Roses
Un bouquet de fleurs à la main, un parapluie dans l'autre. Une mine triste, un sourire figé. Une matinée normale pour la jeune femme, en somme. Le manteau enfilé, le crissement de la porte et des pas dans les escaliers de l'immeuble. Le ciel sombre, et des nuages grisonnants. Déprimant, ce temps, bien qu'habituel. L'odeur de la pluie sur le bitume, de l'herbe trempée.
Des passants grognant contre ce mauvais temps. Que ça à faire, visiblement. Au loin, des cris et des rires d'enfants, sautant joyeusement dans des flaques d'eau. Quelle chance que la leur.
Un sourire faible sur le visage pâle de la femme aux yeux si sombres. Les épines des roses contre ses doigts. Un peu de sang, lentement, le long de ses fins poignets. Et un brin de douleur, aussi.
Bientôt, devant elle, un grand portail sombre, rouillé. Endroit fort triste que ce cimetière. Un peu délabré, par ailleurs, comme dans les films. Froid dans le dos. Un vent frais.
Une pierre tombale d'ambre. Celle de l'enfant, mort, au bout de seulement sept mois. Sans un battement cœur, sans une respiration. Son enfant, à elle. Et pourtant aucun souvenir de lui.
Les roses sur la tombe.
Une nouvelle douleur. Plus forte encore que celle causée par les épines. Plus dévastatrice, aussi, sans doute. Une douleur vive, au cœur, poignante.
Une larme et puis tant d'autres ensuite.
Uniquement un désespoir sans nom, invraisemblablement immense.
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