Chapitre 1
De condition libre
Mon nom est Ange. Et oui, Ange, la quarantaine sur la fin, mais quelle importance ?
Il est 18h, on est en plein mois d’octobre à Paris et la rame de métro est bondée. Cette année on traverse un bel été indien, une chance, même s’il fait particulièrement chaud dans ce métro.
C’est donc légèrement transpirant que je voyage aujourd’hui, inconfortablement; je tente comme à mon habitude de trouver refuge dans la musique jouée à mes oreilles, mes écouteurs bien vissés et prêts à m’offrir des morceaux de choix de tous genres, au gré de ma playlist … Mais ce n’est pas ce qui va arriver.
Il y a cette fille en face de moi : elle attire mon regard : c’est un tout. Oui c’est ça : c’est un tout… un tout où rien ne manque. Elle a des traits de visage aussi délicats que féminins, et un air au contraire de vulgaire… Je termine une grosse journée de travail, et elle se révèle être l’aimant parfait et irrésistible pour mon regard. Un oasis visuel dans le désert du quotidien, plein de personnes fades, ou surfaites… Elle est là, à jouer le jeu des Parisiens dans les transports publics, champions du visage fermé, du regard éteint et fuyant. Mais je vois clair dans son jeu : elle tente de se fondre dans la masse des usagers du métro, mais elle ne me la fera pas, à moi. Je vois bien que son visage est fait pour sourire, s’émerveiller, et attraper la lumière. D’ailleurs, sa petite moue amusée en voyant un petit couple senior s’embrasser sur un quai d’arrêt laisse se dessiner au coin de sa jolie bouche des fossettes que je ne m’imaginais pas, et qui ajoutent à son attractivité. Quelle lumière immédiate quand elle sourit !
Comme tout le monde elle a chaud, mais elle semble avoir conservé toute sa fraîcheur. A bien y penser je dirais même qu’elle a tout bonnement conservé la fraîcheur de son adolescence, qu’elle a certainement tranquillement et sans effort transporté jusqu’à cet âge atteint, de… je dirais…quarante ans ? Quelle maturité de la beauté atteinte, je ne me lasse pas de la regarder, alors que ça ne me ressemble pas de faire ça. Mais aussi longtemps qu’elle ne se doutera pas de l’effet qu’elle me fait, je me ficherai du qu’en dira-t-on : au diable ceux qui me croiront voyeur ! Je ne suis pas un voyeur, par contre j’avouerais que cette femme me fait l’effet de m’avoir redonné la vue ! On en voit des belles femmes partout : dans les magasines, à la télé, dans la rue parfois, mais les phéromones ont complètement fait sortir du lot cette individualité là.
Est-ce possible ? Est-ce possible d’à la fois s’émerveiller devant une personne face à la vue première de son apparence, tout en recevant l’information qu’il y a plus ? Parce que c’est le cas, là, tout de suite. Son regard parle pour elle et traduit une certaine intelligence. La nature elle-même a eu l’intelligence de la doter de merveilleux attributs, et il semble qu’elle a en plus offert l’atout intellectuel.
Mais attendez : oui, ça y est je peux lire l’auteur du livre qu’elle tient. C’est Kafka !
Wow, d’un seul coup, ce n’est plus moi qui l’ai coincée du regard dans un coin du métro, détaillant tout ce qu’elle a de si beau à remarquer, mais c’est elle qui me subjugue !
Kafka ?! J’ai le vague souvenir que c’est un écrivain allemand : mais quel courant ? Quelle pensée ? Et quel intérêt pour elle ? Voilà un sujet sur lequel je ne me verrais pas la brancher, elle me terrasserait !
Elle est belle, et l’est sûrement encore plus parce qu’elle ignore à quel point c’est le cas. Il existe autant de styles de filles que de beautés différentes, et il n’y a pas d’archétype… Elle est tout simplement… à mon goût. Et d’ailleurs à simplement prononcer le mot « goût », je ne peux pas m’empêcher d’avoir un flash de sa bouche se prêtant à un baiser pour moi. Le goût que j’ai alors, c’est celui de ses lèvres vermeilles.
Bref, les stations défilent, et je décide de mettre mes lunettes de soleil : on est passés aux stations de surface, c’est justifié. Et surtout elle risquera encore moins de me surprendre. Les verres de mes lunettes sont teintés légèrement fumés : le filtre que ça donne sur elle la valorise encore plus, était-ce possible ?
Quand je dis que la Nature l’a gâtée, c’est par son visage si doux, ses yeux de biche, son teint doucement hâlé. Un grain de peau fin également se devine sous son chemisier blanc. Sa position assise exerce une certaine pression sur les boutons de ce chemisier, et je peux voir la naissance de sa poitrine parfaitement rebondie et ornée d’une belle dentelle à l’anglaise, à mon plus grand plaisir. Elle a un charmant grain de beauté sur le sein gauche, à moins que ce ne soit un tout petit tatouage ? Je me lance le défi de le savoir avant de la laisser quitter mon champ de vision.
C’est amusant de voir comment le haut révèle des données contradictoires avec le bas : elle a un maquillage très léger et bien fait, un chignon parfaitement attaché, un chemisier au repassage impeccable… Mais elle porte une petite jupe écossaise bleue marine, avec des collants résille et des chaussures choisies pour leur confort plutôt que la coquetterie. Comme si elle avait changé d’avis en cours de route, c’est à dire qu’elle était vestimentairement d’humeur secrétaire en commençant par le haut, pour finir avec un look de jeune Londonienne en bas. Bref, y’a de l’audace là-dedans et c’est intrigant. Quelle est sa personnalité ? (une question de plus en comptant aussi la question du tatouage ou grain de beauté, et la question du goût qu’elle peut bien avoir !)
Esplanade de la Défense : je la vois descendre et mon sang ne fait qu’un tour ! Je décide de la suivre. Après tout avec un quartier aussi fréquenté, j’ai quand même bien le droit d’aller au même endroit qu’elle, non ?
Je simule d’écouter de la musique et tapoter l’écran de mon téléphone et je me place dans son sillon. Oh mais oui ! Quelle heureuse idée ! Je peux sentir son parfum et il m’enivre. Je ne me reconnais pas, mais je m’en fous, c’est viscéral, je dois la suivre et continuer de la voir, cette fois-ci en train de se mouvoir…
C’est marrant ça : vous les femmes, vous avez parfois cette indescriptible façon de chalouper votre corps en même temps que vous marchez, donnant une furieuse envie de saisir vos hanches et vous serrer contre nous. Les fesses d’une femme, aussi bien proportionnées sont ni plus ni moins que deux lunes hypnotiques qui pourraient faire se mettre à genou n’importe quel homme prétendument fort ou conquérant. Voir marcher cette femme devant moi est un cadeau qui me ferait oublier n’importe quelle mauvaise journée.
Ah, rien d’étonnant à cela, mais je remarque un détail sur ses collants vus de derrière : ils sont filés, sur la jambe droite. Amusant de voir les fils tirés s’allonger aléatoirement au rythme de ses pas. Il semblerait que la forme prise soit une flèche. Une flèche géante et grandissante (ne serait-ce pas une métaphore pour….. autre chose chez moi justement….. bref…. trêve d’humour)
Cette flèche me dit que je dois continuer de la suivre ; elle me dit que Cupidon a décoché une flèche qui s’est retrouvée ici. Mais oui ! Qu’on me prenne, qu’on m’utilise ! Cupidon, je suis libre comme le vent, et vibrant, et prêt et…. Oh… qu’est-ce que je fais ? Elle entre dans un bâtiment !
Ok je la suis.
Elle me précède et je rentre moi-même dans un hall gigantesque. Je ne la vois plus. Je me place donc dans un angle perdu et je m’assois sur un des fauteuils inoccupés. L’endroit est désert. Où est-elle ?
Ça ne me ressemble tellement pas ce que je fais, mais bizarrement je ne ressens pas de peur, et tout ça est plus fort que moi…
Il ne me faut pas longtemps pour m’en apercevoir… J’entends de petits sons de voix, poussés par un effort : c’est elle ! N’ayant pas trouvé les sanitaires pour se changer, elle s’était mise derrière une grande plante verte, à l’abri des regards. Elle retire sa jupe écossaise pour la remplacer par une sobre jupe de tailleur qui une fois sur elle, n’aura plus rien de sobre ! Mon dieu qu’elle est divine ! Moi je vois tout, toujours flanqué de mes lunettes sur le nez. Elle enlève d’abord ses collants, pour en enfiler une nouvelle paire. Il s’agit de l’exacte même paire de collants : sûrement une habituée des collants filés alors. Mais tandis qu’elle prépare le collant de ses mains fines et adroites, j’ai tout le temps de laisser mes yeux parcourir son corps, qui n’est pas sans rappeler celui de Brigitte Bardot, dans Et Dieu Créa La Femme : rien d’anodin ! Ce titre colle parfaitement à ce que je vois. Ses formes sont juste parfaites et appellent au sens du toucher, à l’envie de la respirer de plus près, l’envie de l’entendre rire. Ah l’envie ! La mienne est grandissante pour elle…
Son sous-vêtement blanc immaculé me dit qu’elle est soigneuse avec son linge. D’ailleurs le blanc est depuis toujours associé à l’innocence, à la pureté… Le blanc du baptême, de la promise au mariage, le blanc du linceul du Christ crucifié… Ici, c’est le blanc de la paix. Ses sous-vêtements blancs donnent envie de signer un traité avec elle, de se laver de tous péchés à ses côtés. C’est le blanc de la renaissance, le blanc de la page blanche où tout peut commencer.
Alors perdu dans ces pensées, elle de son côté finit de se préparer et vient me rejoindre, s’asseyant près de moi. Elle est chaussée de très sexy escarpins noirs.
Très spontanément, elle soupire et me dit qu’elle est soulagée d’être à l’heure pour son entretien d’embauche. Je me trouve comme un con : elle provoque en moi mille pensées à la minute, et pourtant là, je sèche ! Je me contente d’esquisser un sourire.
Les minutes passent et une secrétaire vient prévenir que Mr Pinson aura du retard, beaucoup de retard. Pantxika (oui elle s’appelle comme ça, j’ai pu le lire sur le CV qu’elle tient sur ses genoux), Pantxika soupire encore, et dit qu’elle s’ennuie, que c’est trop long. Elle me demande si je veux jouer.
Mais jouer à quoi, bon sang ? OUI, oui, oui je veux jouer, je jouerai à ce que tu voudras créature de rêve !
Elle me tend alors un feutre noir, et avec le deuxième feutre, elle commence à dessiner un rond dans le quadrillage de ses collants résille. Mais c’est génial !!! Elle me propose vraiment de jouer au Morpion sur sa cuisse ?! Je ne rêve pas ? Ça lui paraît tellement naturel cette proposition : comment pourrait-on lui refuser cette faveur, qui disons-le, en est une surtout pour celui autorisé à tracer des croix sur sa chair !!!!
Comme la vie est farceuse ! Je craque sur une inconnue dans le métro, et je me retrouve, une demi heure plus tard, en train de tracer des croix sur le dessus de sa cuisse, en jouant avec l’imprimé de ses collants ?!
Comme j’aime la fraîcheur d’un tel moment aussi suspendu qu’inattendu. Soudain, elle colle sa tête contre mon épaule et commence à chantonner quelque chose tout bas : elle donne soudain la reprise par Parra For Cuva qu’elle a identifié : Wicked Games. Elle est toute fière, et ne semble pas se douter une seule seconde qu’elle me séduit au plus haut point. Sa tête contre moi m’a permis de humer le parfum de ses cheveux. A cet instant je me sens comme imprégné d’elle, mais il m’en faut plus. Il m’en faut plus, mais je n’arrive toujours pas à perdre cet air décontenancé qu’elle a le chic de provoquer chez moi. J’avoue ne pas être un séducteur né, encore moins entreprenant mais pour elle je sens que je dois me faire violence et provoquer ma nature cachée.
Bref j’ai juste le temps de confirmer le titre qu’elle venait de reconnaître à mes écouteurs qui, semble-t-il, continuaient de donner du son. Et alors que je commençais à embrayer sur les insipides questions habituelles d’un inconnu à un autre (c’est quoi ton prénom ? Tu es d’ici ? Tu es là pour quoi au juste ? »…) elle se fait appeler et me demande de l’attendre.
Je n’ai même pas le temps de bredouiller une réponse : de toute façon personne ne m’attend chez moi, et j’ai une furieuse envie de lui montrer que je ne suis pas un imbécile coincé, ou un timide paralysé… Pas de problème Pantxika, la soirée qui s’annonce nous appartient j’en suis sûr.
Non pas une, ni deux mais plus de trois longues heures passent… Le temps pour moi de me perdre dans des pensées irrépressibles d’une Pantxika voluptueuse pendue à mon cou en train de me glisser des paroles sexy à l’oreille… J’ai aussi des visions d’un corps nu allongé dans mon lit : sa lingerie blanche nonchalamment posée à côté d’elle ressort si bien dans mes draps pourpre. Cette dentelle blanche me plait. Cette fille me plait. Cette vision me plaît.
Sur son CV j’ai vu qu’elle parlait le basque : je ne peux pas m’empêcher de l’imaginer me donner un cours. Voir sa bouche s’activer en prononçant des mots qui ne ressemblent à aucune langue que je connaisse de près ou de loin, alors que je suis du Sud des Landes. Je l’imagine soudainement pincer ma mâchoire inférieure d’une main ferme pour me faire prononcer un mot correctement. Quelle autorité sexy et la bienvenue ! Je la vois prendre ma main et la placer sur ses cordes vocales en même temps qu’elle me parle basque, que je « sente » les sons. Je l’imagine continuer de me parler, sans que je ne comprenne rien, mais acceptant que ma main passe de ses cordes vocales à la base de son cou, par une caresse qui continuerait sa route jusqu’à son buste si gracieux. Le dos de ma main effleurerait la douceur de sa poitrine aussi parfaite que celle de la Marianne qui trône dans toutes les mairies de France.
Ainsi perdu dans mes pensées, je tourne la tête dehors et je vois que la nuit est tombée. Amusant de se rendre compte combien la nuit soigne l’inhibition, en donnant ce soupçon d’audace et assurance qui manque si souvent à certains moments de la journée passée !
On a tous remarqué combien on se sent plus en contrôle d’une voiture en la conduisant de nuit. C’est paradoxal quand on y pense : la nuit la vision est plus difficile, le danger est plus grand et impossible à voir venir, et pourtant au volant on se sent plus réveillé, plus vivant. Les pensées sont claires et c’est souvent le lieu et le moment d’une introspection. On pilote notre véhicule avec les sens plus vifs. La musique qu’on passe prend soudainement plus d’ampleur et les paroles nous paraissent plus évocatrices. On se retrouve plus ancré dans le présent, plus en phase avec nous-même, débarrassés de la fioriture mentale du quotidien.
Pas vrai ?
Et bien c’est exactement ce que Pantxika me fait comme effet : je sens que j’ai mentalement pris le contrôle de la situation à laquelle je tiens à donner une orientation choisie. Elle m’appelle. Elle me réveille. Elle m’attire et me met en état d’alerte bienfaisante. Elle me fait l’effet d’une page blanche, où mes expériences passées n’ont aucunement leur place ou leur intérêt. Je n’ai pas envie de comparer ce présent qui s’annonce à mon passé (surtout qu’il ne m’a pas particulièrement porté chance jusqu’à maintenant). Je m’aventure en terre inconnue et je tiens à laisser entrer en moi plus de spontanéité, en route pour un lâcher-prise ! Il m’aura fallu des décennies pour atteindre ce stade d’audace, mais je suis humble, d’accord pour apprendre sur la vie et sur moi encore et encore.
Mes sens sont en éveil : un instinct un peu animal me dit que cette partenaire sera partante pour donner une fin mémorable à cette journée commencée de façon si anodine. Et je n’aurai pas longtemps à attendre…
Pantxika arrive : son sourire me dit que le poste qu’elle convoite est pour elle… Bingo ! Si c’est le cas, alors elle sera d’humeur extra… Mais écoutez-moi !!! On dirait que j’ai besoin de ça pour la charmer ! Reprends-toi Ange : crée l’atmosphère propice à l’osmose, envoie-lui des signaux ! Fais-lui se rendre compte que son aimant a priori négatif est voué à être attiré par le tien, positif ! La magie du magnétisme… J’aurai au moins retenu ça des cours de sciences physiques au collège !
De toute façon cette fille a bien l’air de ne pas appartenir à cette catégorie de femmes au tempérament changeant, pouvant être froide et indifférente face à des approches chaleureuses si leur tête n’est pas à ça… Mais je peux me tromper. Son CV disait « célibataire »… Voyons voyons…
C’est elle qui parle en premier : elle me dit qu’elle a quelque chose à fêter et veut s’assurer qu’aucune épouse ne m’attend chez moi, ce qui ferait de moi un mec pas mieux que les précédents qu’elle avait sûrement balayés de son chemin, illico. Une fois rassurée sur mon statut célibataire, elle me remercie d’avoir attendu et me propose quelque chose de délirant.
Elle explique qu’elle connaît parfaitement le bâtiment et elle me propose d’y passer clandestinement la nuit… Je dois juste suivre ses instructions et la nuit « nous appartiendra »… Justement les plans que j’avais secrètement pour nous !
Elle me dit que pour éviter la sécurité qui fera ses rondes, il suffit d’aller à l’étage du PDG avant l’extinction des lumières et l’activation des alarmes. A 8h le lendemain les femmes de ménage n’auront qu’à nous libérer à leur arrivée…
Moi ça me va parfaitement ! Pantxika, tu me plais définitivement. Séquestre-moi ! Ton plan me laisse perplexe mais m’embarque : et il augure plein de choses excitantes je le pressens. Je vais pour une fois dans ma vie sortir des sentiers battus, c’est décidé.
Il est 22h et alors que tout le monde semble avoir quitté le bâtiment, Pantxika me saisit la main et m’attire vers l’ascenseur. Elle demande le dernier étage et la porte se referme…
Elle me fixe des yeux, très joueuse et esquisse un sourire : ce genre de sourire qui souhaite la bienvenue à ma masculinité ! Je décide de m’approcher d’elle pour lui parler de plus près, et de façon frontale je me place devant son joli visage ; plus grand qu’elle, je n’ai aucune difficulté à tendre mon bras au-dessus de son épaule gauche et l’appuyer contre le miroir derrière elle. Je ne prends aucun air prédateur, au contraire je suis sous son charme et j’espère juste que ce sera contagieux ! J’ai bien l’intention de lui montrer de quelle assurance je suis capable, et me le montrer à moi-même.
Du dessus j’ai une vue imprenable sur son décolleté parfait et son parfum émane de cette même poitrine battante. J’arrive aussi à sentir une douce chaleur se dégager de son corps : je suis définitivement animal ce soir, et je suppose que mes capteurs sensoriels ne sont pas passés à côté de son incroyable sex appeal.
Maintenant en proximité immédiate avec elle je lui demande si elle pense que c’est son jour de chance au vu de son succès à l’entretien d’embauche : elle sourit et s’apprête à me répondre, quand soudain l’ascenseur s’arrête en même temps qu’il se retrouve coupé d’électricité : blackout total.
Je ne suis pas de nature fragile, mais j’avoue que j’exècre les espaces confinés sans mouvement ou lumière. Je ne montre rien à Pantxika mais une certaine nervosité rompt le charme qui commençait à remplir l’air de cet ascenseur. Je me retourne et j’appuie nerveusement sur les boutons en tentant une connexion avec le service sécurité, mais Pantxika m’en empêche et me dit qu’il suffit d’être patient, car si on appelle la sécurité alors le plan d’occupation des lieux échouera. Elle a raison. Mais je m’obstine à essayer de relancer la montée en appuyant sur les boutons, à la lumière de mon portable, qui ne capte rien dans cet espace exiguë. Une moiteur s’installe vite, due à la coupure de ventilation de l’ascenseur. Le temps presse pour le claustrophobe que je suis et la température ambiante escalade littéralement.
Elle, de son côté n’a pas quitté sa nature joueuse et elle rit, me promettant que tout va bien se passer…
Quelques minutes de plus passent, et aussi vite que le courant était parti, le voilà revenu.
Quand je me retourne, j’ai l’excellente surprise de voir Pantxika tenant son soutien-gorge blanc d’une main, chemisier remis après ce retrait, mais qu’à moitié reboutonné.
Elle se retourne vers l’immense miroir et se penche ; ce choix de me tourner le dos me permet de contempler son hypnotique croupe, dirigée vers moi, sous le tissu tendu de sa jupe de secrétaire : quel effet ça me fait ! Mais qu’est-ce qu’elle fait au juste ?…
Quand enfin je porte mon regard en détail sur le miroir, je m’aperçois d’un dessin qu’elle a fait en jouant avec la vapeur d’eau déposée sur la surface du miroir… Pantxika a pressé sa poitrine nue contre le miroir, formant deux sphères parfaites, et au doigt elle a ajouté de longs cils à cette paire d’yeux gigantesques. Son choix de se pencher à nouveau vers le miroir était pour rajouter de la vapeur d’eau émanant de sa délicieuse bouche et pouvoir dessiner un sourire. A cet instant j’ai envie d’être une de ces micro gouttelettes d’eau sorties de sa bouche pour arriver sur la vitre où ses deux superbes seins nus venaient de déposer leur chaude marque.
Elle rit, et j’ai le plaisir, tout en lui rendant son sourire, de m’apercevoir que la moiteur de la pièce a eu aussi raison du tissu impeccable mais terriblement fin et délicat de son chemisier. Celui-ci fait un effet seconde peau et fait ressortir deux beaux tétons venant terminer en pointe l’arc bombé de chaque sein. Je peux dire qu’à cet instant magique, elle avait réussi à faire s’envoler ma nervosité. C’est tellement sexy que je ne réfléchis plus, je m’approche d’elle assez lentement pour quand même évaluer si elle veut refuser, mais en l’absence évidente d’obstacle à mon intention, me voilà en train de parcourir le ventre de Pantxika, de mes doigts les plus délicats possibles… Le silence de la scène la sacralise et j’aime ça. Je pars de l’horizontale ligne de sa jupe, pour dépasser son nombril et remonter en démarrant le long de ses flancs : je sens le relief de ses côtes alors qu’elle frémit à mon toucher, bombant sa poitrine, déjà objet sacré de mon regard. Sa poitrine m’appelle comme les sirènes, en mythologie, qui appelaient les marins à s’approcher, au péril de leur vie. Je me damnerais pour sceller cette connexion charnelle : à quoi bon garder son âme dans le feu d’un tel moment où seuls les corps interviennent ?
Je ne me vois pourtant pas frontalement saisir ses superbes seins comme si je la possédais ou je la connaissais parfaitement. Je vois plutôt le moment comme une main qui apprivoise la créature divine qui n’apparaît qu’une fois dans une vie de cette manière. Et je crois savoir que les femmes n’aiment pas la trop grande fermeté des mains sur leurs seins. Je choisis donc de retracer l’exquis demi-cercle inférieur du bout de mes doigts, en allers retours. Le silence participe à ce moment charnel et puissant. Nos respirations conjuguées ajoutent aussi à la tension sexuelle palpable. Puis je passe la paume de mes mains délicatement sur la partie basse des seins : je sens le téton se dresser d’autant plus entre mon index et mon majeur, et je dois dire que ça m’excite beaucoup : qui y serait insensible ?
La porte de l’ascenseur s’ouvre à l’étage du bureau du PDG. Mais c’est que l’étage entier lui appartient, le veinard !
Je vois dans le miroir que la destination est atteinte mais je n’attends plus, c’est ici et maintenant que tout commence… Ses yeux me le demandent, à moi de jouer. Je passe mes mains dans ses cheveux défaits de leur chignon, utilisant soudain beaucoup plus ma force, et je l’embrasse langoureusement, n’oubliant pas de la presser contre moi de façon à ce que tout en l’embrassant, j’imagine que mon propre buste est comme pourvu de centaines de capteurs digitaux, capables d’une reconnaissance des formes et reliefs de tout ce qui viendrait en contact. Avec concentration, j’arrive donc à me figurer comment sa poitrine comprimée contre moi revient à former des cercles élargis, vus du dessus, et je m’imagine pouvoir sentir ses tétons se manifester subtilement au fur et à mesure que des frissons traversent son corps et lui confèrent ce pouvoir érectile. C’est de bonne guerre cette pensée, en sachant combien de fois dans une vie les femmes perçoivent nos pulsions sexuelles, appuyées contre notre entrejambe, sans qu’on ne puisse rien y faire ! Je sens son ventre brûlant ne pas résister à l’attraction non plus.
Ce baiser donne le tournis : d’une femme à l’autre les sensations diffèrent beaucoup et là c’est somptueux.
Pantxika apprécie ce moment, à en juger par ses petits gémissements et ses lentes expirations semblant vouloir échanger avec moi, ou en tout cas me demandant de continuer ! Elle décide de lentement lever sa jupe qui l’entrave, et c’est alors que je me souviens qu’elle porte des collants. Je me souviens également qu’elle est habituée à avoir des accidents avec ses collants puisqu’elle en a plusieurs paires dans son sac à main. N’écoutant que ma pulsion, j’entreprends donc de déchirer à la force des mains l’entrejambe des collants. Ce geste, qui ne me ressemble pas, a encore monté d’un cran mon excitation. Je venais de déchirer ses collants, dévoilant au passage les petites croix et les ronds dessinés sur sa cuisse.
Les fils tirés de ses collants avancent et font l’effet de ces failles se creusant à vitesse grand V dans le sol lors d’un tremblement de terre. Les lignes avancent par minuscules crans et tissent une toile sur son collant déchiqueté par endroits.
Mes mains se faufilent sous la surface de collant déchiré, pour caresser généreusement le haut de ses jambes. Je me permets alors de saisir ses fesses et l’asseoir sur la barre d’ornement du bas du miroir de l’ascenseur, parfaite pour la faire rejoindre ma hauteur.
Je place mon corps entre ses jambes et j’ai plaisir à voir que Pantxika adhère à chacun de mes gestes, son sourire, ses yeux mi-clos, et sa tête relevée vers le plafond me disant qu’on est sur la même longueur d’onde.
Au tour de Pantxika de sentir que je ne triche pas avec elle et que mon excitation est réelle et très perceptible, à son contact rapproché. Je sens Pantxika enrouler ses jambes contre moi et me rapprocher encore plus. Je glisse ma bouche pleine d’envie dans son cou et j’arrive à atteindre le dessus de sa poitrine, sur laquelle je passe une langue lente et chaude. Oh ! c’est alors le verdict ! Le tatouage ! … C’est donc… une petite croix basque ! Très joli cette croix aux 4 points cardinaux, qui à cet instant présent me seraient utiles tant je suis déboussolé.
Pantxika mérite mieux qu’être assise sur la barre de cet ascenseur. Je la porte, la tenant tout contre moi, et je continue de l’embrasser goulument, tout en marchant à reculons. Je me guide en m’aidant du reflet dans le miroir, et grâce auquel j’ai situé l’emplacement du canapé du bureau : un Chesterfield en cuir noir. Je m’apprête à l’allonger, mais c’est finalement elle qui me pousse pour m’asseoir. Elle restera debout, ça semble décidé…
Elle redescend sa jupe, s’assure d’avoir bien rattaché ses escarpins, elle se refait un chignon, sort des lunettes de vue de son sac, qu’elle met, et reboutonne son chemisier. A quoi elle joue ? … Heureusement son regard toujours espiègle me rassure.
Elle me dit qu’elle veut absolument profiter du fait d’être dans ce bureau pour réaliser un petit fantasme personnel: un strip tease façon secrétaire !
Va pour le cliché Pantxika, je ne suis pas contre, et je ne suis pas prêt de me refroidir …
La belle sort une petite enceinte Bluetooth de son sac et joue UNDERNEATH de Jarry James…
Elle repart dans l’ascenseur, retire la pince de son chignon et agrippe à deux mains la barre pour onduler l’ensemble de son corps au rythme de la musique, faisant pencher son buste en arrière tout en gardant un genou monté contre la barre. Elle descend sa tête en arrière, laissant tomber ses longs cheveux. Mon dieu que c’est sexy ! J’ai une envie folle de croquer ce cou et la sentir se frotter à moi.
Tiens, sa jupe est pourvue d’une jolie fente, dévoilant sa cuisse légèrement dodue mais ferme à la fois… Mmm.
Chaque pied qu’elle déplace ensuite au sol montre une fine cheville qui termine dans un escarpin qui ne gêne en rien ses mouvements de jambes. Quelle maîtrise ! …et pourtant une très légère mais tout aussi sexy gêne me dit que ce n’est pas une habituée de l’exercice.
Elle danse lascivement en ne manquant pas de passer ses mains le long de ses courbes parfaites, et elle décide que sa jupe sera la première chose qu’elle retirera. Toujours au diapason avec le son, elle fait glisser la jupe et l’envoie voler d’un furtif petit coup de pied. Elle fait également tomber ses escarpins l’un après l’autre… je me sens comme un chat qui observe les objets qu’on agite devant lui pour l’attirer, mais j’attends de décider QUAND j’agirai, fierté de chat oblige ! Je suis pourtant tout sauf indifférent. Me retenir de la rejoindre et interrompre son strip tease ne tient qu’à la pensée que plus ça dure, plus c’est divin.
La vue de ses collants déchirés me fait me mordiller ma lèvre inférieure : je suis à la fois excité et embarrassé d’en être à l’origine. Pourtant Pantxika va décider sur le champ de finir le travail en se mettant à tirer sur les fibres qui restaient, jusqu’à ne plus rien avoir sur les jambes. Son collant est littéralement laminé et jeté au sol.
Bilan : elle est là, à quelques mètres devant moi, en tanga blanc et chemisier à peine boutonné, ouvert en bas, tout humide, comme fondu sur elle ! Elle se met à avancer en chaloupant son corps comme elle sait si bien le faire. Elle me semble être devenue cette Jessica Rabbit, sans la robe rouge, que tous les hommes d’aujourd’hui se remémorent, petits garçons… Elle a une grâce semblant venir des plans fous d’un dessinateur qui aurait eu l’idée géniale de sa silhouette envoutante. Son chaloupé me fait devenir le fameux loup de Tex Avery, mâchoire inférieure tombée et langue cherchant à lui dérouler le tapis rouge qu’elle mérite.
Sa peau au joli hâle caramel me fait me focaliser sur son ventre… Quel temple du désir ! J’arrive à voir des gouttelettes donner un grain encore plus sexy à sa peau. En même temps qu’elle réduit la distance qui nous sépare, elle finit de déboutonner le haut de son chemisier et le lance par terre. Pas de soutien-gorge, puisqu’elle l’avait enlevé précédemment. Juste cette petite croix basque qui ne la quitte jamais.
Je me trouve toujours assis sur le canapé, ne ratant pas une miette du spectacle qu’elle m’offre. J’ai tout juste le réflexe de déglutir d’excitation. Je souris, et je suis pris d’une furieuse envie de l’étreindre.
Son enceinte joue maintenant le titre SOL d’Alef. Je ne connaissais pas et je trouve ce son hypnotique. L’impression d’un métronome qui choisit de cesser de faire son job et de s’accorder à la mélodie. La rythmique est envoutante, tout comme Pantxika.
J’entends ces déclics enchaînés d’une sorte de gâchette d’arme à feu dans cette musique, et le son du barillet même. Pantxika s’apprête donc à tirer ? Jouer à la roulette russe ? Mon dieu quel bon son inclassable : tout me met en état d’ivresse sensuelle !
Elle est maintenant à deux mètres de me rejoindre. Elle finit son avancée à quatre pattes et approche, d’une allure féline. Quelle beauté folle ! Quel appel de la chair ! Une fois à mes genoux elle défait ma ceinture et tire sur mon pantalon. Rien de vulgaire dans sa façon de faire, paraissant si naturelle et douce ! Elle retire aussi mon t-shirt, à genoux devant moi. Je place ma main sous son menton délicat, comme je m’y prendrais avec une biche qui accepterait ma caresse, dans une forêt.
Délicatement comme elle me l’inspire, je la guide vers ma bouche. Il faut que je l’embrasse, recréons l’explosion des sens qu’on avait causée plus tôt dans l’ascenseur, Pantxika !
Certains passages du titre ont une connotation orientale : parfait pour la naturelle contorsion de ventre dont seule Pantxika a le secret. Les basses m’embarquent et j’entends presque mes propres battements de cœur amplifiés rejoindre ce son en temps réel.
Elle relève son corps majestueux et vient s’asseoir à califourchon sur moi. Le baiser alors échangé ne manque pas de finir de m’exciter et sonner la fin de la phase des préliminaires. Elle semble partager mon avis au vu de sa main audacieusement placée sur mon entrejambe caressant la partie phallique de mon anatomie d’une façon irrésistible : quelle douceur agréable ce toucher ! Des mains si délicates !
Elle ondule son corps, du haut à son bas ventre, se cambrant vertigineusement. Elle se frotte insolemment à moi, et j’adore. Mes mains suivent cette oscillation de ses mouvements et me font perdre patience ! Je baisse mon caleçon sous mes fesses. On se sert du préservatif dans la poche arrière de mon pantalon au sol (je jure que j’avais rien prémédité, comment aurais-je pu ? mais nous restons deux inconnus l’un pour l’autre). Je n’ai pas le temps de proposer de lui enlever son sous-vêtement qu’elle décale déjà sur le côté le tissu la séparant de moi.
Je n’ai plus qu’ensuite à m’insérer en elle, à moins que ce ne soit elle qui soit venue s’imbriquer : difficile à dire… Mais ce qui suit, c’est sûr, est le fruit d’une participation réciproque des corps dans une synergie haletante, menant tout droit au paroxysme des sens emportés. Elle est douée d’une énergie sexuelle enveloppante. Je n’ai pas grand chose à faire, elle s’occupe des va-et-vient, les yeux fermés, en totale fougue non guidée ou calculée. Ses seins montent et descendent : impression de voir la classique sirène seins nus des carrousels d’autrefois, monter et descendre au rythme de la machinerie du manège. Mes yeux filment, photographient chaque seconde de ce moment : chaque clignement me donne l’impression d’une seconde perdue de ce paradis visuel. Heureusement quand mes yeux se ferment c’est tout mon corps qui prend le relais de l’identification de ce qui se passe, grâce aux quatre autres sens.
Très vite je trouve peu juste ce don de soi quasi unidirectionnel, même si je vis un rêve éveillé et qu’elle fait monter en moi un feu inextinguible. Aussi finement que possible je l’invite donc à se lever. J’enlève complètement mon caleçon juste baissé et je la prends dans mes bras. Elle continue de m’embrasser mais se retourne dos contre moi et presse ses belles fesses contre moi, tout en faisant glisser son tanga. Sans réfléchir je m’insère à nouveau en elle et je la sens haletante. Elle attendait ça.
Quelques mouvements de bassin me font décoller métaphoriquement mais font décoller littéralement le talon de ses pieds, à elle. J’ai pour elle une pleine envie de nirvana… Je décide de nous faire faire un arc de cercle et je la place lentement à genoux sur le canapé, avec sa permission : à cette seconde je m’aperçois de deux merveilleuses fossettes qui semblent accentuer la chute de ses reins. Quels détails charmants qui se rajoutent les uns après les autres !
La suite je la garde pour moi, mais je peux dire que je ne regarderai plus jamais un ascenseur de la même façon, et je suis sûr de savoir traduire « oui » en basque maintenant !
Il y a cent façons différentes de faire l’amour. Cent types d’approches. Cent dispositions mentales différentes à se livrer à des ébats, cent lieux pour le faire.
Ici rien ne fut réfléchi.
On sait que le Covid a comme effet le plus connu la perte de goût, totale ou partielle. Alors je peux vous dire que j’ai trouvé l’antidote en la personne de Pantxika. Elle a le don de redonner le goût, de rétablir et sublimer les cinq sens, même !
Cette nuit-là, j’ai vécu de l’inouï en termes d’envie, de montée crescendo du désir, de séduction passive (au début en l’occurrence). Elle m’a subjugué, m’a retourné l’esprit.
Quand le souvenir exact de son apparence physique disparaitra, resteront fossilisés dans ma mémoire son parfum, la musique, son petit tatouage noir, et le putain d’orgasme synchronisé avec le sien qu’elle m’a offert.
« Pantxika » vient du latin Francus et signifie « de condition libre » : ça doit expliquer pourquoi elle n’a pas ressenti le besoin qu’on reste en contact pour se revoir au-delà de cette nuit-là… Je dois avouer que chaque détail dans tout ça rajoute à l’effet renversant et imbattable de la rencontre.
Je me sens chanceux, et prêt à me reperdre dans les flashbacks de cette nuit-là, dès que dans le métro je me retrouverai un peu maussade un de ces jours.
Et secrètement je me dis que ce n’est peut-être pas si fini que ça ! Je n’oublie pas qu’elle a été prise pour un poste dans un bâtiment dont je connais maintenant très bien le dernier étage…
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