La Forteresse de la Sorcière

6 minutes de lecture

Il était une fois, dans un royaume lointain, une Sorcière, qui habitait une forteresse réputée impénétrable. Sa forteresse était magnifique, un vrai chef d'œuvre d'architecture. Des ponts, des arcs, des gargouilles, des fenêtres entièrement sculptées, des tourelles, toute la beauté de ce magnifique château n'avait pas d'égal.

 Mais dans le royaume, on maudissait la Sorcière, qui, pourtant n'avait jamais fait de mal à personne. Un jour, le roi fit une annonce. Celui-ci avait une fille, la plus belle jeune femme du monde, disait-on. Il dit que le premier prince qui arriverait à pénétrer la forteresse aurait la main de la magnifique princesse.

 L'un prit un bélier gigantesque, mais ce fut le bélier qui céda sur la porte.

 Le deuxième essaya avec un autre bélier, en fer cette fois. La porte ne céda pas, mais le bélier restait aussi intact. La porte était entourée d'une sculpture en forme de gueule, qui se referma sur le bélier. Les soldats tirèrent, mais le bélier était encore coincé. La sorcière, dans son château, tira sur une manivelle, et la gueule se rouvre. Le bélier, emporté par l'élan, retomba sur les soldats et sur le prince.

 La foule, qui n'avait pas loupé une miette de tout ça, commençait à se dire que personne n'y arrivera. Mais un garçon au cœur d'or s'écria :

" J'arriverais à rentrer dans le château et j'épouserai la princesse !

Un vieillard dans la foule répondit.

- Et comment comptes-tu faire ?

A ça, il répondit calmement :

- Je réfléchis.

La foule éclata de rire.

- Et bien regarde ça au lieu de réfléchir ! En voilà un qui ne va pas faire trainer les choses ! "

 Le troisième emportait des énormes canons, qui tirèrent sur le château. De la forteresse sortit un dragon mécanisé, qui avalait les boulets de canons et les propulsait sur les canons par son derrière. Les canons furent détruits, et les soldats et le prince aussi.

" Alors petit, tu passes à l'action ?

- Je réfléchis. "

 Le quatrième apporta une tour d'assaut, à la hauteur des immenses murailles. Il s'approchait des murailles, quand la forteresse grandit jusqu'à ce que la tour soit dix fois plus petite que les murailles. Une main géante sortit du mur et renversa la tour d'assaut.

 Les gens n'y croyaient plus, quand arriva le dernier.

 Des centaines d'arbalètes avec, à la place de la flèche, de la paille très inflammable. Quand le prince donna le signal, les flèches s'enflammèrent, et furent tirées sur le château. Celui-ci prit feu, et le prince criait victoire.

 Le jeune homme au cœur d'or regardait ça avec regret.

" C'est idiot, il ne faut pas détruire le château, juste pénétrer dedans.

- Mais ce qu'il compte, c'est que la sorcière brûle avec ! Et toi, tu as trouvé ?

- Je réfléchis. "

 Soudain, de l'eau coula des sculptures sur les murs, et éteigne l'incendie. L'hélice, qui avait pris feu, se décrocha de la tourelle où elle était accrochée, et vola jusqu'au prince. En tournant, elle le hacha en deux.

 La foule, effrayée, se dit :

" Cette fois-ci, c'est sûr, personne ne tentera plus le coup.

 C'est alors que le jeune homme rétorqua.

- Si, moi !

 Il s'avança vers le château. Le vieillard s'écria :

- Regardez-le ! Avec son petit poignard ! Il va à peine réussir à graver son prénom sur la pierre. "

 Le jeune homme s'arrêta net, et fit tomber son poignard par terre. La foule s'agita et lui dit que c'était impossible, qu'il devait renoncer. Mais il continua. Arrivé à la porte, il fit simple.

 Il toqua.

 La porte s'ouvrit. Il rentra, et, aussitôt, la porte se renferma sur lui.

 Face à lui se tenait la Sorcière. Elle était vêtue d'une cape bleue et son visage était couvert d'un masque de lion. La pièce dans laquelle ils se trouvaient était dans le style Occident. Des mosaïques, des coussins et des statues de dieux hindouismes.

 La sorcière prit la parole.

" Vous êtes bien le seul qui a pensé à me demander la permission d'entrer. Voulez-vous visiter mon château ?

- Avec plaisir, votre forteresse m'intrigue plus que tout au monde. "

 Elle hocha la tête. Il lui tendit son bras, et elle le guida dans le château. Ils se baladèrent dans des salles toutes plus belles que les autres. Il n'y avait que luxe et richesses. Elle l'entraina dans une salle gigantesque, remplie de livres. Elle passait la plupart de son temps dans cette pièce, à lire des livres par milliers.

 Une porte arrivait sur une autre salle pleine de croquis, de plans, et de maquettes. Elle lui montra la maquette du château. Quand elle appuyait sur certains boutons, les fonctions de sécurité comme le dragon cracheur de boulets, les murs lanceurs d'eau, l'élévateur des murailles se déclenchaient.

 La Sorcière lui livra le point faible du château : les rivières souterraines. En effet, pour s'approvisionner en eau, la Sorcière avait détourné un ruisseau pour le faire rentrer sous terre. En trouvant le ruisseau et en le suivant jusque sous la terre, on finissait par parvenir au sous-sol. Le prince lui demanda s’ils pourraient le visiter, et la Sorcière ne put refuser.

 Elle le fit descendre des escaliers en vis, conçu par Léonard de Vinci à la Renaissance, mais que la Sorcière avait inventée bien avant lui. Ces curieux escaliers étaient construits de sorte à ce que celui qui monte ne rencontre jamais celui qui descend.

 Une fois arrivés en bas, ils montèrent dans une barque à tête de serpent. La barque les amena dans une galerie où poussaient des fruits, des fleurs et des légumes. Elle lui expliqua qu'elle avait fabriqué des petits canaux qui alimentaient les plantes en eau en circulant autour d'elles. Des jeux de miroirs transmettaient la lumière du soleil. La végétation envahissait l'espace et une légère odeur de nectar enivrait les narines.

 La barque les emmena ensuite dans un lac nourrit par les différentes rivières souterraines; Ce ne serai qu'un lac ordinaire, si il n'y avait pas du cristal bleu phosphorescent qui illuminait la grotte. Des dizaines de milliers de pierres qui se reflétaient dans l'eau. Mais ce n'était pas tout. Car le cristal chantait. Un chant si pur, si doux, que l'on aurait pu l'écouter pendant des heures sans se lasser.

 Les paroles contaient l'histoire du cristal. Avant, chacun venait se servir pour le consumer à un usage personnel. Lentement mais surement, le cristal s'affaiblissait et ne chantait plus. Il décida donc de lancer un message à l'aide, que seul ceux dont le cœur était le plus pur pourraient entendre. Au bout de cent un ans, personne n'avait été assez pur pour entendre le message. C'est alors qu'une jeune femme enceinte accoucha dans une grotte, celle où se trouvait le cristal qui ne luisait presque plus. La femme donna naissance à une petite fille innocente, qui elle, entendit le cristal, bien que le chant ne fût réduit qu'à un murmure. Elle se dirigea vers lui et le toucha. Le cristal se nourrit de l'innocence infinie de la petite jusqu'à ce qu'il soit étincelant et que son chant retrouve toute sa grâce. La mère décida de rester ici, protégée par le cristal. Sa fille grandit dans la grotte que la femme avait aménagée afin qu'elles y vivent toutes les deux. Quand la mère mourut, la Sorcière, qui n'était autre que la petite fille, construit une forteresse autour du cristal pour le protéger.

 Le cristal arrêta de chanter, pour laisser les spectateurs continuer la visite. Mais ils restèrent là, silencieux. L'homme demanda :

 " Pouvez-vous enlever votre masque ? "

 La Sorcière obéit.

 Son visage d'ange semblait presque bleu grâce à la lumière du cristal. Ses cheveux blonds dégoulinaient en cascade sauvage sur ses épaules. Mais le plus éblouissant, c'était ses yeux. Ils étaient du même bleu que le cristal. Et ils brillaient.

 Soudain, on entendit de la trompette.

 " C'est mon système d'alarme. Il me transmet ce qu'il se passe dehors. "

 Ils se rendirent dehors, main dans la main. La Sorcière ne remit pas son masque.

 " Au nom du roi, je vous offre la récompense, la main de la princesse ! dit un garde au garçon.

 Mais ce n'est pas exactement ce qu'avait prévu celui-ci.

- Vous remettrez tous mes honneurs au roi et à sa fille, mais je ne veux pas de richesses. Je reste avec la Sorcière ! " Après ça, il rentra dans la Forteresse.

Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.


Fin

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire alixfalla ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0