Détermination

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Le sang fut le deuxième éclat rouge que je vis. Le premier étant l’impact du poing qui avait percuté mon visage de plein fouet. C’était un homme imposant qui m’avait frappé aux abords d’une rue sombre, je ne savais plus au juste qui de nous deux avait provoqué la bagarre, mais une troupe de spectateurs opportuns s’était déjà formée autour de nous, alors plus question de reculer. Tandis que je voyais milles étoiles, que je m’étendais de tout mon long sur le trottoir dénudé, mes yeux l’aperçurent. Je n’avais pas besoin de comprendre, mon regard, déjà s’était fixé sur lui. Un jeune homme fringuant, l’air sûr de lui, qui me regardait un grand sourire aux lèvres. Sans comprendre pourquoi, sa gueule enthousiaste envoya une décharge qui parcourut mes muscles. En un instant j’étais debout. Et alors que l’énorme masse qui m’avait frappé s’apprêtait à recommencer, je levai mes poings devant ma caboche cabossée en une position de défense. « Quoi, t’en as pas eu assez ? » fit une voix dans ma tête. Et voilà qu’une nouvelle pluie de coups s’abattait sur mon pauvre corps endolori. Je tanguais à nouveau, près de m’écrouler au prochain coup. Mais alors, une voix résonna dans mon dos, une voix forte, claire, le genre de voix qui donnait envie de la suivre n’importe où. Et elle me disait de continuer en plus, cette voix. Pas le choix, mon corps obéit de lui-même et renvoya quelques coups, mous, fatigués, mais bien réels. Le géant en face ne devait pas en revenir, que je sois toujours debout, moi je ne pouvais pas vraiment le dire, le sang dans mes yeux m’empêchait de le voir. Mais à nouveau, l’amas de muscles s’abattit et me précipita sur le bitume froid. Rien à faire, il était trop fort. Allongé de tout mon long, je contemplai à travers mes paupières gonflées les nuages gris passer dans le ciel, j’étais cuit. Ça me faisait la même sensation qu’à l’école, quand on bloque devant cette fichue question, qu’on n’y peut rien, on a beau l’avoir sur le bout de la langue, ça vient pas, et on rate l’interro. Ou comme quand on court et que d’un coup, nos jambes arrêtent de nous porter, parce qu’on en peut plus, et que même si on souhaite de tout son cœur continuer, on ne peut pas. J’étais étendu là, plein de rage et de peur, impuissant. Et alors que je tendais misérablement ma main vers le ciel, tandis que l’inconscient gagnait du terrain sur mon esprit, et que mes yeux se fermaient, le visage enthousiaste, rayonnant, se pencha sur moi. Et d’un coup, il m’attrapa fermement par la main et me releva comme une poupée de chiffon. Avec son sourire angélique aux lèvres, il m’envoya une claque, puis une deuxième, histoire de bien me réveiller. Et il me poussa de nouveau sur mon adversaire. Je titubai, alors il m’envoya un coup de pied dans le derrière, et d’un coup, je me retrouvai à me battre à nouveau. C’est là que je compris, je ne pourrais pas être vaincu, j’étais invincible, tant que ce bonhomme souriant se tiendrait derrière moi, je pourrais tenir debout infiniment, et je pourrais enfin répondre à cette foutue question, et je pourrais enfin reprendre ma course, car jamais je ne tomberais tant que j’aurais ma détermination.

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