Sa pute
On était assis
dans son petit salon,
il enchaînait les whiskys
et les clopes
tout en me baratinant avec son histoire.
Une histoire de femme,
somme toute assez banale.
Ça faisait des mois qu’il était dedans.
Mais ça le tapait encore
à lui en faire éclater le cœur
de tout ce vide…
ça faisait même plus de temps
qu’il supportait sont chagrin d’amour
que le temps qu’avait duré
l’histoire d’amour
elle-même
Il était comme ça,
sous ses airs de dur
dès qu’il avait choppé un malheur,
il arrivait pas à le lâcher.
C’était un mec attachant,
bourré de qualités,
et un sacré bon écrivain.
Il y a passé la journée
à me la raconter son histoire…
j’essayais d’écouter sans trop rien dire,
et je commençais à saturer
quand il a lâché le bouquet final,
dans un gros sanglot,
sa chienne est venue le réconforter.
J’en ai profité pour me rouler une cigarette
et lui prononcer quelques mots
réconfortants d’abord
Puis,
d’autre,
il devait se rendre compte.
« Donc, si je résume : Elle venait chez toi,
te payait à boire et à manger, te baisait puis partait.
Elle revenait et ainsi de suite… Tu ne savais rien
d’elle hormis ce qu’elle t’en racontait, et elle
ne voulait rien partager d’autre avec toi. C’est ça ?
– C’est ça.
– Ben mec… t’étais sa pute.
– … !!!
– Ouais, t’étais sa pute régulière. Puis
quand qu’elle s’est tapé un caprice de ne pas être l’unique client
elle s’est barrée
Et toi, tu pleures ton mac.
Parce que, même si c’était un mac sympa et bien foutu,
depuis qu’il s’est trouvé une autre pute,
il ne te répond pas.
Et te voilà devenue libérale et d’avoir la trouille de ça.
Donc
t’es juste une pute
abandonnée
qui pleure son mac.
J’ai bien cerné l’affaire ?
C’est ça ? »
Il a ravalé ses sanglots, bu son verre de whisky cul-sec,
et s’en resservit un dans la foulée
« Putain Lola – qu’il m’a fait –
t’es raide des fois »
Oui, sauf que tout ça c’était des conneries, mais ça lui donnait sa carte de victime
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