Chapitre 18 - FIN
Je mourrais pour mon amie. Mais aucune de nous deux ne cédera sa vie à ce combat. Je laissais mon pouvoir couler hors de mon corps, ruisseler dans chaque ondulation de l’air environnant. Mon oncle déviait la majorité de ces vagues, qui pourtant rongeaient mon énergie à petit feu. Il fallait que je continue à le distraire, si jamais il comprenait que je faisais une invocation, j’étais fichue et Az’ mourrait dans la seconde suivante. Les cris de cette dernière me parvenaient. Je sentais son aura déchaînée repousser nos ennemies dont la magie empestait l’air. S' ils arrivaient à m’approcher, je risquais de m’évanouir sous le coup de la douleur.
Une forte odeur de fer nous enveloppait, je sentis du sang s’écraser sur ma joue. Je n’avais pas le temps de l’essuyer. Morthi se déplaçait vivement, esquivant tous mes sorts. Je marmonnais toujours des incantations, le nuage violet autour de moi devenant noir presque étouffant. J’entendis mon nom, faillit perdre ma concentration. Morthi changeait de forme rapidement, me déstabilisant.
« Ka rongo a Esprit de Famille i taku tangi! Ka tata te whanautanga o te ahiahi, ka manaaki a Mate, e te hoa makutu! Ka mutu, ka mohio koe ki to tino rangatira ... »(1)
Il devait me répondre, reconnaître mon pouvoir. L’Esprit de Famille s’était toujours dérobé à mon emprise. Pour de nombreuses raisons, mais je n’étais plus vraiment une petite fille hantée par ses cauchemars. Un chant tribal commença à retentir autour de moi, le rythme rapide m’envoûtait. Enfin ! Il venait ! Soudainement, je me pris un coup d’une immense patte griffue m’envoyant valdinguer à travers la pièce. Je devais reprendre mes incantations, cependant ma respiration était coupée.
« IDUNN ! NOOOON ! »
Je faillis m’écraser contre le mur, amortissant le choc au dernier moment. Tombant à une vitesse ahurissante, la corne-muse se faisait plus sourde et les tambours se turent. Je devais continuer, pour moi mais pour Az’ aussi.
« I anga ahau ki aku mataku, ka pa ki te awha …, repris-je d’une voix faible.(2)
- Qu’essaies-tu de faire petite chose ? » m’interrogea Morthi en s’approchant d’un pas lourd de mon corps.
Les yeux fixés sur sa forme flou, je vis l’éclat de Destrussia se rapprocher de la gorge du grand démon sans qu’il ne s’en rende compte. Un dernier effort, il fallait que je puise dans ce qu’il me restait, tout n’était pas perdu. Étrangement, tout me parut plus clair.
« Tu sais pourtant que jamais l’Esprit de Famille ne reconnaîtra une femme ! Vain effort, la fin proche te monte à la tête. »
Un gargouillis comme un rire s’échappa de lui. Nous ne semblions pas sur le même plan d'existence. Il était si lent et je me précipitais vers ma mort certaine. Encore. Les derniers mots tombèrent de mes lèvres avant que mon corps ne s’écrase sur le sol.
« Kia mohio koe ki ahau! Ko Idunn ahau, Tamahine o te pouri! »(3)
Les voix murmurant autour de moi devinrent des cris, je perçu légèrement l’onde de choc avant de perdre connaissance, mon sang écarlate se mélangeant à celui d’encre de mes ennemis. Les ténèbres familières m’enveloppèrent dans une étreinte doucereuse.
Comme un murmure lointain, j’entendais Az’ crier. Je savais qu’elle était furieuse à l’intonation de sa voix. Sinon ses chuchotis ne trahissaient rien de sa rage. Cela revenait à un effort colossal mais je pus ouvrir mes paupières. La silhouette massive de la barbare se tenait dans l'embrasure d’une porte trop petite pour sa carrure. Elle semblait s’énerver contre quelqu’un.
« COMMENT CELA JE DOIS JUSTE ATTENDRE ?! TROIS MOIS QU’ELLE EST DANS CET ÉTAT ET VOUS NE POUVEZ TOUJOURS RIEN FAIRE ?!
- Az’ boucle-là, grommelais-je la bouche pâteuse.
- Id ?! »
Un croassement retentit, Az se tourna lentement vers mon lit, sa moue affichant sa surprise. Elle resta figée un moment, le bras ballant, elle avait sûrement perdu l’autre dans notre combat acharné. Depuis le temps qu’elle rêvait d’une blessure de guerre aussi voyante… Elle sortit brusquement de sa stupeur lorsqu’Hugin se posa sur sa tête. Elle le chassa avant de s'élancer vers mon lit. Je vis un grand sourire naître sur son visage.
« Ouais, c’est moi », répondis-je mes lèvres s’étirant difficilement.
(1) Esprit de Famille entend mon cri ! Le Crépuscule est bientôt né, et la Mort, amie de la magie me bénit ! Enfin, vous connaissez votre vrai maître…
(2) J'ai affronté mes peurs, j'ai affronté la tempête…
(3) Reconnais-moi ! Je suis Idunn, fille des Ténèbres !
Et voilààààà ! C'était le dernier chapitre de ce travail fort sympathique ;) J'ai rédigé ce dernier chapitre (et j'en suis pas peu fière x)), en espérant qu'il vous ait plu autant que le reste du récit ! C'était vraiment une chouette expérience avec une chouette personne (Symph'). Beaucoup de rire, d'inspiration du donjon de Naheulbeuk et une pincée d'imagination, bref, un beau bazar !
A une prochaine fois, pour de nouvelles aventures !
Be Happy !
Annotations
Versions