Mes ailes cherchent un ciel bleu

Un nuage gris au loin verse une larme

Triste cumulus qui voulait être stratus

Pourquoi vouloir aller plus haut, pour quels charmes ?

Tu seras comme ton père, un triste nimbus

Toi, le petit nuage qui rêvait de cieux toujours plus hauts

Je suis un poète peureux

J’ai peur pour la carcasse de ma feuille blanche

Peur qu’elle soit rongée par d’interminables vers

Et que je doive l’enterrer sous des planches

Aux côtés des racines vertes et des vers

Fantôme poétique, poésie anthropophage, hermétique tombeau

Point de poèmes bienheureux

Point de Paradis pour toi qui côtois l’Enfer

Rimer et mourir, aussitôt dans une boîte

Poème bien trop faible pour croiser le fer

Retourne dans le monde des pensées moites

Tu n’es pas fait pour le monde des hommes tu es bien trop beau

Les morts te veulent parmi eux

Incapables de s’envoler, ils s’encrassent

Terres à terres, ils deviennent poussière

Ils creusent dans la boue grosse et grasse

Ils tiennent colloque loin de la lumière

J'les entends qu'ils débattent à propos d'antivols pour oiseaux