Un cœur assez grand

14 minutes de lecture

Rudy était un jeune lycéen introverti, qui n’avait d’yeux que pour un objet fétiche, qu’il emmenait toujours avec soi. Son petit harmonica était à la fois sa source d’inspiration et son compagnon de route. Dans le petit monde de Rudy, personne n’avait autant d’importance que son instrument.

Il venait de terminer son avant-dernière année de lycée. Les épreuves de baccalauréat de français venaient de s’achever, l’été commençait à réchauffer l’air ambiant.

Dans le petit immeuble parisien où vivait Rudy, une jeune fille d’une beauté sans égale venait d’emménager au-dessus.

Ses deux sœurs étaient mignonnes, mais Annick était belle. Vraiment très belle. Et cela le faisait déjà souffrir.

Car Rudy était d’une timidité maladive. Rien que la pensée d’aborder une jeune fille le terrorisait. Et encore, il avait progressé car, deux ans plus tôt, il lui était impossible d’aller faire de la monnaie chez une commerçante : lorsqu’il voulait casser un billet pour mettre 2 € dans le flipper, il demandait toujours à un ami de lui rendre ce service.

Pour dépasser sa peur des autres, il s’entraînait à demander l’heure aux passants. Et quand une amie lui faisait la bise – pour lui dire bonjour – il fêtait cela comme une victoire personnelle, en écoutant une chanson des Beatles.

Il aimait beaucoup les chansons des Beatles, mais il écoutait plus souvent du blues. Cela correspondait mieux à son état d’esprit.

Annick était issue d’une famille aisée. Rudy l’avait aussitôt remarqué, rien qu’à voir la voiture garée dans la rue. Jamais ses parents ne pourraient se payer une voiture aussi chère.

Bref, elle en jetait, dans tous les sens du terme. Évidemment, ses potes de l’immeuble ne parlaient plus que du « canon » autour duquel ils commençaient à tourner. Certains disaient même qu’ils en rêvaient la nuit.

Mais Rudy, lui, s’était déjà résigné. Il partait perdant, car il savait qu’aucune fille ne pourrait s’intéresser à lui d’une quelconque façon. Pour les canons, il n’était qu’un boulet. Et aucune fille n’a envie de traîner un boulet derrière elle.

Un jour, alors que Rudy jouait de son instrument dans la cour de l’immeuble, assis sur une chaise de salon – un salon de jardin en métal vert qui était un lieu d’échange entre les voisins – Annick, revenant de commissions, se dirigea elle aussi dans la cour. Les sons qu’elle entendait la surprenaient. La charmaient, même.

Il faut dire que le jeune homme maîtrisait son harmonica à la perfection. Il ne s’en rendait pas compte, mais il n’avait rien à envier à ses héros du Chicago Blues. Quand il jouait, l’harmonica faisait corps avec lui.

Très inspiré, il était en train d’improviser sur Don’t Start Me Talking, un morceau de Sonny Boy Williamson II, les yeux fermés. Dès qu’il eût terminé, il entendit des applaudissements résonner dans la cour.

Ouvrant les yeux, il vit Annick, l’air enchanté.

« Euh… Mer… Merci, balbutia-t-il.

Salut ! C’est super, ce que tu joues.

Ah, merci. Oui, c’est un blues. J’aime bien le blues.

Bah, c’est cool. Ça fait longtemps, que tu joues de la musique ?

Une dizaine d’années.

Et tu joues souvent ?

Je fais mon heure quotidienne. Sauf en vacances, parce que j’ai le temps d’en faire quatre heures par jour.

Bon… Bonne journée ! »

Cet échange, pourtant laconique, rendait Rudy. Désespérément heureux : à la fois heureux et fier qu’Annick ait fait le premier pas vers lui et se soit intéressé à lui ; à la fois désespéré à l’idée que ça n’irait pas plus loin.

Après quelques minutes de silence, il retourna à sa musique. Mais à grande surprise, il ne put sortir aucun son. L’harmonica semblait bouché. Cela se produit parfois, quand on projette trop de salive dans l’instrument. Alors il posa l’harmonica sur la table en métal, les numéros des ouvertures vers le bas, afin que la salive en tombe.

Il se leva, fit quelques pas, écarta les bras, bâilla un peu, s’étira… Et il profita un peu des rayons du soleil qui réchauffait son visage. Au bout d’une dizaine de minutes, il reprit son instrument, le porte à sa bouche et…

Rien.

Pas un son.

Son harmonica était muet.

Rudy, qui entretenait des rapports particuliers avec son instrument depuis qu’il était gosse, comprenait ce qu’il se passait : son compagnon était fâché. C’est jaloux, un harmonica. Il avait détourné son attention de lui, alors il lui en voulait.

Il essaya de le rassurer :

« Oui, j’ai parlé à Annick quelques secondes, mais tu sais bien que tu es le seul être qui compte à mes yeux. »

Rudy respira à nouveau à travers son instrument, dont les anches se détendirent. La musique se faisait à nouveau entendre.

Un soir, alors que Rudy venait de finir une partie de jeu-vidéo, il descendit s’asseoir au café, en face de l’immeuble. Il aimait ce lieu de rencontres, car dans son quartier vivaient beaucoup d’artistes.

Mais ce soir-là, il n’y avait pas un chat. Alors, tout naturellement, en attendant la commande de sa boisson, il prit son harmonica et improvisa quelques airs.

Quelques secondes plus tard, il vit Annick sur son balcon. D’un air entendu, elle lui faisait signe de poursuivre sa musique.

Il se produisit alors quelque chose d’extraordinaire. Est-ce que l’harmonica voulait montrer le meilleur de lui-même parce qu’il était dans un bon état d’esprit ou souhaitait-il impressionner la jeune fille ?

Toujours est-il qu’il se mit à jouer des notes à un tempo très élevé, mais en même temps avec un placement rythmique tellement parfait, combiné à une musicalité tellement belle, que le morceau que Rudy jouait était des plus somptueux. Alors qu’il se contentait de faire aller ses lèvres là où le guidait son inspiration, il se rendit compte que ses idées fusaient comme jamais elles ne l’avaient inspiré, comme si l’âme de l’harmonica avait pris possession de son esprit. C’était à la fois surprenant et grisant.

Les quelques passants, au loin, ne pouvaient s’empêcher de s’arrêter, de tourner la tête et de s’approcher de la terrasse du café, en improvisant des pas de danse.

À la fin de son impressionnante prestation, tout le monde applaudit, poussa des cris. Les pièces de monnaie pleuvaient…

Quand on lui demandait quel était le titre de ce morceau, Rudy se contentait de dire que c’était juste une petite improvisation, ce qui étonnait encore plus les badauds.

Il y avait de quoi être fier, mais ce qui le rendait fier par-dessus tout, c’était le visage radieux d’Annick, qui semblait lui dire : « Tu es mon héros. »

L’harmonica de Rudy ne se rendit pas tout de suite compte qu’au lieu d’impressionner Annick pour qu’elle comprenne que l’instrument et lui ne faisaient qu’un et que personne ne pourrait les en séparer, il venait de les pousser dans les bras l’un de l’autre.

Les jours s’écoulèrent…

Rudy et Annick passaient plus de temps ensemble. Au début, c’était l’harmonica, qui était le sujet principal de leurs conversations, mais au fil du temps, comme ils apprenaient à se connaître, le petit instrument n’était plus le centre des préoccupations. Rudy lui-même en jouait de moins en moins.

Un soir, n’y tenant plus, il déclara sa flamme à la femme de ses rêves. Ce fut leur premier baiser, leurs premières caresses…

Rudy rentra chez lui fier comme Artaban : il venait de conquérir la plus belle fille de la Terre ! Débordant d’énergie, il se saisit de son instrument fétiche pour jouer Oh ! Susanna.

Mais l’harmonica ne fit entendre aucun son…

Il tapota vigoureusement l’instrument dans la paume de sa main, pour faire sortir d’éventuelles gouttelettes de salive ou de probables petites poussières, retenta.

Rien…

Pas un son.

Alors Rudy souffla et aspira de toutes ses forces.

Toujours rien.

Il mit une pression énorme dans sa bouche, s’époumona, respirait à travers l’instrument avec une rage terrible…

Silence radio.

« Tant pis, je ne vais pas gâcher ma journée pour si peu », se dit-il.

Les semaines suivantes étaient au beau fixe, comme lorsque deux jeunes amoureux qui se découvrent peu à peu. Avec tout de même un petit nuage, qui noircissait de plus en plus et prenait de plus en plus de place dans le beau ciel de Rudy : le mutisme de son harmonica.

Un matin, sentant qu’il aurait du mal à vivre plus longtemps cette situation grotesque, il prit son courage à deux mains et se confia à son harmonica : « Tu sais, je ne peux pas me résoudre à vivre sans toi. Tu as toujours été ma source d’inspiration. Et mon compagnon de route. Je suis amoureux d’Annick et ça, c’est à toi que je le dois, car sans toi, ma petite amie ne serait jamais venue m’aborder. Tu le sais, car Annick est ma première copine. Jamais une fille ne s’intéressait à moi, auparavant. Je ne te remercierai jamais assez de ce que tu as fait pour moi. En un sens, je comprends que tu sois jaloux. Peut-être qu’à ta place, je réagirais de la même façon. Mais je t’en prie, pardonne-moi, je t’aime aussi. Ce serait tellement beau, si tu consentais à m’accompagner dans ma nouvelle vie. »

A ces mots, le petit instrument, qui était devenu terne, retrouva sa jolie teinte noir brillant. Scintillant, même.

Rudy, ravi que l’harmonica venait de consentir à lui pardonner, le porta à ses lèvres et souffla dedans, mais l’instrument ne donna qu’un soupçon de son. Rien de véritablement audible.

Était-il encore vexé ? Avait-il encore du mal à lâcher prise ?

Rudy se dit qu’il devrait laisser à son compagnon le temps qu’il prenne du recul. Et de ne pas laisser passer l’occasion de vivre sa vie avec Annick. C’était trop beau, ce qu’il vivait en sa compagnie, il ne voulait pas tout perdre.

Rudy se rendait rarement chez Annick, dont la mère acceptait mal les fréquentations de sa fille : « Pense à tes examens, tu auras tout le temps de t’intéresser aux garçons, quand tu auras fini tes études. » Alors c’est Annick qui rejoignait Rudy chez lui, après le lycée.

Bien sûr, elle n’avait pas avoué à sa mère qu’elle passait la moitié de la nuit dans le lit de Rudy et qu’elle remontait dans l’appartement de ses parents à pas feutrés, pour que sa mère la trouvât dans son lit, au moment de la réveiller.

Un soir, Rudy avait fini les cours une heure plus tôt que son amie. Plutôt que l’attendre à la sortie du lycée, il était rentré directement chez lui. En chemin, il avait repensé à son harmonica, qui commençait à lui manquer.

Il essayait de trouver les bons mots à lui dire, pour le rassurer sur ses intentions et qu’il retrouvât enfin sa joie de jouer de la musique, comme il le faisait autrefois. Après tout, ronger son frein pendant des années, ce n’est jamais bon.

Alors, après avoir écrit quelques lignes, qu’il apprit par cœur pour avoir l’air de parler spontanément, il se lança :

« Très cher, que puis-je faire pour que tu me pardonnes et que tu reviennes à nouveau dans ma vie ? Tu sais que j’aime être avec toi et que j’adore, quand toi et moi sommes en parfaite harmonie. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée depuis des années et je ne saurai vivre sans toi. S’il te plaît, pardonne-moi et reviens-moi : nous avons toute une vie à vivre ensemble. »

Tout à coup, il entendit des pleurs de l’autre côté de la porte d’entrée de l’appartement. Et des pas précipités dans l’escalier. Il se dirigea rapidement vers la porte, qu’il ouvrit brusquement, juste le temps de voir Annick qui remontait chez elle en gémissant.

Rudy tenta instinctivement de la rattraper, mais elle lui claqua la porte au nez.

Il retourna chez lui, la queue entre les jambes. Il se demandait quelle mouche l’avait piquée.

Tout à coup, il comprit : Annick était allée le voir directement après les cours, mais elle avait surpris sa conversation avec son harmonica. Sûr qu’elle avait cru qu’il parlait au téléphone avec une autre fille ! Bon sang, quel mauvais quiproquo ! Tout ça à cause de ce maudit bout de métal ! Cette fois, c’était décidé : il allait le ranger définitivement dans un tiroir. Il n’allait tout de même pas gâcher sa vie de couple à cause d’un bête objet, aussi capricieux !

Bon, il fallait rattraper le coup. Demain, après les cours, il irait parler à Annick. C’était une fille intelligente, elle comprendrait.

Mais Annick ne voulait plus entendre parler de Rudy. Quant à son histoire d’amour avec son instrument, c’était tellement grotesque, qu’elle se disait que, pour cacher sa liaison avec une autre fille, il aurait pu trouver autre chose ! Pour elle, c’était clair : Rudy la trompait et n’osait pas lui avouer. Si encore il avait été sincère, elle aurait peut-être pu lui pardonner cet écart, mais puisqu’il se payait sa tête, elle n’allait pas céder !

À plusieurs reprises, le jeune homme essaya de renouer le contact avec elle : par téléphone, en lui écrivant de petits mots…

Sans succès.

Il tenta même de passer par l’intermédiaire de sa sœur cadette, mais cela ne donna aucun résultat. Lettre morte. Les deux amoureux étaient en souffrance. Et surtout, Rudy avait peur que son amie se vengeât en prenant un amant…

Le samedi après-midi était toujours réservé aux courses alimentaires, chez Rudy. Ce jour-là, le jeune homme accompagna sa mère, pour se changer les idées.

Au rayon BIO, il croisa Annick et sa propre mère.

Son premier réflexe fut de faire semblant de ne pas la voir. Mais après réflexion, il se dit que l’occasion était trop belle, de l’aborder à nouveau, pour régler leur conflit. Après tout, elle n’allait tout de même pas créer un scandale dans le magasin.

Pris d’un excès de confiance, il poussa le chariot de sa mère, faisant semblant de s’intéresser aux pâtés végétaux, pour se rapprocher de son amie. Il salua poliment la mère d’Annick, qui lui répondit chaleureusement.

Annick ne daignait pas le regarder.

La mère d’Annick n’y fit guère attention : elle était concentrée sur les dates de péremption des produits.

Alors, Rudy se lança :

« Annick, j’ai vraiment besoin que tu m’écoutes. Tant pis si tu ne dois plus jamais m’adresser la parole ensuite, mais de grâce, écoute-moi. Vraiment. J’aimerais t’expliquer ce qui s’est réellement passé l’autre jour. Je t’ai laissé des tonnes de messages, mais tu ne m’as pas répondu. »

Toujours silencieuse, elle continuait de s’intéresser plus aux soupes en sachet qu’à son amoureux.

« Je ne sais pas vraiment si c’est ce que tu imagines, reprit-il, mais ce que tu as entendu la dernière fois, ce n’était pas la réalité. Pas la tienne, en tout cas.

Ah, parce qu’en plus de me tromper, tu me prends pour une sourde ? Ou alors, peut-être que j’entends des voix, comme Jeanne d’Arc ? »

Elle avait presque crié, mettant Rudy mal à l’aise.

Alors, avant que leurs mères respectives ne vinssent s’en mêler, il lui lança, tout de go :

« Je ne t’ai pas trompé, car je t’aime trop pour cela ! Tu entends, Annick ? Je t’aime !

Oui, bah t’aurais dû y songer avant de t’enfermer avec une autre fille !

Mais non, ma chérie, c’est là que tu te trompes : je n’étais avec personne.

Et bien sûr, tu parlais tout seul ?

Non : je parlais à mon harmonica. »

Annick éclata de rire :

« Ton harmonica ? Tu parles aux objets, maintenant ? Oh, mon bel harmonica, je ne pourrai jamais vivre sans toi, mon amou-ou-our…

Cet harmonica n’est pas qu’un simple objet, Annick : c’est mon compagnon de route et d’infortune. Avant que tu viennes t’installer dans mon immeuble, je n’avais aucun ami à part lui. Je tiens à lui et lui tient à moi. Même si, pour le moment, je l’ai rangé dans un tiroir, pour sauver ma relation avec toi. »

Les mots du jeune homme venait de frapper Annick au cœur : son sourire moqueur se changea en une expression remplie d’amour. Elle pensait vraiment que son petit copain était fou à lier, mais il était tellement convaincant, dans sa folie…

Rudy enchaîna :

« As-tu déjà vu une fille entrer et sortir de chez moi ? M’as-tu déjà vu flirter avec une autre fille ? Demande à tes sœurs, si elles m’ont déjà vu au bras d’une autre fille. Je ne trompe pas, Annick et, tant que je vivrai, je ne pourrai pas tomber amoureux d’une autre fille que toi. C’est simple : même si je le voulais, je ne vois pas ce que je pourrais trouver chez une autre fille ce que je n’aime déjà chez toi. »

C’était décidé : Annick allait laisser une chance à Rudy. Car, au fond d’elle-même, elle désirait vraiment être aimée et ce que son amant venait de lui dire était la plus belle déclaration qu’elle eût jamais entendue. Et les yeux du beau ténébreux ne mentaient pas, elle le savait.

La vie reprit son cours, avec l’approbation de la mère d’Annick, qui appréciait de plus en plus son futur gendre, qui savait rendre sa fille heureuse. Bref, tout était au beau fixe.

Un soir, Annick réalisa que Rudy ne jouait plus une seule note de musique. Elle s’en étonne auprès de lui :

« Il fait des siennes », lui avoua-t-il.

Annick eut une idée. Une idée folle, mais après tout…

Elle pria Rudy de lui prêter son instrument. Pas pour en jouer, mais pour lui parler. Elle pensa tout d’abord faire semblant de parler à l’instrument devant Rudy, pour rassurer son compagnon, afin qu’il reprît confiance en lui, mais finalement, elle lui fit cette proposition :

« Si tu veux bien aller me chercher ton harmonica et me laisser seule avec lui, j’ai à lui parler… »

Rudy ouvrit le tiroir où il l’avait jeté, s’aperçut qu’il était tout cabossé, alors qu’il ne l’avait pas martyrisé, juste jeté négligemment.

Il retourna dans le salon, le tendit à Annick et alla faire un tour.

Si seulement les choses pouvaient s’arranger…

Annick se lança dans une litanie improvisée :

« Cher harmonica, je viens d’apprendre ce qui s’est passé entre Rudy et toi. Je suis vraiment désolée pour vous deux. Tu sais, jamais je ne saurai te remplacer : tu tiens une place énorme dans le cœur de Rudy, mais le cœur de Rudy est assez grand pour nous deux. Pour nous trois, je veux dire. J’aimerais que nous partagions notre vie tous ensemble et que tu nous aides à maintenir notre relation. Tu es le plus vieil ami de Rudy et j’aimerais te connaître. Je t’en prie, harmonica, sois notre ami à tous les deux et ravis-nous de tes belles mélodies. Aide-nous à fortifier notre couple, afin qu’il ne connaisse plus jamais de tempête. Sois toujours avec nous, harmonica. »

D’un air plus assuré, elle ajouta :

« Rudy fait semblant de pouvoir se passer de toi. En vérité, il ne supporte plus ton absence et vu ton état, j’imagine que toi non plus. Vous formez le plus beau des duos.

Si je me suis immiscée entre vous deux, c’est parce que l’amour que vous dégagiez ensemble m’a ravie. Je rêve de partager cet amour avec vous. Fais-moi confiance : je ne cherche nullement à prendre ta place, j’essaie juste de rendre Rudy plus heureux et tu peux m’aider. Ne crois-tu pas qu’il le mérite ?

Et tu sais, mon cœur aussi est assez grand pour nous trois. »

Le discours de la jeune fille fit son effet : les capots cabossés se détendirent, reprirent leur forme originelle et le métal recommença à briller.

Émerveillée, elle composa le numéro de portable de son ami :

« Mon amour, je crois que tu devrais rentrer : il y a là un bel instrument qui attend tes lèvres. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Bertrand Carbonneaux ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0