne.
L'ambre souterraine résonnait sourdement.
Sève et sang de la terre au parfum de sous-bois
Annonçaient pour la nuit le prochain tremblement
Et le nuage allait de cuivre et de guingois.
Sur l’azur, l’horizon rasa les vertes cimes.
Une pomme de pin dévala le versant,
L'ancre du ciel suivit, ouvrant un fier abîme
Dans lequel des échos se cognèrent, puissants.
D'un ballon de coton fuyaient de fines larmes,
Des lamelles rares oscillaient sous les cils,
Tandis que dans le val le son sacré des carmes
Alertait les canards dans leurs lignes dociles.
Un arc à bout de temps sacrifiait son élan
Pour embraser de rouge un air qui s’épaissit.
Des flèches d'humour noir striaient d'un zigzag blanc
Le chaos incessant des rochers rétrécis.
Une faune apeurée se cacha dans les branches,
Agglutinée, collée, privée d'espace clair,
Colère ouvrière grondant révolte franche.
Pas une âme n'osa franchir l'abrupt éclair.
Après la flaque d'eau déposée ce matin,
Une zébrure orange inonda le sentier,
Puis dans un crépuscule insolite et mutin
Le ciel versa lubies de son nimbus altier.
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