Une petite difficulté pour les voir à travers le cache-œil dans le mur. Position de la peinture du Lion Pendu légèrement modifié, les trous ne s’alignaient plus. Aux différents bruits de pas que j’ai pu entendre, ils étaient deux. Reconnus immédiatement la voix du ministre de l’Intérieur, Nazirine (c’était son bureau, ça ne pouvait être que lui.) Plus de mal à reconnaitre l’autre. Nazirine l’appelait Corre, et lui-même a déclaré être le ministre des Discours et des Images. Mais le ministre des Discours et des Images ne s’appelle pas Corre. Vous en saurez probablement plus que moi.

 L’entrevue a débuté à 9h34 selon l’agenda tenu par le secrétaire de Nazirine ; personnellement arrivé à 9h48 dans la salle annexe au bureau. Manque donc quatorze minutes de discussions. Vous pourrez juger par vous-même si la compréhension générale de l’entrevue en est affectée ou non. J’ai pu, personnellement, saisir le cœur du sujet assez rapidement. La discussion faisait suite aux trois membres de la police retrouvés morts rue Bassandre le 3 juillet dernier (l’attaque est probablement liée au massacre qui a eu lieu à Villemarin. Corre du moins le croit.) Au début de l’extrait, Nazirine détaillait sa volonté, et celle de la police (et particulièrement des hommes de l’unité meurtrie dirigée par le sergent De Sante), de monter une opération pour appréhender et punir les responsables de l’embuscade. Dans le contexte, cela aurait pris la forme d’une vendetta sanglante. Il avait commencé à en expliciter les détails quand Corre l’a interrompu. S’en est suivi ce qui est consigné dans cet enregistrement, je garantis la fidélité de l’échange, des mots de chacun : la réunion s’est réellement passée telle que vous l’entendrez, madame la ministre.

Votre dévoué,

Serge Malignat

 J’ajoute cette note : j’ai joint, par la suite, quelques commentaires personnels au corps même de l’enregistrement, en espérant que ceux-ci vous soient utiles.

 9h48

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 di

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