Horreur, douleur, malheur !
Nous sommes rentrés de notre excursion en toute fin d’après-midi et bien entendu, Popo n’a absolument pas oublier notre petit pari stupide. J’ai beau tourner ça dans tous les sens, je ne vois pas du tout comment je pourrais lui échapper.
Tenter de simuler d’être malade, ce peut être une idée ! Je soupire en regardant au loin. Ce n’est même pas la peine de l’envisager, je suis parfaitement incapable de mentir et elle est bien capable d’attendre que je dorme pour me faire subir sa torture.
J’y ai pourtant crue sur la route du retour, quand elle s’est instantanément endormie dans la voiture. Mais les cinquante minutes de route auront réussi à la requinquer ! En arrivant ici, elle s’est précipiter dans sa chambre pour récupérer tout son attiraille de torture ! Je me demande encore ce que j’ai bien pu faire au bon dieu pour mériter un tel supplice, j’ai dû être vraiment très méchante dans une vie antérieure ! En y repensant, j’aurais dû la faire parier avec Raphaël, il y aurait certainement eu moyen de bien rigoler !
C’est toujours plus drôle quand ce sont les autres !
Je suis appuyé sur la rambarde du balcon de ma chambre et je peux entendre Popo et Raph discuter en bas dans la cuisine. Il faut dire que ma chambre se situe juste au-dessus. Il va de toute façon falloir que je me décide à descendre à un moment ou à un autre, je meure de faim. Notre petite escapade d’aujourd’hui m’a vraiment ouvert l’appétit, mes sandwichs de ce midi me paraissent bien lointains en ce moment même !
Aller, quand il faut y aller, il faut y aller !
Je souffle en me dirigeant vers les escaliers, nous avons fait quelques provisions supplémentaires sur la route du retour pour notre apéro dinatoire de ce soir. Il y a quelques petites choses à préparer, mais rien qui ne devrait être trop long, il est plus de dix-neuf heures trente, si tout le monde y met du sien, nous devrions être installer d’ici peux au bord de la piscine.
Mais en y réfléchissant bien, plus vite on commence, plus vite je vais devoir me faire épiler et cette perspective me fait grincer des dents ! Je pourrais peut-être tenter de faire traîner la préparation en buvant des cocktails. Avec un peu de chance, si j’arrive à la faire boire assez, elle en oubliera peut-être notre pari !
Quand j’arrive dans la cuisine, je suis forcé de constater que les plats sont déjà prêts et nos verres servis.
— A quand même, j’ai bien cru que j’allais être obligé de venir te chercher, me dit Apolline. Tient prend ça !
Elle me tend un plateau chargé de pain grillé, de sauces et de légumes en tout genre. Raph prend les cocktails aux couleurs improbables et je me demande ce qu’ils ont bien pu mettre dedans, mais je ne me pose pas trop longtemps la question. Avec un peu de chance, ce sera un truc assez fort qui me permettra de subir dans un état second. Je ne bois pas souvent de l’alcool, alors en général, il ne m’en faut pas beaucoup pour me retrouver joyeuse !
Nous nous installons au bord de la piscine, sous la tonnelle en commençant à déguster nos boissons. Bon sang, je ne sais pas trop ce qu’ils ont mis dedans, mais j’ai l’impression qu’il y a plus d’alcool que de jus de fruits, mais le goût passe bien !
— Bon, je vais mettre le pot à chauffer au micro-onde !
Popo se lève et se dirige vers la cuisine.
Le moment est arrivé !
Je sens que je vais souffrir le martyre !
Pitié, sortez-moi de là !
J’avale la fin de mon cocktail cul sec et tends mon verre à Raph, qui me regarde en relevant les sourcils !
— Vas-y doucement quand même, c’est pas du jus de fruits !
— Je sais, je cherche juste à m’anesthésier ! Au moins si je tombe dans le coma, je ne sentirai rien !
Il se met à rire tout en me servant un autre verre. Mais moi, je ne suis pas trop d’humeur, j’ai le trouillomètre à zéro, l’estomac dans la gorge, les poils hérissés et… Et, je ne sais pas, mais je balise sévère là ! Il me tend mon verre.
— Tu as autant la trouille que ça ?
— Je voudrais bien t’y voir moi !
— Certainement pas, j’ai pas envie de ressembler à un chippendale imberbe, je me trouve très bien comme je suis !
Et ce n’est certainement pas moi qui dirais le contraire. Raph est ce qui se rapproche le plus de ma conception du physique idéal chez un homme. Grand, plutôt bien entretenu, si on fait abstraction de son petit ventre à bière, des poils, mais pas trop.
Oui, il ne faut pas exagérer non plus, les ours ce n’est pas spécialement mon truc !
Il est toujours rasé de près, sauf pendant les vacances où il y a un peu de laisser aller, mais je ne déteste pas non plus. Au contraire, cela lui donne un côté faussement négligé qui est plutôt mignon. Il prend ma main dans la sienne.
— Ecoute Sam, tu n’es pas obligé de faire ça si tu n’en a pas envie.
— Et lui laisser l’opportunité de se foutre de moi pendant les dix prochaines années ? Alors là, même pas en rêve !
— Comme tu voudras, mais c’est de la fierté mal placée !
— Qui a une fierté mal placée ?
Popo revient de la cuisine les bras chargés. Un pot, des trucs rectangulaires et un espèce d’instrument qui ressemble à une truelle.
Putain, mais qu’est-ce qu’elle veut faire d’une truelle ?
Je dois vraiment faire une tête bizarre, parce qu’elle explose de rire en posant tout son bazar sur la table.
— Détends toi Sam, personne n’est jamais morte d’un épilation, me dit-elle.
— Ouais ben ça, c’est toi qui le dis ! Rien ne me le prouve.
— Non mais franchement ! Tu n’hésites pas à sauter dans le vide, à entrer dans une maison en flammes, à dévaler des murs en ski et tu as peur de te faire arracher trois poils ! Tu n’as pas l’impression qu’il y a un problème ?
— Ben, si me faire infliger une douleur physique intentionnellement, avait été l’un des buts de ma vie, j’aurais trouvé des occupations plus saine, genre… Faire du Paint Ball sans protections, j’aurai fait Fakir ou tient, encore pire : je serai devenue mannequin de crash test !
— Tout de suite les grands mots, ce n’est pas non plus de la torture ( elle me fais un petit sourire sadique). Néanmoins, cela pourrais le devenir si j’y prenais du plaisir !
Et je suis sûre qu’elle va en prendre ! Moi tout ce que je vois, c’est que quand je me coince trois poils dans ma montre, j’hurle à la mort, alors je n’imagine même pas des paquets en même temps, l’horreur !
Elle pose ses mains sur son pot en ayant l’air de réfléchir.
— La température me semble bonne, aller vire tes fringues que je puisse commencer !
— T’es sur que c’est pas trop chaud ton bordel ? J’ai pas envie de me retrouver à l’hosto brûler au troisième degré !
— Depuis le temps que tu tournes en rond, y’a aucun risque que ce soit trop chaud, au pire trop froid et ça reste collé !
Je la regarde en ouvrant de grands yeux !
Dites-moi qu’elle plaisante !
— En fait, j’ai le choix entre brûlé ou collé ? T’as pas une autre option ?
Elle éclate de rire, alors que je suis en train de retirer mon short et mon débardeur. Il faut juste que je prenne mon courage à deux mains, je suis bien plus forte que ça, mais dans le doute, je descends mon verre d’une seule traite, sous le regard étonné de mes amis.
— Ben quoi ?
Ils me regardent tous les deux en levant les mains en l’air.
J’aime mieux ça !
Je m’allonge sur mon transat et agrippe les rebords de celui-ci en fermant les yeux. Il faut que je trouve un truc auquel pensé, une chose agréable, qui fait du bien. Si j’arrive à assez m’évader peut-être que je ne sentirai rien.
— Plie une jambe, me dit Popo.
— Comment ça ?
Elle lève les yeux au ciel en attrapant ma jambe sous le genoux.
— Comme ça ! Prête ?
— Non !
— Et après c’est moi qui fait ma chochotte ? Je te rappelle que j’ai sauté tout à l’heure, alors à ton tour de connaître ce que moi je vie.
Non mais dites-moi que je rêve ! Elle n’est quand même pas en train de comparer le supplice qu’elle veut m’infligeais, à la super journée que nous venons de passer. Elle n’est pas sérieuse j’espère !
— Il n’y a aucune comparaison, lui dis-je.
— Alors ça c’est sûr ! Là tu ne risques rien, alors que moi, j’ai bien failli mourir au moins dix fois aujourd’hui.
Elle est d’une mauvaise fois pas possible ! Mourir et puis quoi encore, comme-ci j’étais du genre à la mettre en danger. Mais en y réfléchissant, je crois que je comprends ce qu’elle veut dire, même si je trouve qu’elle exagère tout de même.
Aller quand il faut y aller…
— Vas-y, lui dis-je.
Je la regarde tremper son espèce de mini truelle dans son pot du coin de l’œil et quand elle s’approche, je serre les dents. Elle pose son espèce de pâte sur mon genoux et l’étale.
J’ai l’impression d’être une tartine que l’on enduit copieusement de Nutella !
Bon ça va, niveau température on est plus proche d’un bain chaud, que de la brûlure au troisième degré ! Elle repose la spatule et attrape un rectangle qui ressemble à un morceau de tissu. Popo le pose sur mon genoux et appuie fermement dessus. Mais je crois que le pire est à venir, parce que dans mon souvenir, c’est quand elle retire cette espèce de bande qu’elle fait la grimace.
— Aller tu inspires par le nez et quand je la retire, tu souffles par la bouche. Ok ?
Et dans cinq minutes, elle va me donner des cours d’accouchement sans douleur. Je jure que si elle me demande de respirer comme un petit chien, je lui fait avalé sa truelle ! J’hésite vraiment entre la prendre au sérieux et exploser de rire.
— Attends, je ne suis pas prête ! Tu veux bien compter jusqu’à trois ?
— Ok, un, deux…
— Stop ! Tu tires à trois ou à trois tu tires ?
— Trois !
— Putain de merde ! Mais t’es dingue ou quoi !
Je viens de sauter de ma chaise longue, en ayant l’impression qu’elle vient de me retirer un morceau de peau. Ça fait vraiment mal, bordel de merde. Il faut vraiment être complètement cinglée pour subir une telle torture de son plein gré. Je suis sûre qu’inconsciemment, elle a des tendance au masochisme, il n’y a pas d’autres explications !
— Aller, arrête de faire l’enfant et remet toi là-dessus !
— Certainement pas, fou moi la paix, c’est bon, je refuse que tu continues, ça fait vraiment trop mal !
— Regarde-toi, tu vas pas rester comme ça ? Il faut bien finir !
— Mais j’en ai rien à foutre de rester comme ça moi. Tu ne m’approche plus et tu me touches encore moins !
— Aller Sam, allonge toi, il faut retirer le reste de cire ! Mais si tu préfères, après j’arrête !
Je la regarde en plissant les yeux, me demandant si elle est vraiment sérieuse, puis je porte mes yeux sur mon genoux. La cire le recouvre entièrement, sauf une bande bien nette au milieu.
— Je vais aller enlever le reste sous la douche, je n’en ai pas pour longtemps !
Elle explose de rire et je me demande ce que j’ai pu dire d’aussi drôle qui puisse la mettre dans un état pareil.
— Laisse tomber, tu n’as plus le choix, il faut finir, rien d’autre ne pourra l’enlever !
— Mais bien sûr, tu crois vraiment que je vais gober un truc pareil ! Tu me prends pour un lapin de six semaines !
Elle lève les yeux au ciel en soupirant. Non mais franchement, elle pense sérieusement que je vais gober un truc pareil ?
— Elle a raison, s’exclame Raphaël.
Je reporte mon attention sur lui, alors qu’il semble concentrer sur l’écran de son téléphone. Il relève les yeux vers moi en me tendant son téléphone.
— Regarde, c’est marqué noir sur blanc !
J’attrape son portable et lis l’article qui stipule que seuls les résidus peuvent être retirer, soit avec une compresse d’eau chaude ou de l’huile végétale. Oh mon dieu, à vue de nez, il faut au moins encore deux bandes pour retirer ce qu’il reste ! Je vais mourir c’est une certitude. Je rends le téléphone à Raphaël et je me concentre sur Apolline.
— Et tu n’as pas l’impression que c’est une information qu’il était nécessaire de me donner avant de commencer ?
— Excuse-moi, mais je ne pensais pas que tu étais quelqu’un d’aussi douillet, dit-elle avec un petit sourire en coin.
Tu parles oui, je suis certaine qu’elle l’a fait exprès et qu’elle jubile de la situation. J’hésite vraiment entre l’envoyer chier ou finir cette séance d’épilation au plus vite pour lui montrer que je ne suis pas une chochotte. Mais en regardant mes jambes, je me dis que ça fait vraiment beaucoup de bandes à faire.
Putain, mais comment font-elles pour supporter ça ?
Je sers les dents en me rallongeant, de toute façon, je n’ai pas le choix pour les deux prochaines, je verrais ensuite.
— Active-toi alors et Raph, je veux bien un autre verre s’il te plait !
— Heu, tu en es sûre ? trois d’un coup, ça fait peut-être beaucoup, surtout que tu n’as rien avalé.
— Ben file moi des cacahuètes en même temps !
Je souffle et me conditionne psychologiquement. Après tout, des millier de femmes font ça tous les jours, je ne vois pas pourquoi moi, je n’y arriverais pas. La première fois, j’ai juste été surprise. Maintenant, je sais très bien à quoi m’en tenir et puis tout compte fait, la douleur passe assez rapidement.
Voilà, il faut juste que j’arrive à m’en convaincre.
Une heure après j’ai l’impression de planer, j’ai encore bu deux cocktails et Popo a finalement fini de me faire les jambes entières. Et je suis fière de dire que j’ai résisté, sans trop crier comme un cochon que l’on égorge.
— Tu veux que je fasse tes aisselles tant que j’y suis ?
— Au point où j’en suis !
Je lève les bras et j’attends. Je suis trop bien et je n’ai aucune envie de bouger. Je crois que je suis totalement anesthésiée, elle peut bien me faire ce qu’elle veut !
— Le maillot après ?
J’ouvre un œil et je la regarde ! Enfin presque tout, le maillot, je ne suis définitivement pas prête et puis de toute façon, personne ne met son nez dedans. Alors j’en ai vraiment rien à foutre de ressembler à chewbacca !
Et on ne sait jamais, je pourrais tomber sur un fan de Star Wars, qui rêverait d’embrasser son idole.
Mes poils ne me gênent pas du tout habituellement, mais au moins, j’aurais été au bout de notre pari, ce qui ne veut pas dire non plus que je suis prête à recommencer demain !
— Va te faire foutre !
Elle explose de rire et se remet au travail. Putain, ça pique à cet endroit-là.
— Voilà j’ai fini ! T’es tranquille pour environ trois semaines ! Tu veux que je te cale un autre rendez-vous de suite ?
— Certainement pas !
Je me redresse et jette un coup d’œil à son œuvre.
Putain, mais c’est quoi ça ?
J’ai d’énormes boutons partout, même des plaques gonflées à certains endroits ! Mais qu’est-ce qu’elle m’a fait ? Je suis en train de faire une réaction allergique là !
— C’est quoi ce bordel ? Je ressemble à un poulet qu’on à jeter dans les orties après l’avoir plumé !
— T’inquiète pas c’est normal, demain ça aura complètement disparu !
J’espère pour elle qu’elle a raison, sinon, je jure que je l’étrangle et je l’achève en lui faisant avaler sa cire, jusqu’à ce qu’elle s’étouffe avec ! En tout cas, ça prouve bien une chose, c’est que son truc, ce n’est pas du tout naturel !
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