Introduction
"La guerre est ma nourriture. Tant que je suis en pouvoir de mener une armée et d'écraser mes adversaires, l'étincelle de vie qui m'anime ne pourra pas s'éteindre. Tant que j'aurai un être vivant à tuer, je le tuerais pour maintenir ma propre survie. Et quand le soleil s'éteindra, je serai tant couvert de sang frais que la lumière de la lune suffira à me faire reluire. Alors mon étincelle continuera d'exister."
Seigneur vampire Ghor Meshren.
Ce monde est un monde au seuil de la fin. La fin des temps approche à grands pas, et ce n'est un secret pour personne. Il suffit de regarder le ciel pour le savoir. La voûte céleste elle même se tord de douleur, se déforme et prend des couleurs rouges sang ou violacées. Le sol s'appauvrit, plus rien ne pousse sinon des champignons sans couleurs, la terre noircit, la roche se déforme, se contorsionne et fond. Des coulées de laves apparaissent partout. Des tremblements de terre secouent chaque parcelle de la planète. Des volcans entrent dans des éruptions titanesques qui font frémir des continents entiers, avant de s'éteindre à jamais, leur mort approchant la terre de la sienne. Partout l'atmosphère semble plus lourde, et chargée d'électricité, au point que tout ce qui se meut dans l'air sent sur ses épaules le poids d'une énergie sauvage qui ne demande qu'à incinérer l'atmosphère.
La magie elle même est victime de l'effet de l'apocalypse imminente. Autrefois les vents arcaniques parcouraient le monde sous la forme de courants d'énergie que les mages pouvaient absorber et remodeler pour lancer des sorts. Aujourd'hui, la magie elle même se tord et se déforme dans un chaos imprévisible. Elle est subitement devenue une force cruelle et indomptable. Ses mouvements et ses mutations étant devenus aussi glauques qu'imprévisibles, aucun mage ne saurait plus la manipuler sans risque. Seuls les mages les plus puissants et ayant une force de volonté particulièrement grande peuvent maîtriser cette force sauvage. Si ils ne la manipulent pas correctement ou s'ils commettent la moindre erreur, cette énergie échappe à leur contrôle et provoque des effets désagréables. Les mages peuvent ainsi voir leur cervelle être grillée, leur corps être changé en liquide ou en fumée, leurs membres ou leur corps tout entier être consumé par des flammes, ou encore être victimes de mutations abominables. En peu de temps de nombreux mages sont morts, et seuls les plus forts d'entre eux ont survécu et osent encore pratiquer la magie.
Cette époque a aussi été marquée par la disparition des dieux. À l'approche de la fin du monde, presque tous renièrent leurs dieux, qui étaient incapables de les sauver. Dans le même temps, des dieux étrangers apparurent, venant apparemment d'autres mondes, et se précipitaient sur celui là comme des charognards, avides de fidèles. Et les peuples de ce monde se tournèrent pour beaucoup vers ces dieux étrangers qui leur promettaient une solution pour éviter la fin.
Très vite des factions se formèrent tandis que les nations étaient dissoutes. Chaque groupe ayant trouvé, d'après eux, un moyen de sauver le monde de sa fin, généralement grâce aux dieux, ou à leur maîtrise de la magie. Mais le point commun à toutes ces factions était que l'élimination des autres factions leur semblait une étape obligatoire à la mise en place de leurs plans. Ceux ayant des idéaux différents des leurs empêchaient par leur seule existence l'accomplissement des rituels qui permettraient de sauver le monde. De nombreux dieux étrangers promettaient de sauver le monde si tous ceux qui y vivaient faisaient partie de leur culte. Certaines populations n'avaient trouvé que le moyen de sauver leur propre peuple. Et au milieu de tout cela, il y avait ceux qui n'avaient aucun espoir d'être sauvés d'une quelconque manière, et qui, rongés par une indicible frustration, se vengeaient sur tous les autres, ne pensant qu'à tuer, piller, et exterminer autrui pour les emporter dans la tombe et aussi pour retarder leur propre échéance.
C'était un temps où le mot guerre avait perdu tout son sens, car il n'y avait plus que des factions, des bandes, des groupes, et des déments isolés ; tous envahis par une frénésie sans nom causée par la panique de voir leur monde s'approcher inéluctablement de sa fin, et qui se battaient tous entre eux et contre les autres pour retarder leur propre mort et précipiter celle de leurs rivaux. C'est un monde où nul ne peut espérer trouver le repos. Où chaque individu soufre et se bat constamment sans réfléchir contre tous les autres, même si ça n'a aucun sens, car s'il s'arrêtait une seule seconde, il penserait ; et s'il pensait pendant une seconde alors il réaliserait le désespoir de savoir son monde entier sur le point de disparaître en ne laissant rien derrière lui. Même la mort ne parait pas une source de salut, car à quoi bon mourir si il ne restera personne pour se souvenir de nous ?
L'espoir avec lequel prétendent se battre ceux qui pensent chercher un moyen de survivre, n'est en fait que la façon dont ils perçoivent la haine qui commande chaque atome de leur corps et qui est orienté vers tout ce qui vit et vers la vie elle même qu'ils haïssent avec une folie inavouable. Car la vie à leurs yeux, a révélé son véritable visage. La vie n'a jamais été qu'un mensonge. Alors ils se battent, ils tuent, et ils meurent. Répandent flammes et désolation partout où l'apocalypse n'a pas déjà fait son œuvre.
La fin des temps n'est pas encore arrivée, mais pourtant, ce monde n'est déjà plus que sang et fumée.
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