MA PETITE CREPE
« Braque-le !
_ Oui, oui.
_ Allez ! Braque-le ! On ne va pas y passer la nuit !
_ Oui, oui.
_ Quoi ? Tu es fatigué ?
_ Il est une heure et demie, ma petite crêpe.
_ Et alors ?
_ Allez, les mains en l’air ! »
Le paquet de farine leva brutalement son couvercle, renversant deux cent cinquante grammes de son contenu sur le plan de travail. Les quatre œufs tremblèrent tellement de peur qu’ils se cassèrent. Les cinquante grammes de beurre se mirent à fondre spontanément, recouvrant le sel et le sachet de sucre vanillé qui passaient près de lui, par hasard.
« Tout le monde ! Allez, braque-le !
_ Tu vois bien qu’il n’a pas peur, lui.
_ On ne va pas y passer la nuit !
_ Très bien, ma petite crêpe. »
Rodrigues attrapa la brique de lait par un coin avant qu’elle ait le temps de sauter du plan de travail et la coupa d’un coup sec avec un grand ciseau. Le lait eut beau hurler ; trop tard, la moitié de son contenu lui avait été volé.
« Tu es contente, ma petite crêpe ?
_ C’est toi qui as voulu ce bébé alors il faut assumer ! »
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