Une catastrophe évitée de peu.
Je ne sais pas par où commencer, il s’est passé tellement de choses que j’ai perdu le fil conducteur de ma vie. Pour les plus sensibles, ce texte comporte un sujet délicat qu’est le suicide.
Je rédige en novembre mais ce chapitre concerne les jours qui précèdent mon écrit précédent en août jusqu’à fin octobre. Il est fort probable que je sois floue au niveau des dates parce qu’avec le temps, je me suis perdue dans les événements.
Quelques jours après avoir posté le chapitre “Nouvelle instabilité”, mon moral était de nouveau très bas, les sensations de n’être qu’une coquille vide et de subir ma vie avait repris plus intensément et peu à peu je me suis transformée en zombie. J’errai dans la maison sans rien faire, me posant parfois pendant des heures sur mon lit ou sur le canapé à regarder dans le vide et en me disant que ma vie était de la merde, que j’étais une merde et que jamais je me sortirais de cette situation horrible. Je ne buvais plus, j’étais très faible, mon corps souffrait autant que mon esprit, je ne dormais presque plus et n’avais plus aucune force ne serait-ce que pour me sortir du lit plus de trois ou quatre fois par semaine. Cette situation a duré tout le mois d’août, ainsi que la moitié de septembre.
Le 20 septembre 2021, j’ai évité l’irréparable. Après une nuit plus que chaotique, j’ai eu une terrible crise de panique et de pleurs, il m’était impossible de faire taire mon esprit. Mes pensées tournaient à une allure affolante et rien ne me calmait. “Je dois aller en clinique. C’est impossible de m’en sortir seule, avec si peu de contrôle et si peu de personne apte à me tirer vers le haut, avec si peu de puissance, je suis seule. Il faut absolument que je me fasse aider en clinique.”, voilà dans un premier temps ce qui tournait dans ma tête, à me rendre folle. J’ai donc décidé de sortir marcher au petit matin parce que ça m’avait toujours fait du bien jusqu’à maintenant. J’ai envoyé quelques messages pour me renseigner sur d'éventuels endroits où aller.
Et là.. j’ai frôlé la tentative de suicide. En passant par mon parcours habituel, je me suis arrêtée devant un canal et cette fois mon esprit qui fonctionnait toujours en accéléré ne cessait de “calculer” les probabilités que mon suicide soit raté. Cette sensation était un enfer, c’est comme si mes pensées et mes actes avaient une partie incontrôlable et qu’il ne me restait que très peu de pourcentage de réflexion consciente. Si je n’avais pas par miracle eu un seul pourcent de lucidité (et je ne sais toujours pas d’où j’ai trouvé cette force), je serais soit morte, soit en hôpital droguée de médicaments ou un déchet dans mon lit avec des parents brisés et bourrés de culpabilité.
J’ai mis deux semaines avant d’enfin en parler à mes parents. Ma psychologue m’a dit que ce n’était pas obligatoire de leur en parler et bon sang, j’ai trouvé ça vraiment dangereux et ridicule de sa part de prononcer ses paroles ! On parlait quand même de la peur de ma vie, on parlait quand même d’un phénomène psychologique appelé “phase de déréalisation” ou “phase de dépersonnification” qui est très dangereuse, peut revenir n’importe quand dès son apparition et peut durer des années, on ne parlait pas d’un jeu, mais d’une vie ! Heureusement que je suis lucide sur ma situation et que je sais réfléchir par moi-même sans prendre mes professionnels de santé pour des dieux parce que j’ai eu bons nombre de mauvais conseils de leur part.
J’ai donc avoué, en pleurs, à mes parents l’erreur irréparable que j’ai évité de justesse, ma mère a pleuré et mon père n’a pas eu de paroles rassurantes mais j’ai enfin pu voir que cette situation le travaillait quand même et que malgré tout il s’inquiétait pour moi. Il m’a dit qu’en effet il fallait vraiment faire quelque chose et que les personnes qui me suivaient devaient se bouger. J’ai bien vu par la suite que mon père ne savait plus comment me parler, encore moins qu’avant, mais cette fois-ci, par peur de me bouleverser plus que je ne l’étais et peur d’aggraver la situation, ça m’a fait du bien de voir que cette annonce ne l’avait pas laissé indifférent. Mais le point négatif c’est qu’une fois encore son comportement habituel est vite revenu avec en supplément le fait qu’il était encore plus dans ses pensées, encore plus “perdu et impuissant”.
Après avoir avoué cette histoire à mes parents, puis à mon entourage proche, j’ai ressenti un énorme poids de pression s’envoler de mes épaules, parce qu’une fois encore j’avais gardé pour moi quelque chose d’horrible pour ne pas blesser, stresser ou causer du soucis à ma mère, alors que si je n’avais rien dit et que je n’étais plus de ce monde, j’aurais causé beaucoup plus de problèmes en ayant gardé le silence. Bien évidemment, mes parents, surtout ma mère ne voulaient plus que je sois seule, si je voulais sortir marcher alors je devais être accompagnée par exemple et je n’allais pas risquer une autre perte de contrôle donc je me suis sentie soutenue et ça m’a fait du bien dans cette période de vulnérabilité émotionnelle, mentale et corporelle.
Ma psychologue a enfin tiré le signe d’alarme en admettant que je devais avoir un diagnostic de façon urgente et que ma dépression était plus profonde qu’elle ne l’avait pensé. Là encore, j’avais raison, je lui avais dis plusieurs fois mais tant que l’acte irréparable n’avait pas été tenté alors personne ne se bougeait à l’endroit où je suis prise en charge. Puis, ma psychiatre, avec qui le courant ne passe pas de mon côté, a fait un pas pour demander une demande d’aide financière, une demande de maladie à longue durée ainsi qu’un diagnostic avec une autre psychiatre, je me suis ENFIN sentie un peu écoutée, prise au sérieux après deux ans à être suivie au même endroit..
Fin octobre ma demande de maladie longue durée a été acceptée, j’ai aussi obtenu un rendez-vous pour monter une demande d’aide financière avec l’assistante sociale de l’endroit où je suis suivie (et là aussi, j’avoue ne pas vraiment apprécier cette professionnelle, qui m’a l’air peu renseignée sur son propre boulot..).
En bref, une catastrophe évitée, beaucoup de négativité, de pleurs mais un renforcement d’aide par quelques personnes de mon entourage et enfin une situation qui commence à bouger.
Le mois de novembre a été rempli de rendez-vous et de rebondissements, vous pourrez le lire dans la prochaine partie.
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