L'avènement d'une nouvelle ère [partie 1]
Lorsqu’ils arrivèrent au bout du couloir tout était étrangement silencieux. Ils s’engouffrèrent avec discrétion dans la salle où la cérémonie d’Eventia avait eu lieu. Alors que la veille elle était remplie de joie et d’allégresse, aujourd’hui, ils faisaient face à un lieu entièrement vide, comme abandonné. Ils avancèrent avec prudance sur le sol en pierres carrelées, regardant autour d’eux, surpris par cette absence de vie. Les murs étaient si grands qu’ils pouvaient entendre leurs pas raisonner contre les parois lisses de la pièce.
Heiric restait sur ses gardes, son épée à la main, cherchant du regard un endroit où reprendre leur souffle. La jeune elfe, toujours soutenue par son ami, sentit une vive douleur en elle qui la fit flancher et poser un genou à terre. Le jeune homme posa un regard inquiet sur l’elfe et lui dit doucement :
- On ne peut pas rester à découvert, s’ils nous rattrapent, on ne pourra pas les combattre.
Daenara acquiesça mais le jeune homme comprit au regard épuisé qu’elle lui adressa qu’elle avait besoin de repos D’un bref mouvement de tête, Heiric indiqua à son amie une petite porte en bois située dans un coin de la pièce.
- Allons-nous cacher derrière, peu importe où cela nous mène, nous serons toujours mieux qu’ici.
Il l’aida à se redresser puis ils se dirigèrent lentement vers la porte. Elle grinça bruyamment lorsque le jeune homme la poussa et ils entrèrent dans une salle exiguë dans laquelle étaient entassés divers bibelots exotiques. Heiric déposa avec délicatesse la jeune femme contre le mur puis s’empara d’un long bâton doré qu’il coinça en travers du chambranle de la porte. Il vint ensuite s’adosser contre le mur aux côtés de la jeune elfe dont le regard vide était braqué sur ses mains tremblotantes.
- Je n’aurai jamais imaginé qu’une menace aussi puissante et dangereuse puisse exister…dit Heiric après un soupire de relâchement.
Daenara ne répondit pas, perdue dans ses pensées. Le jeune homme surenchérit :
- Daenara ?
Quand elle entendit son prénom, elle tourna ses yeux verrons vers lui et répondit d’une voix faible :
- Je n’y arriverai pas…
Heiric écarquilla les yeux. Pour la première fois son amie qui d’ordinaire était si confiante, laissait transparaître une faiblesse. Avant qu’il ne reprenne la parole la jeune femme balbutia :
- Ce pouvoir…je n’ai aucune idée de comment le maîtriser…Depuis que j’ai heurté ce cristal je sens en moi une force démesurée…je ne sais pas comment la canaliser…
Le jeune homme resta sans voix. Une fois de plus il se sentait impuissant. Depuis leur rencontre, il avait la désagréable sensation qu’à chaque combat, malgré toute la volonté qu’il y mettait, il n’égalait jamais les prouesses de Daenara. Mais maintenant qu'elle était en difficulté c'était à lui d'agir et d'être à la hauteur. Il se détacha du mur puis s’apprêta à s’accroupir quand il entendit un bruit lointain. Il tourna la tête vers la porte barricadée et comprit que leurs ennemis s’étaient mis à leur poursuite. Il ferma un instant les yeux. Il fallait fuir, au plus vite.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Daenara d'une voix faible.
Heiric se dirigea vers elle d’un pas décidé et s’accroupi devant elle, il la fixa droit dans les yeux, déterminé :
- Daenara, si cette magie est en toi c’est que tu en es digne. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi courageux et fort, si ça m’arrivait à moi, je n’aurais pas pu faire le quart de ce que tu as fait depuis qu’on est arrivés ici ! Il faut que tu te battes Daenara, parce que je n’y arriverai pas tout seul !
Un bruit sourd mais plus intense se fit entendre, Heiric tourna son regard vers la porte et de nouveau vers son amie à qui il tendit l’arc et les flèches.
- On ne peut pas rester ici. Ils sont à nos trousses il faut partir, et pour ça j’ai besoin de toi, dit-il gravement.
La jeune femme saisit son arc et ses flèches et resta immobile un instant. Heiric avait raison, s’ils restaient là, ils seraient morts d’ici quelques minutes. Elle se sentait faible, mais encore capable de pouvoir se battre aux côtés de son ami. Elle se redressa avec une certaine difficulté puis mit son arme derrière son dos et regarda Heiric.
- Allons-y.
En pénétrant dans la grande salle, ils virent qu’un groupe de pilleurs avait investi la pièce. Ceux-ci étaient en train de voler tout ce qui paraissait avoir de la valeur : l’un, d’un geste ample du bras ramena tous les couverts en argent, qui tombèrent avec fracas dans un gros sac qu’il tenait de son autre main. Un autre, un peu bedonnant, grattait les murs incrustés d’or à l’aide d’un petit couteau émoussé. Enfin, deux autres étaient occupés à retirer un tableau du mur. L’un, plus petit que son acolyte qui vacillait dangereusement, était debout sur ses épaules et soulevait avec peine le cadre de son attache.
Malgré la position que chacun occupait, aucun d’entre eux ne vit nos deux héros sortir de la remise. Daenara voulu encocher une flèche afin d’éliminer cette menace gênante mais Heiric l’arrêta d’un geste du bras.
- Si tu fais ça, nous allons perdre du temps, lui dit-il à voix basse. Mieux vaux avancer.
La jeune elfe acquiesça puis rangea son arc dans son dos et suivi le jeune homme qui s’avançait discrètement vers les jardins. Une fois à l’extérieur ils firent face à un autre groupe qui finissaient de monter les marches du grand escalier de marbre. L’un d’eux, semblant être leur chef s’avança d’un pas et déclara :
- Ce château est à nous ! Dégagez !
Au même moment, les quatre pilleurs qu’ils avaient croisé précédemment sortir de la grande salle, tenant à bout de bras des sacs remplis à ras bord. En voyant que les aventuriers étaient pris en tenaille entre leurs deux groupes, ils laissèrent tomber lourdement les sacs et dégainèrent leurs couteaux tout en lançant des injures.
Daenara pris son arc en main tout en armant une flèche puis regaregalerer Heiric :
- On peut les attaquer maintenant ? lui dit-elle avec un léger sourire en coin.
Avants que le jeune homme ne puisse répondre, le groupe qui leur faisait face s’élança. Le plus proche d’eux sortit un couteau de lancer de sa poche et l’envoya en direction de Daenara. D’un geste souple elle fit un pas de côté et la lame alla se planter dans le buste d’un des quatre pillards qui s’effondra. Une fois en position la jeune elfe décocha sa flèche qui alla percer l’œil d’un autre voleur. Au même moment, le lanceur de couteau fut fauché dans son élan par la lame d’Heiric. Le combat avait à peine commencé qu’il ne restait déjà plus qu’une poignée d’entre eux. Ces derniers ralentirent le pas, cherchant une ouverture pour attaquer.
Heiric ne leur laissa pas le temps de réfléchir plus longtemps et, d’un geste vif, il trancha la main de l’un d’eux qui tomba à terre en hurlant de douleur. Du coin de l’œil, il distingua une lame s’abattre vers lui et sans réfléchir porta un nouveau coup en direction de son assaillant dont il sectionna la cheville, le mettant hors d’état de nuire. Daenara, quant à elle, envoya une nouvelle flèche qui alla se loger dans la gorge d’un des deux pillards restant mais elle fut prise de court quand le second passa derrière elle et vint enserrer son cou de son bras. D’instinct elle attrapa son agresseur et le fit violemment basculer, puis le plaqua contre le sol avant de lui briser le bras d’un puissant coup de genoux. Les derniers pilleurs, pris de panique, se ruèrent en direction de l’escalier qu’ils dévalèrent à toute vitesse.
Essoufflés, Heiric et Daenara se rejoignirent devant les marches blanches et furent témoins d’un spectacle qui leur glaça le sang.
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