Chapitre 3

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Je ne pensais pas avoir trouvé le sommeil et pourtant je fus réveillé par les rayons du soleil qui rentraient à travers les rideaux troués. Il me fallut quelques secondes pour retrouver mes esprits, après quoi je me dépêchai de me préparer pour retourner voir l'ange.

Belépine m'attendait déjà devant la cage et il l'ouvrit en me voyant arriver. Cette fois-ci un regard insistant suffit pour qu'il nous donne un peu d'espace.

Je fus abasourdi lorsque j'effectuai mon examen médical. Les blessures qu'avait reçu mon patient était relativement sévères. Cependant, il n'en restait presque plus aucune trace. Je ne pouvais plus voir que certains des plus gros hématomes qui avaient viré au jaune et les points de suture qui n'avait pas pu se résorber tout seuls. Même ses côtes semblaient s'être ressoudées. C'était miraculeux...

Je m'attelai donc à retirer les points étant donné qu'ils n'étaient plus d'aucune utilité. J'en profitai également pour lui glisser quelques mots :

« Écoute-moi, je vais faire en sorte de te sortir d'ici. Je ne sais pas encore comment, ni quand, mais je te promets que je vais faire en sorte d'arrêter tout ça ! »

Suite à ces paroles, j'eus l'impression que l'expression de l'être changea et que ses ailes frémirent. J'avais du mal à déchiffrer son visage, mais je crus y lire de l'espoir. Je posai délicatement ma main sur sa jambe et il posa la sienne par-dessus.

Je ne pouvais malheureusement pas m'attarder. Si je prenais trop de temps, l'autre risquait de se méfiait. Je l'appelai donc pour qu'il me fasse sortir.

« Vous avez fait du bon travail Docteur.

-Vous ne m'aviez pas dit qu'il guérissait aussi vite, dis-je d'un ton froid.

-J'avais peur que vous ne bâcliez votre boulot si je l'avais fait. Et puis entre nous, vous deviez bien vous douter qu'avec le rythme que nous avons il devait y avoir un truc.

-À vrai dire je pensais juste que vous étiez à ce point cruel.

-Haha, bien répliquer. Mais je suis satisfait de vous Docteur. C'est la première fois qu'il se remet aussi vite. Maintenant, vous voulez bien m'aider à remettre le drap par-dessus ?

-Vous le laissez là-dessous toute la journée ? m'offusquai-je.

-Ce n'est que ce qu'il mérite. Et malgré tout le temps qu'on a passé ensemble, j'ai toujours peur qu'il cache un atout dans sa manche. Je ne voudrais pas qu'un de mes gars -ou vous-même- se fasse envoûter ou je ne sais quoi. Ça serait très... regrettable. »

Il prenait moins de soin à voiler ses menaces que cette cage. Je l'aidai donc à repositionner le tissu, à regret.

Pour le reste de la journée, le patron me demanda de jeter un œil à sa troupe. Ils n'étaient en mauvaise santé en soit, si ce n'est leur penchant pour la boisson. À part leur dire de freiner un peu leur consommation, je ne pouvais pas faire grand-chose pour eux.

Pendant mon examen je pus constater qu'ils étaient tous très méfiants à mon égard. Ils le furent d'autant plus lorsque je tentai d'aborder nonchalamment le sujet de la créature dans la cage. Ils refermèrent immédiatement et refusèrent de dire quoi que ce soit. Je n'insistai pas. Visiblement je n'allais pas pouvoir trouver d'allié parmi eux malheureusement.

Le reste de la journée s'écoula lentement jusqu'à l'arrivée des premiers spectateurs. Ils étaient là en avance. Je m'étais placé debout dans les coulisses et je pus entendre des bribes de conversations. « C'est la troisième fois que je viens. » « C'est de notre devoir d'être là. » « Dommage qu'il faille endurer les autres avant de passer au clou du spectacle. »

Tous semblaient avoir la même mentalité que Belépine. J'en venais à douter de moi-même. Après tout, si tout le monde était du même avis, il y avait peut-être quelque chose que je ne parvenais pas à voir. Mais ma remise en cause cessa dès que l'ange fut révélé au public.

J'aurais voulu détourner les yeux, ne pas assister à ça. Mais il fallait que je regarde, je me devais d'accepter qu'il s'agissait bien de la réalité pour comprendre contre quoi je luttais.

Il y avait plus de monde que la veille et je compris vite que du fait de mon efficacité, le Monsieur Loyal avait décidé de laisser l'assistance aller plus loin cette fois-ci. Mais ce ne furent pas temps les nouvelles blessures de l'ange qui me terrifièrent, mais le regard des spectateurs.

La dernière fois, j'étais parmi eux et je ne pouvais percevoir que leurs cris. Mes yeux étaient en plus rivés sur l'ange que je voyais pour la première fois. Mais ce soir-là, je pus voir leurs expressions dans toute leur ignominie. Je pouvais voir leur visage qui se contractaient de rage et qui se déformaient pour laisser place à leurs hurlements. Leurs joues étaient rouges et la sueur dégoulinait tellement qu'elle les aveuglait presque. Et pourtant, ils continuaient à balancer leurs projectiles comme si leur vie en dépendait.

Avant ce soir-là, je n'avais pas conscience qu'une telle colère pouvait habiter un être humain. Cependant, le pire était que je les comprenais. Depuis les évènements, personne ne vivait vraiment plus qu'il ne survivait. Les ressources étaient rares et la violence commune. Pour ceux comme moi qui avaient connu le monde d'avant, pas une journée ne passait sans le regretter. Et ceux qui étaient nés après s'était vu transmettre cette mélancolie sans même s'en rendre compte. Moi aussi j'aurais voulu avoir un coupable à lyncher. Moi aussi j'aurais voulu pouvoir exprimer ma frustration de vivre dans ce monde que je n'avais rien fait pour mériter. Mais je savais pertinemment que cela ne dissimulait que ce que je souhaitais réellement. Retrouver ma vie d'avant. Me réveiller pour découvrir que tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve oublié après le premier café du matin. Et je savais qu'aucune quantité de violence ne pourrait m'apporter cela.

Le silence qui régnait une fois les spectateurs partis semblait presque déplacé après ce déchaînement brutal. Belépine ne fit pas de cérémonie pour me faire entrer dans la cage et je me mis rapidement au travail. L'ange était dans un pire état que la veille. Plusieurs pierres avaient trouvé le chemin de son visage à présent tuméfié. Je fis de mon mieux pour l'aider et une fois de plus je lui parlai de le sortir de là.

Cette soirée marqua le début d'une nouvelle routine dans ma vie. Le matin j'allai le voir pour vérifier si les soins que je lui avais appliqué la veille faisaient effet. Le reste de la journée, je vaquais à mes occupations. Il y avait une ville à une heure de marche, ou du moins ce qui passait pour une ville ces temps-ci. Belépine me versait un salaire, mais il laissait le matériel médical à mes frais. Cet homme était avare et il savait que je ne supporterais pas de ne pas avoir de quoi soigner l'ange au mieux. L'argent qui ne passait pas dans ces fournitures était dédié à l'achat de pièce pour réparer ma Coccinelle. Je pense que personne ne se doutait de pourquoi je la réparais. Après tout, il était normal de vouloir un mode de transport fonctionnel. J'essayais tout de même de me faire discret quand je travaillais dessus. Je ne voulais pas qu'ils sachent précisément où en étaient les réparations.

Pour ce qui était d'ouvrir la cage, j'avais vite réalisé que je pouvais oublier l'idée de voler la clé à Belépine. Il était trop précautionneux. Et étant donné qu'il verrouillait toujours derrière moi avant de nous laisser seul, je ne pouvais pas mon plus espérer saboter la serrure pendant que la porte était ouverte.

Il me restait un espoir cependant. La prison n'avait pas de fond. Elle était posée sur un chariot métallique qui permettait de la trimbaler n'importe où. Mais en soit, rien ne la maintenait attachée à son support si ce n'est le poids de l'acier. Je possédais un cric pour les réparations de ma voiture. Si j'avais l'occasion de le glisser sous le chariot, je pourrais le faire basculer et la cage tomberait à côté. Mais deux autres problèmes s'ajoutaient. Déjà, il me faudrait du temps pour cette opération et je n'avais pas ce luxe. Ensuite, il était sûr qu'en tombant, le métal ferait un boucan d'enfer. Ce plan avait une chance de marcher, mais il me faudrait la bonne occasion.

En attendant, je continuais à prendre soin de mon compagnon ailé du mieux que je pouvais. Sa souffrance était réécrite chaque soir sur son corps. Pourtant, je ne le vis jamais exprimer quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à de la colère. Même si je lui parlais chaque jour d'évasion, il semblait tellement résigné.

J'avais malgré tout le sentiment que ma présence lui faisait du bien. Quelque chose dans sa tête qui se relevait légèrement lorsque j'arrivais. Un léger éclat dans le fond de ses yeux. Et il est vrai que sa présence me faisait du bien à moi aussi. Depuis que tout avait changé, je n'avais jamais eu de but aussi clair. J'avais passé mon temps à errer de droite à gauche, dispensant ma médecine lorsqu'on pouvait me payer. Mais pour la première fois depuis ce qui me paraissait une éternité, j'avais l'impression de faire quelque chose de bien.

Plusieurs fois, d'impatience, j'avais hésité à tenter le tout pour le tout et à mettre mon plan en exécution dans la nuit. Mais je savais que je n'aurais qu'une chance pour libérer l'ange. Je ne pouvais pas me permettre de risquer de tout foirer à cause de ma frustration.

J'eus bien fait d'attendre, car l'occasion idéale finit par se présenter au bout de longs mois.

Un matin habituel, alors que je sortais de la cage, Belépine me dit :

« Venez avec moi Docteur, nous allons avoir une petite réunion avec la troupe. »

J'étais surpris. Au fil du temps, lui et moi avions accepté silencieusement que nous ne nous faisions mutuellement pas confiance. L'entendre me dire de prendre part à la vie du cirque autrement que par mes talents de médecin était inattendu.

Il m'emmena à l'extérieur du chapiteau, là où les autres membres traînaient habituellement. Ils étaient tous là, assis plus ou moins droits.

« Bien, si je vous ai tous réuni ici, c'est parce que j'ai une grande nouvelle à vous annoncer. Les rumeurs vont bon train et il semblerait qu'elles aient atteint la capitale. Tôt ce matin, j'ai reçu un message. Nous allons recevoir la visite du Prince les gars ! »

Mes yeux s'écarquillèrent. Après les évènements, tout le pays était en proie à la violence, mais d'après ce que j'en savais, les pires atrocités avaient été commises dans la région de la capitale. Et de ce chaos, un individu avait réussi à tirer son épingle du jeu et c'était le Prince. Tous les ragots s'accordaient à dire que c'était une brute. Mais il était aussi très intelligent et il était indéniable qu'il détenait énormément de pouvoir et d'influence. Qu'il prenne la peine de venir jusqu'ici démontrait bien le succès qu'avait le spectacle. Belépine reprit :

« Si le Prince est satisfait, il se pourrait bien qu'il nous prenne à son service. C'est une occasion à ne pas rater. Il assistera à la représentation dans une semaine. Ça fait court, mais vous vous doutez bien qu'on ne peut pas se permettre une représentation classique, il faut lui en mettre plein les yeux. Des suggestions ? »

Il y eut quelques idées banales de lancées : repriser les costumes, remplacer les ampoules faiblardes... Mais ça n'était pas ce que le chef de la troupe attendait. J'eus alors une idée qui collait parfaitement avec mon plan :

« Et si on commençait le spectacle à l'extérieur avec un énorme feu d'artifice ?

-Docteur, je dois dire que vous m'impressionnez. Je n'aurais pas cru ça de vous, mais c'est une idée en or. »

Il n'était pas devenu particulièrement difficile de fabriquer des feux d'artifice, mais cela nécessitait de la poudre à canon. Dans le contexte actuel, lancer des fusées s'apparentait à la perte d'une ressource précieuse. C'est pourquoi de telles prestations étaient réservées à l'élite. Si une personne voulait en impressionner une autre, la pyrotechnie était une bonne solution.

Mais surtout, les feux d'artifices produisaient un sacré vacarme. Si je m'y prenais bien, ils pourraient couvrir le bruit de l'évasion. D'autant plus que cela voudrait dire qu'il n'y aurait personne à l'intérieur du chapiteau et que leur attention serait focalisée sur ce spectacle rare. C'était parfait !

Au cours de la semaine qui suivit, la troupe s'afféra à préparer l'arrivée du Prince. Je voyais souvent Belépine courir dans tous les sens, le visage rouge et un mouchoir à la main. Il faisait de son mieux pour parler en même temps à tous les fournisseurs appelés pour l'occasion.

Quant à moi, je m'assurais que mon plan était en ordre. J'avais caché mon cric près de la cage pour le grand jour et je m'étais assuré que ma voiture démarrait au quart de tour. Mais je ne pouvais pas faire beaucoup plus si ce n'est attendre. L'ange semblait anxieux lui aussi.

Puis, une fois la semaine écoulée, le Prince arriva au coucher du soleil avec sa délégation. Il n'avait de prince que le nom et le pouvoir. Rien dans son attitude grossière ne dégageait de la noblesse. Ses hommes étaient un rassemblement mal assorti de gars qui n'avaient en commun que la violence dans leurs yeux.

Malgré cela, je pus voir Belépine se plier en quatre pour lui. Lorsqu'il s'adressait au Prince, sa voix était tellement suave qu'elle m'écœurait :

« Votre Altesse ! Soyez le bienvenu dans mon humble cirque !

-Oui, oui, bonjour. Où est-il ? demanda le Prince sans plus de cérémonie.

-Dans les coulisses du chapiteau votre Altesse, bien à l'abri.

-Bien allons le voir dans ce cas.

-Mon Prince, attendez ! Je suis un homme du show-business, je m'en voudrais de vous montrer le clou du spectacle sans vous y avoir préparer avant. Faites-moi confiance, vous apprécierez d'autant plus le moment que vous ne précipitez pas les choses. Je vous ai préparé une représentation à couper le souffle. »

Une colère contenue passa sur le visage du Prince.

« Bien, je suppose que je n'ai pas le choix. Mais votre spectacle a intérêt d'en valoir le coup Belépine. Et j'espère que vous n'avez pas oublié notre arrangement, dit-il en portant la main au fusil qu'il portait sur l'épaule.

-Bien entendu votre Altesse, mais permettez-moi de vous le rappeler, une seule balle et dans un endroit non létal.

-Évidemment, où serait le fun si je ne faisais pas durer le plaisir, répondit-il avec un sourire carnassier. »

Quoi ? Quel accord ? Cet enfoiré ne m'avait pas mis au courant ! Visiblement il s'attendait à ce que je soigne une blessure par balle ce soir alors que je n'avais absolument pas l'équipement pour ! Il était devenu d'autant plus urgent de libérer l'ange.

« Dans ce cas, reprit Belépine, si vous voulez bien prendre place sur les gradins extérieur votre Altesse, nous avons choisi de commencer la soirée en vous offrant un feu d'artifice comme on n'en a pas vu depuis longtemps. »

C'était le signal que j'attendais. Entre le nombre d'homme qu'avait emmener le Prince et l'attention que chacun devait lui apporter, personne ne me remarqua m'éclipser.

Je me glissai sans bruit dans le chapiteau et sorti mon cric de sa cachette. Je dégageai le drap de la cage et jetai un coup d'œil à l'ange. Il semblait effrayé. C'était bien normal. J'aurais voulu le réconforter, mais je n'avais pas le temps pour cela. Je me mis au boulot dès que j'entendis le premier pétard.

L'affaire avançait bien, la cage et le chariot commençait à pencher sévèrement. J'attendis quelques instants, dans l'attente du bouquet final avant de donner les dernières impulsions et être sûr que le bruit de la cage serait couvert.

Les explosions se firent plus puissantes, je tirai sur le levier avec force et... Merde ! Mais quel con ! Je m'étais trop précipité ! Avec la panique, j'avais tiré sur le levier du cric avec un mauvais angle. La soudure avait cédé et je me retrouvais comme un con avec le levier entre les mains.

Merde ! Merde ! Merde ! Merde !

Bon, il fallait me reprendre. Le chariot était sur le point de basculer. Je pouvais le faire ! Je plaçai mes pieds pour avoir un maximum d'appui et poussai de toutes mes forces pour terminer ce que j'avais commencé.

Sans doute grâce à l'adrénaline, je parvins à incliner la cage des quelques degrés qui lui manquaient et elle bascula complètement... au moment où le bouquet final se terminait.

J'avais perdu du temps avec tout ça. La cage résonna avec force sur le sol dur. Des voix s'élevèrent de dehors : « Vous avez entendu ? » « Qu'est-ce que c'était ? » Plus rapide à la détente que les autres, j'entendis Belépine : « Putain ! Quelqu'un sait où est le Docteur ? »

Il fallait se grouiller ! J'aidai l'ange à se relever et nous passâmes sous le chapiteau pour sortir. Je voulais courir aussi vite que possible. Je n'avais pas pu garer ma voiture aussi près que je l'aurais voulu par peur d'éveiller les soupçons, il y avait donc une certaine distance à parcourir.

Mais l'ange avait visiblement du mal à tenir sur ses jambes à force d'être resté enfermé. Très vite, je pus voir derrière nous la troupe du cirque et les hommes du Prince qui émergeaient de sous la tente.

Par peur je tentai de presser un peu le rythme. C'est à ce moment-là qu'il tomba.

Je voulus l'aider, la voiture n'était plus très loin, on pouvait encore y arriver.

Mais il ne tenta pas de se redresser. Il me regarda alors.

Il s'agissait du même regard qu'il avait quand je lui parlais de s'évader, emplein de mélancolie.

Je compris. Il n'avait jamais voulu de mon plan. Il ne bénéficiait qu'à moi.

L'ange voulait s'échapper d'ici, mais pas comme ça.

Cette créature qui n'appartenait pas à ce monde s'allongea sur le dos, les ailes étalées de part et d'autre de son corps.

Nos poursuivants se rapprochaient, criant et hurlant. Je n'avais pas le temps d'hésiter. S'ils nous rattrapaient, il n'y aurait jamais de seconde chance.

Je regardai autour de moi. Il y avait une pierre. C'était un miracle qu'elle soit exactement à la bonne taille. Suffisamment lourde pour que je puisse la saisir, mais assez légère pour pouvoir faire ce que j'avais à faire.

Je la pris, la soulevai au-dessus du visage de l'ange.

Pour la première fois, je le vis sourire.

J'abattis la pierre d'un coup.

Les cris des hommes se turent et le silence se fit.

La lune refléta le sang.

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