Chapitre I
Je regardai de nouveau l'écran de mon smartphone. 23h24 s'afficha sur le visage grimaçant de Mei, Solal et moi en arrière plan.
Soupirant à l'idée que le temps passe si vite, je rangeai le petit appareil dans la poche de mon jean, puis rassemblai mes affaires auprès de moi. Il allait bientôt être temps de se bouger le fion et fissa. Je continuais d'écouter distraitement mes amis, et, bien que mes oreilles étaient restées concentrées à l'attablée, je laissai mes yeux s'égarer tout autour de moi.
Le De Dannan s'était bien rempli depuis quelques heures. Derrière moi, une bande de potes, passablement éméchés, jouait aux fléchettes. Ils s’imaginaient tous aussi doués qu'un certain Robin des Bois, sous les yeux vitreux de leurs copines. Il n'en était rien.
Au niveau du bar, Guillaume et Kim se faisaient submerger par des vagues incessantes de fêtards de plus en plus avides de bières. Les toilettes de l’établissement n'avaient rien à leur envier, d'ailleurs. J’observais le barman discuter fébrilement avec une jolie inconnue accoudée au comptoir, tout en servant quelques pintes. Je me retournai vers mes amis, entendant le tabouret crisser en face de moi. Pierre sortait fumer une cigarette, accompagné de Cindy.
Il m'en proposa une, que je refusai. Comme toujours.
- T'es sûr ?
- Garde ton cancer. C'est pas demain la veille que tu me feras changer d'avis, fis-je en me levant à leur suite. Mais je viens quand même prendre l'air avec vous avant de me barrer.
Je les suivis, emportant nos verres vides et la planche à découper qui nous avait permis de sacrifier le saucisson. Sur le chemin, je remis mon fardeau à Kim, déguisée en infirmière ensanglantée pour Halloween. Elle nous remercia d'un clin d'œil et d'un ravissant sourire, que je m'efforçai de rendre.
Pierre me tint la porte et je sortis du bar à la suite de Cindy. Celle-ci fouilla quelques secondes dans ses poches, à la recherche d'un briquet. Mon coloc lui tendit le sien.
- Cimer.
Le brouhaha qui régnait à l'intérieur de l'établissement s'atténua tout d'un coup. Aussi subitement que lorsque l'on fait tourner le bouton volume de la chaîne Hifi. Cela faisait un bien fou à mes pauvres oreilles. J'enfouis les mains dans mes poches, puis levai les yeux au ciel, contemplant la noirceur des nuits nantaises avec une rare sérénité et un certain soulagement. Il avait cessé de pleuvoir, et malgré le vent et le ciel couvert, je restai rivé sur ce plaisant spectacle.
- Ça fait du bien quand ça s'arrête ! s'exclama Pierre en expirant une taffe de sa clope.
J'approuvai totalement ses mots d'un geste du menton et baissai la tête, détaillant rapidement la rue Kervégan. Petite, très courte et cachée en face de la place du Bouffay, elle était formée de seulement quelques numéros d'habitations ainsi que de modestes hôtels particuliers nantais, comme on en voit partout dans le centre-ville. L'étroite terrasse du bar était assez dégagée, sûrement à cause du froid et de l'humidité ambiante. Il avait cessé de mouiller, mais les averses se faisaient fréquentes en ce moment, surtout ce soir.
- Tu pars dans combien de temps, Olivier ? me demanda Cindy.
Je tournai la tête pour éviter son regard pénétrant et jeter un œil par l'une des fenêtres qui donnait à l'intérieur du Deda. Je voyais Mei et Solal à travers les vitres embuées.
- Finissez votre clope et je pars, répondis-je en souriant.
Les deux autres risquèrent un regard par la fenêtre, témoins de la même scène que moi. Mei et Solal épaule contre épaule, riant et se chamaillant au fond du bar. Mon amie pointait d'un doigt accusateur l’un des deux bras tatoués de l'Arabe, se fichant sans doute de la gueule de la tête du démon qui avait élu domicile sur sa peau, pour le reste de sa vie. Le grand gaillard la repoussa gentiment avant de lui pincer affectueusement les joues, un grand sourire lui fendait le visage. Ces deux-là m'attendrissaient beaucoup. Amis depuis maintenant deux ans, ils se complétaient, sans pour autant être compatibles. On pourrait les comparer aux pôles d'un aimant. Liés mais à jamais condamnés à s'écarter. Mei était sans nul doute une jeune femme solitaire et taciturne, toujours à cent à l'heure et inarrêtable. Même si les forces mondiales s'alliaient contre elle, elle trouverait le moyen de leur passer par-dessus et de les affronter.
Au travers de la vitre, je vis Solal déposer un baiser sur la joue de mon amie. Il poursuivit en lui murmurant quelques mots à l'oreille. Mei lui soutint un regard de braise, le sourire aux lèvres. Je reportai mon attention sur Pierre et Cindy
- Bien, je vais y aller, annonçai-je en vérifiant à nouveau l'heure sur mon téléphone.
23h37. Merde, il est déjà tard...
Je sentais de plus en plus peser sur moi une certaine pression, due au temps qui s'écoulait trop vite à mon goût. Retournant à l’intérieur du bar, je rejoignis notre table d'un pas pressant. Surpris, Mei et Solal s'éloignèrent de quelques centimètres l'un de l'autre, un air légèrement dérangé s’afficha sur leur visage. Mon amie but une grande gorgée de Guinness, son regard me fuyait.
- Bon les gars, commençai-je en m'emparant de ma besace ainsi que de mon manteau, je m'arrache j'ai des fantômes à appeler en face time.
- Okay mec, file et prends soin de toi ! m’encouragea l'Arabe.
Il me serra l’épaule avec affection, puis la tapota. Mei, quant à elle, se leva de son tabouret pour se jeter à mon cou. Une moue irrésistible collée à son visage, elle me fixa quelques secondes de ses yeux bleus-bruns impeccablement soulignés de noir en soutenant mon regard.
Je la pris dans mes bras, complètement vaincu par sa bouille de hamster. La chaleur de son corps m'arracha un léger frisson. Soudain, elle prit mon visage dans ses mains, et, tout en m'écrasant les deux joues de sa poigne de fer, colla son front au mien. Elle manqua au passage de me briser la colonne, pour forcer ma tête à se baisser à sa hauteur.
- Passe le bonjour à Thomas de ma part. Et prenez soin de vous, d'accord ?
J'acquiesçai du menton, alors qu'elle me lâchait enfin la tronche. La vache! La petite garce avait faillit me déboîter la mâchoire. Je me frottai la mandibule.
- C'est promis, lui assurai-je.
J’embrassai sa joue. Son visage était brûlant, sans doute à cause de l'alcool et de la chaleur ambiante dans le bar. Presque à regret, je m'arrachai doucement à son étreinte pour comme une ombre au comptoir et récupérer ma Lancelot Samhain XI.I.
- Putain! Minuit douze !
Je jurai au beau milieu de l’obscurité. Mes pas résonnaient dans la longue rue Gambetta, sombre et déserte à cette heure de la nuit. Éclairée par quelques lampadaires aussi anorexiques que Claudia Schiffer, la large allée passant derrière le mur d'enceinte du Jardin des Plantes rejoignait l'une des entrées du cimetière de la Bouteillerie, dernière demeure de mon frère jumeau, Thomas. Le pauvre bougre, alors âgé de seulement dix sept ans, à l'époque, avait rendu l'âme au CHU de Nantes, huit ans plus tôt. Une crise blastique, due à sa leucémie, avait eu raison de lui, malheureusement. A l'époque, les études ajoutées à son traitement avaient été radicalement efficaces. Mais allez savoir pourquoi ou comment, notre déménagement, d'Arzon à Nantes, l'avait sans doute trop épuisé. Depuis, il reposait dans ce cimetière, à cent trente kilomètres de chez mes parents, dans le Morbihan. Ils avaient tenu à ce que mon frère soit enterré sur la terre natale de la famille de mon cher père, à savoir, mes généreux grand parents paternels.
Mamie Suzanne et Grand Père René nous avaient hébergés à notre arrivée sur Nantes. Thomas et moi voulions mener nos études à Nantes et intégrer la prestigieuse école Audencia, rêve partagé par mon frère et mes parents. Hélas, les choses ne s’étaient absolument pas déroulées comme prévu.
Avant que n’arrive l’atroce tragédie, nous nous étions réorientés, changés de licence, intégrés différents lycées plus ou moins prestigieux, comme le Loquidy. Malheureusement pour nous, ce fut dans l'année 2016 que mon frère succomba. Seul, je revoyais mes plans et mes espérances à la baisse. J’étais ensuite passé par Notre Dame de Toutes Aides, avant d'atterrir au lycée agricole du Grand Blottereau, où j'avais rencontré Pierre, Solal ainsi que Cindy. Je m’étais rendu compte un peu plus tard que je connaissais Mei de l’époque du Loquidy. C’était une ancienne élève, de deux ans mon aînée.. Je ne lui avais jamais vraiment prêté attention jusqu’à aujourd’hui. Thomas et moi étions encore en première, malgré nos 17 ans tandis qu’elle commençait une prépa en commerce, dans le même établissement. Le monde était petit.
Je me plantai devant l'immense grille en fer forgé vert bouteille, qui fermait l'entrée du cimetière. Flanquée de deux petits portillons de chaque côté, je devais avouer que ça en jetait pas mal. L'architecture néo-classique dans laquelle elle avait été sculptée ajoutait un petit côté gothique à l'énorme cimetière.
Sans grande conviction, je poussai le lourd portail. Sans surprise, les grilles étaient fermées à clé. Je jurai. J’aurais dû m’en douter. J’entrepris alors de vérifier si le portillon me réservait le même sort.
- Raté frérot, me lança une pensée lointaine.
Thomas, ou du moins son fantôme, n'était pas loin. Et le bougre avait raison, le portillon aussi était verrouillé.
Il faudrait peut etre que j'éclaircisse ce point, non? Depuis tout petit, je suis très sensible aux énergies que laissent les âmes apres leur mort.... Autrement dit, les fantômes, esprits ou autres Poltergheist. Nous avions le même " Don " ? Mon frère et moi. Ce doit être cela, entre autres, qui nous lie, même au travers le voile de l'Au Delà.
Qu'à cela ne tienne, je farfouillai dans mon sac, jurant une fois de plus contre l'Ilex aquifolium qui me transperçait les doigts. J’extirpai enfin de ma besace un passe-partout, fabriqué par Cindy. J'introduisis l'objet dans la serrure, jetant des regards furtifs autour de moi avant de commettre mon méfait. Après quelques secondes à faire tourner doucement la clé dans le barillet, j'entendis un léger clic, et poussai le panneau de fer, enfin ouvert. Dans un léger grincement, je me faufilai dans l'enceinte du cimetière, prenant toujours garde à ne pas me faire repérer par des yeux ou des oreilles indiscrètes.
Je refermai la grille dans mon sillage puis, caché par les ombres des piliers du mur d'enceinte, commençai mon cheminement vers la tombe de Thomas. Dans le fond, allée H. Slalomant entre les pierres tombales et les monuments aux morts, je parvins, au bout de cinq longues minutes, devant la modeste tombe du caveau des Lauzel. Mon frère et mon grand-père René y étaient enterrés. En lettres dorées, gravées sur le marbre anthracite, on pouvait y lire quelques inscriptions.
Famille Lauzel :
Thomas Lauzel, 1er Janvier 1999 - 13 Novembre 2016
René Lauzel, 29 Août 1932 - 11 Mars 2019
Je me postai devant la tombe, discrètement décorée de trois plaques, de deux pots de Cupressus, d'une jardinière de bruyères ainsi que d’une grosse potée de chrysanthèmes blancs Sûrement venait-elle de ma chère grand-mère. Je me signai, plus par respect pour Papi que pour ce con qu'on appelle Dieu. Posé vers le fond du monument, dans le grand vase en granit, quelqu'un avait déposé un splendide bouquet de lys blanc, de chardons, de roses parmes et d'églantines. Dans la langue des fleurs, j'aurai pu associer ça à : Que mon amour soit grand comme tu fus bon et je souffre encore de ta perte, à jamais je chérirai ton souvenir.
Qui avait bien pu déposer ce bouquet sur la tombe familiale ? Et à l'appréciation de la taille de celui-ci, il avait dû coûter au bas mot soixante-dix balles. Pour des fleurs fraîches en plus ! Qui était assez fou pour ça, dans ma famille ? Personne.
Je me désintéressai de la tombe pour me concentrer à nouveau sur la présence derrière mon dos, Thomas. Son esprit était bien là, près de la sépulture. Il avait bien tenu parole et avait quitté, à contrecoeur, les méandres de l'Autre Côté, pour me retrouver ici, à la date de la Nuit des Morts.
- Salut bro, ça a été le trajet ? demandai-je à la brise humide devant moi.
Je fermai les yeux pour me concentrer et le sentir tout proche, contre mon épaule. La présence de mon frère était rassurante, je sentais son aura fraiche m'envelopper tout entier, pénétrant chaque pore de ma peau, chaque écaille de mes cheveux, chaque cellule de mon corps. Nous n'étions qu'un, à ce moment précis. Je l'entendais presque parler, je voyais presque le reflet améthyste de ses yeux fatigués, creusés de cernes.
- T'as beau nourrir les vers depuis six ans, tu ne me lâches pas la grappe, hein ?
Sur ces pensées sereines, je m'agenouillai, et ouvris ma besace. J'en tirai un fatras sans nom afin d’étaler devant moi les plantes que j'avais récoltées pour l'occasion. Mon Helleborus foetidus sournoisement volée au Jardin des Plantes pour la purification et la magie celtico-mortuaire, ce maudit Ilex aquifolium, pour éloigner les mauvais spectres, Cytisus scoparius pour la chance, Laurus nobilis pour la connection aux esprits et la double vue et enfin Nicotiana tabacum pour attirer les augures. De suite, j'extirpai du fond du sac des bougies rouge et blanches, mon briquet, un plateau de laiton - cadeau de ma mamie - , un sac de cendres de Thymus vulgaris et de bois de Pinus pinaster - j'allais quand même pas faire un feu de joie dans le cimetière, je me serais fait dézinguer dès la première minute. Je continuai en récupérant ma précieuse améthyste, puis du quartz blanc. Vint ensuite la fameuse Lancelot Samhain.
Je finis en sortant mon smartphone de ma poche avant de récupérer de son étui, un petit bout de papier glacé. Une photo de Thomas. Mon cœur s'alourdit d'un coup. Les splendides yeux indigo de mon seul et unique frère me fixaient, d’un air calme et serein. Les mêmes boucles brunes que les miennes encadraient un visage similaire et plus juvénile que le mien. Un léger sourire flottait sur ses lèvres et un foulard à carreaux noirs et blancs était enroulé autour de son cou.
Un soupir m’échappa. Autour de moi, l'aura de Thomas m'enveloppait plus encore, jamais elle n'avait été aussi présente qu'à cet instant. Revigoré par cette mystique et familière présence, je me mis tout de suite au travail, et m'agenouillai avec respect devant la scène.
- T’en fait pas bro, je vais réussir à te faire trouver le repos.
Je commençai par placer le plateau de laiton sur le monument funéraire de la famille. J'écartai les plaques et la potée de chrysanthèmes pour l'y déposer. Derrière le plat, j’ajoutai le pot de la rose de Noël, les fleurs orientées vers la tombe. Sans perdre une seconde, je déversai le contenu du sac de cendres dans celui-ci, répartissant les débris végétaux uniformément dans leur réceptacle. Je posai ensuite six bougies blanches autour de l'autel ainsi formé, et au milieu de celles-ci, trois autres, de couleur rouge. Neuf bougies, le chiffre de l'accomplissement, de l'ouverture des horizons et des esprits en numérologie. J'effeuillai ensuite mon laurier, le cytisus, le tabac et ce putain de houx, avant de les placer au centre du plateau plein de cendres.
A l'aide de mon Zippo, je décapsulai la bouteille de bière, et versai la moitié de son contenu sur les cendres et les plantes séchées. Une ôdeur âcre monta à mes narines. Le briquet à la main, j'allumai une bougie, celle du centre. Ma main, presque animée par Thomas, faisait ces gestes avec une aisance et un calme olympien, bien que, attirés par les énergies de l'équinoxe d'automne, les Forces que l'Homme ne peut pas encore comprendre attire en ce genre de lieu toutes sortes de spectres. Je les ressentai très près de moi, puissantes, curieuses et agitées. Aidé par le rameau nu du laurier, que je fis flamber, j'allumai une à une les autres bougies, en commençant par celle de gauche au plus proche du centre, puis celle de droite, jusqu'à la dernière. La chaleur ainsi dégagée par les petites flammes me détendit un peu. Leurs rayons dorés éclairaient mystiquement le marbre de l'étrange scène, colorant de cuivre les pétales d'ivoire du bouquet de lys, que je ne m'étais pas résolu à retirer de la stèle. Je continuai, adressant une prière aux esprits du Samhain, et plaçai au centre de mon plateau la pierre d'améthyste. Pour terminer, je finis le contenu de la bouteille de bière. Au prix où je l'avais payée, je ne gâchais rien. Et, accessoirement, elle me donnait du courage.
- O Taran !
O Sombre Seigneur du Monde d'en dessous,
Toi l'Etre en Noir, celui qui viens par delà les rives.
En cette nuit de Samhain, où mince est la frontière des mondes,
Je t'évoque, Seigneur Noir d'Annwn,
Toi Le Sacrifié et le Sacrificateur, le Moissonneur,
Toi qui dépose ta couronne aux pieds d'Epona,
Écoute ma prière qui glisse vers toi.
Tout en récitant la prière, je mettais le feu à mon petit autel improvisé, contemplant les feuilles séchées se consumer, observant la fumée parfumée s'élever dans les airs. Je sentis en moi Thomas se tendre à l'évocation des sombres paroles, que je m'étais fait chier à écrire et à faire corriger par Mei. Tout se passait pour le mieux. Je sentais sa présence de plus en plus forte, la chaleur de sa peau collée contre mon épaule, comme s'il faisait le rituel, agenouillé à mes côtés. Constatant les progrès de mon invocation, je jetai un rapide coup d'œil vers la présence de mon frère. Je poursuivis, chuchotant cette fois-ci :
- O Cernunnos !
En cette nuit, où je célèbre les anciens rites,
En ce temps, où tourne la roue des saisons,
Ecoute ma voix et mon désir,
Et viens à moi.
Armé d'un rameau de laurier, je traçai tant bien que mal dans ces mêmes cendres le sigil d'invocation des esprits, ou plus communément appelé Stafur til að vekja upp draug. Les petites poussières qui continuaient de se consumer s’écartèrent sans résistance. Ceci fait, je déposai la photo de Thomas au centre de mon petit autel avant de la regarder brûler dans les restes de mon invocation.
- Puisse ta magie inonder mon coeur,
Puisse ta clairvoyance apaiser nos Êtres.
Sombre et Puissant Seigneur,
Nous chérissons ton aide, te saluons et t'honorons !
Soufflée par une brise que je ne sentis pas contre mon visage, les bougies s’éteignirent. Les flammes disparurent, comme englouties par l’obscurité environnante.
- Putain de merde !
Pris d'un pic de panique léger, je me retournai pour constater que personne ne m'avait fait de mauvaise blague. Je butai dans la bouteille de bière vide, qui roula à mes pieds, sur le côté de la stèle. Mes yeux suivirent fébrilement sa chute.
Toute la pression retomba d'un coup.
Un sourire me fendit aussitôt la face, et je me retins de m'effondrer, sentant les larmes monter dans mes yeux.
Je pus contempler le regard indigo profond de Thomas Lauzel.
- Enfin je te retrouve...
Je me laissai choir contre la tombe de ma famille, appuyé contre l'une des plaques funéraires dédiées à Papi René. Devant moi, je distinguais enfin distictement la silhouette éthérée de mon frère. Je hurlai presque, sans vraiment réaliser l'importance de ce que je venais d'accomplir.
- Thomas !
Je ne mesurais pas non plus la gravité de mes actes.
Parallèle, Chapitre I - A suivre ...
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